La chaleur de l’après-midi la saisit tout entière lorsque, délaissant la fraîcheur du couloir, elle poussa la porte d’entrée et se retrouva sur le perron de la grande villa qui languissait sous août… De l’autre côté, sur la terrasse, les hommes devaient encore discuter cours en bourse et placements financiers tandis que leurs épouses prélassaient leur ennui au bord de la piscine en s’extasiant sur l’endroit qui reflétait si bien le bon goût de « Ce Cher Bertrand », leur hôte si charmant…
» Ce Cher Bertrand « ! Son mari depuis autant dire une éternité qui l’avait accrochée à ses murs comme un vulgaire trophée de chasse et qu’elle avait appris à détester autant qu’elle avait pu l’aimer, avant que le jeune homme si sûr de lui qu’il en était séduisant ne se métamorphose en cet homme mûr si arrogant et imbu de lui-même qu’il en était devenu haïssable.
Dans sa petite robe blanche à fines bretelles, Christine parcourut l’allée noyée de soleil. L’esprit vide, elle n’entendait que le crissement des graviers sous ses pieds d’esclave aux sandales de cuir qui emplissait d’un coup tout son univers immédiat. Oubliés les conversations ennuyeuses à mourir autour de la table en teck et les gloussements dégoulinant de mièvrerie au bord de la piscine… Sans doute le vin rosé de midi qui ouatait délicieusement ses pensées… Et sans doute était-ce cette douce ivresse qui la poussa à franchir la lourde grille de la luxueuse propriété qui n’était, en fait, que sa prison dorée…
Le 4X4 roulait à tombeaux ouverts sur la longue ligne droite qui n’en finissait plus. Les hauts parleurs hurlaient le dernier tube à la mode qui serait oublié sitôt l’automne venu. Mélanie conduisait sûrement d’une main, fumant furieusement une cigarette et passant tantôt sa main dans ses cheveux ras, tantôt essuyant d’un revers du poignet la sueur qui perlait à son front, dégoulinait le long de son cou en détrempant le débardeur de coton qu’elle portait à même la peau.
La radio ne s’était pas trompé qui annonçait la journée comme l’une des plus chaudes de l’été. Même son mini short en jean lui tenait chaud et elle rêvait à l’instant où, enfin rentrée au mas, elle pourrait se rafraîchir d’une bière et d’une douche tiède, l’ordre restant à déterminer… Après tout, les chevaux avaient eu leur dose de fourrage et de l’eau à profusion pour passer une soirée très enviable, alors il était tout naturel qu’elle pensât un peu à elle…
Au bout de la ligne droite qui s’évaporait sous la canicule, ce fut à peine si elle ralentit pour négocier le virage bordé de hautes herbes . Elle tira une dernière bouffée sur sa cigarette qu’elle écrasa sur la tôle surchauffé de sa portière avant de la jeter d’un geste de l’index semblable à celui d’un joueur de billes.
Malgré le plomb qui la clouait sur le goudron fondu, Christine progressait le long de la route, sans véritable but. Simplement s’éloigner un peu plus à chaque pas et laisser derrière elle un passé qu’elle connaissait trop bien juste guidée par l’appel d’un futur dont elle ignorait tout. C’était étrange, cette soudaine envie de pleurer qui l’étreignait et lui faisait presque oublier la canicule et son gosier desséché…
Elle entendit au loin le ronronnement du véhicule qui semblait avaler le bitume en surrégime et, sans trop réfléchir à ce qu’elle faisait, elle leva la main. Puis se ravisant, elle s’arrêta, jambes écartées et agita lentement un pouce timide en fixant, les yeux plissés par l’intense lumière du soleil implacable, le pick-up qui déboucha du tournant.
Mélanie la vit au dernier moment, petite robe courte et longues jambes fuselées, qui d’un réflexe écrasa la pédale de freins. Le 4X4 s’immobilisa dans une longue agonie de gomme sur l’asphalte et elle la vit dans le rétroviseur, hâtant le pas, un ridicule petit sac à main balançant à son épaule.
– Vous allez, où?…
Christine demeura un instant interdite devant les yeux verts qui la fixait étrangement mais s’en voulant de ne pouvoir dire un seul mot, gorge nouée par un sanglot qui résistait encore un peu. L’autre se pencha et ouvrit malgré tout la portière, l’invitant à la rejoindre dans l’habitacle ajoutant, non sans humour:
– Ca tombe bien, j’y vais aussi…
Pendant que Christine se hissait sur la banquette en cuir, Mélanie eut tout le loisir de la détailler: cheveux auburn tombant sur des épaules dénudées, joli minois aux traits fins de quinquagénaire plutôt bien conservée, poitrine généreuse tendant l’étoffe de la robe qui ne cachait rien des jambes fines à la peau délicatement dorée… Une bourge en goguette, si elle en jugeait par le petit réticule siglé des deux » C » entrelacés…
Un court instant, elle se prit à rêver… Une fulgurance qui lui embrasa le ventre. Et ces yeux! Ces yeux d’un bleu infini qui semblaient implorer… D’un battement de paupières, elle tenta de chasser le frémissement d’une idée…
– Moi, c’est Mélanie, dit-elle en passant une vitesse et en redémarrant .
– Heu, je m’appelle Christine…
Sa voix était étrangement grave…
– Et vous faites quoi, au milieu de nulle part?…
Que n’avait-elle pas dit là! Mais comment aurait-elle pu deviner que cette simple question put déclencher un tel torrent de larmes?… Elle s’en voulait déjà et ne trouva rien d’autre qu’un revers de la main effleurant la joue détrempée qui reniflait doucement:
– Je dois vous paraître stupide?…
– Pas du tout… Pleurez autant que vous voudrez si cela vous soulage…
Et Christine pleura toutes les larmes de son corps en essayant de raconter, comme pour expliquer… Comme pour se justifier… De temps à autre, Mélanie lui tendait un nouveau mouchoir en papier en l’écoutant silencieusement, se permettant simplement un » hmm… Hmm » d’approbation bien dérisoire. Profitant d’une pause, elle proposa:
– Une cigarette?…
Christine opina de la tête et, d’ un geste qu’elle trouva tout à fait naturel, elle vit Mélanie allumer une cigarette et la lui tendre avant de s’en allumer une et de laisser tomber:
– J’en ai plus, il faudra que je m’arrête au village…
Puis, après l’avoir écrasé entre ses larges mains, elle lança le paquet au bon vouloir d’un hypothétique cantonnier.
– Si j’ai bien tout compris, vous vous faites la belle?…
Christine ne put réprimer un triste sourire avant d’acquiescer. Cette petite campagnarde l’intriguait décidément. Avec sa mâchoire carrée, son petit nez retroussé et ses cheveux coupés si ras, elle offrait l’image d’une force incroyable mais n’en était pas moins très féminine…
– En attendant d’avoir vraiment décidé de la suite de votre escapade, vous pouvez toujours venir à la maison…
L’idée fusa dans l’esprit de Christine qui hésita mais après tout, elle avait besoin de faire le point alors pourquoi pas?
– Je ne voudrais pas déranger…
– Vous inquiétez pas pour ça… Et puis je suis pas du genre à laisser en plan une fille en détresse, ajouta Mélanie un sourire aux lèvres qu’elle avait charmant d’ailleurs…
Et Christine s’en trouva étonnamment rassérénée. Yeux mi-clos, elle savourait sa cigarette, sans plus se préoccuper du silence qui s’installait …
La cloche de la petite église sonnait les cinq coups lorsque le tout-terrain stoppa sur la grand place du village. Combien de temps avait-elle sommeillé? Une minute?… Cinq?… Dix?… Peut-être plus…
Mélanie la regarda un moment s’étirer comme un chat qui s’éveille:
– Dis donc, t’as dormi comme une buche!…
Le tutoiement lui caressa agréablement l’oreille:
– On est où?…
– Au village, pardi! Je vais acheter des clopes et deux ou trois bricoles pour ce soir… Attends-moi, j’en ai pas pour longtemps…
Et sans présager une réponse quelconque, Mélanie traversa la place et disparut derrière le rideau de perle du bureau de tabac. Ses doigts jouant dans ses cheveux et le regard perdu dans sa rêverie, Christine imaginait » Ce Cher Bertrand » et cela lui tira un sourire. Avait-il seulement réalisé qu’elle avait déserté son paysage?… Soudain, elle se rendait compte qu’elle n’avait même pas laissé un mot d’explication. Tout s’était fait si vite, finalement. S’inquièterait-il?… Elle l’imaginait assez en train d’appeler la brigade de gendarmerie et s’étonnait de ne rien ressentir et de n’éprouver ni regret, ni remords.
Pour la première fois de sa vie, elle se sentait libre. Et cette sensation, elle ne l’aurait échangée contre rien au monde! Elle se retrouvait au milieu de nulle part, en compagnie d’une gamine sortie tout droit d’un roman de Philippe Djian et cela lui paraissait tout à fait normal… Gamine qu’elle faillit ne pas voir revenir, les cuisses musclées outrageusement moulées dans son minishort en jean, un pack de bières et un sac en papier à la main,une cartouche de cigarettes sous le bras, retraversant la place alanguie à l’ombre des platanes. Pas plus qu’elle ne comprit ce que lui lançait le groupe de jeunes qui paressaient sur le banc. En revanche, elle aperçut sans problème le magistral doigt d’honneur qu’ils obtinrent en réponse…
Décidément, elle appréciait de plus en plus l’insouciance et la liberté dont semblait faire preuve la jeune fille qui grimpait à ses côtés après avoir déposé ses emplettes sur la banquette arrière en répondant à la question qui ne lui était pas posée:
– Une bande de petits cons qui jouent les machos et qui se croient malins avec leurs réflexions à la mords-moi la vulve…
Elle défit l’étui de cellophane d’un paquet de cigarettes avant de poursuivre:
-… Tu les prends un par un, ils s’écrasent comme les petits moineaux qu’ils sont, mais, dés qu’ils sont en groupe, ils se sentent pousser des ailes de rapaces… L’effet de meute qu’ils appellent ça dans les livres… J’appelle ça la connerie, moi…
Le couvercle du zippo claqua et la molette roula sur la toile du short. Elle tendit la cigarette allumée à sa passagère qui la prit d’un air amusé, puis elle s’en glissa une entre les lèvres et le couvercle du zippo claqua à nouveau, et la molette sur le short, à nouveau, en un geste que Christine trouvait hypnotique et d’une rare sensualité…
Mélanie poussa de l’index un bouton de l’autoradio et » La ballade de Lucy Jordan » couvrit leur démarrage intempestif…
Lorsque la voiture stoppa dans un nuage de poussière, un malinois descendit les trois marches de la véranda pour venir faire fête à sa maîtresse, puis, apercevant Christine, il stoppa net, muscles tendus, près à bondir…
– Calme Le Chien, c’est une amie…
Puis, se tournant vers Christine visiblement circonspecte:
– Faut pas en avoir peur… Si tu es avec moi, tu risques rien…
Alors, à pas comptés, l’animal s’en vint, l’oeil aux aguets pour lécher les mains de Mélanie puis, se retourna vers Christine pour lui renifler les pieds, avant de décider de retourner finir sa sieste sur la terrasse.
– Tu vois… Qu’est-ce que je t’avais dit?…
Malgré tout, Christine ne put s’empêcher de pousser un soupir de soulagement. Alors seulement, elle vit la bâtisse de plain pied toute en pierres de taille et tuiles roses…
– C’est joli comme coin…
– C’est mon petit chez moi… Rien de bien folichon, mais je l’aime bien…
– Je peux vous aider?…
Christine ne pouvait se résigner à lui dire « tu « … Un vieux fond d’éducation bourgeoise, sans doute… Elle prit volontiers le pack de bières que lui tendait Mélanie et la suivit en détaillant les épaules musclées, la taille fine sous le débardeur détrempé de sueur qui lui collait comme une deuxième peau, les hanches larges sur des cuisses bien dessinées…
Sitôt la porte poussée, Mélanie laissa glisser à terre le sac de provisions et la cartouche de cigarettes et étendit les bras en croix. Tête rejetée en arrière, elle savourait la fraîcheur réconfortante de la pièce plongée dans la pénombre…
– Ouais, sauvée!…, lança-t-elle dans un soupir.
Interdite, sur le pas de la porte, Christine la vit se baisser pour délacer ses godillots qu’elle envoya valser tour à tour au petit bonheur la chance:
– Je sais pas toi, mais je rêve d’une douche… Y a de la bière au frais, fais comme chez toi…
Et, sans attendre une réponse, elle se déshabillait sans plus de manière tout en disparaissant dans le couloir sombre. Christine resta un long moment silencieuse, avant de se décider à s’installer dans le canapé. La pièce sentait bon le bois et le vieux cuir. Tandis qu’elle allumait une cigarette, elle entendait quelque part de l’eau couler et Mélanie qui sifflotait…
Elle venait tout juste d’écraser son mégot dans le cendrier lorsque celle-ci apparu, resplendissante dans l’écrin de sa nudité. Christine ne put s’empêcher de détourner les yeux tandis qu’un étrange picotement lui parcourait la colonne vertébrale. Sans réellement se soucier de la gène qui soudain appesantissait l’atmosphère, Mélanie enfila nonchalamment un long tee-shirt:
– Tu nous a pas servi à boire?…
Osant tourner enfin la tête vers elle, Christine dut admettre qu’elle ne s’était pas permis, en effet…
– T’aurais dû… Je sais pas toi, mais j’ai une de ces soifs!…
Christine devait bien reconnaître que sa gorge, soudain dévastée de sècheresse, réclamait elle aussi à boire. Elle suivit son hôtesse jusque dans la petite cuisine et appuyée au chambranle de la porte, elle la contempla, déchirant le pack de bières et ouvrir le frigo:
– Il en reste encore au frais, mais il faut réapprovisionner pour la suite…
Sage idée, s’il en fut… Refermant la porte du réfrigérateur, Mélanie s’approcha lentement:
– Il y a un truc que je rêve de faire depuis que je t’ai vue…
Sa main la saisit par les cheveux en un geste d’une tendre violence et sans que Christine ait le temps de réagir, deux lèvres gourmandes aspirèrent sa lèvre supérieure, puis une langue fine et pointue vint suavement la lécher…
Christine crut se trouver mal, une pointe chauffée à blanc lui transperçant la poitrine. Plaquée contre le montant de bois, elle sentait la bouche s’enhardir, des dents la mordiller avec une infinie douceur et enfin une langue goulue s’emparer de sa bouche, forçant la sienne à répondre en retour en un baiser passion comme elle n’en avait jamais connu auparavant. Toute la tension accumulée en elle sans qu’elle s’en rendit vraiment compte disparut soudain et sa bouche à son tour chercha l’intrépide avidement, la dégustant, l’implorant d’une intrusion humide… Yeux fermés, elle voulait toute se donner dans ce baiser fiévreux qu’elle regrettait de n’avoir jamais espéré lorsqu’elles se désunirent enfin, souffle court…
– Dis donc, tu kisses drôlement bien…
Elle se sentit rougir en avouant:
– C’est… la première fois… Enfin je veux dire…
Les yeux couleur lagon se firent taquins, tout comme ce sourire dévastateur et elle laissa la main dans la sienne la guider jusqu’au canapé:
– On va quand même la boire, cette mousse…
Les deux canettes s’entrechoquèrent:
– Alors, à ta première fois…
Christine se laissa tomber sur le canapé plus qu’elle ne s’y assit, laissant Mélanie pianoter sur la chaîne stéréo et la voix éraillée de Marianne Faithfull prit possession de leur univers.
– Vous avez l’air d’apprécier ce morceau…
Le tutoiement ne lui était pas naturel. Mélanie sourit:
– Et c’est rien de le dire: il est en boucle sur ma play-list…
La première gorgée de bière lui fit un bien fou et bizarrement la rassura lorsque le long tee shirt roula en boule sur le sol. Le corps musclé et souple vint s’alanguir contre elle. Des doigts d’une sûreté tendre vinrent jouer dans ses cheveux puis glissèrent le long de son cou, sur ses épaules…
Elles burent ainsi en silence, bercées par la musique. Les doigts firent glisser lentement la fine bretelle de sa robe avant qu’elle osât à son tour une main dans les cheveux coupés ras, étrange et troublante sensation. Puis leurs bouches à nouveau se livrèrent un assaut mystérieux, leurs langues refusant tour à tour de céder. Elle sentait contre elle un sein dur et dressé tandis qu’une main conquérante emprisonnait le sien à travers le coton dérisoire de sa robe qui finit, elle aussi, sinistrée sur le sol.
Les lèvres sur son cou glissèrent suavement puis une langue sensuelle dessina la géographie d’un téton érigé entre deux doigts taquins. Christine tressaillait, yeux mi-clos, cœur battant la chamade… Presque sans le vouloir, à son tour, sa main osa le contour d’une poitrine généreuse et gonflée de désir, tandis qu’entre deux dents son tétin mûrissait. Toute à l’enivrante sensation, c’est à peine si elle sentit sa culotte couler le long de ses cuisses tremblantes, au rythme d’une lancinante caresse qui du genou jusqu’à l’intérieur de sa cuisse devenait plus précise.
La bouche, à présent, poursuivait son irrémédiable course sur le ventre de Christine qui se creusait d’envies et ses mains agrippées aux épaules suivaient sa progression n’osant encore la guider. Comme un soulagement et cambrée de bonheur elle sentit l’humide entre ses cuisses qui s’épanouissait de ce nouveau bonheur.
D’une reptation maladroite, elle se laissa aller à son tour sous l’arche triomphante des cuisses juvéniles qu’elle saisit à pleine mains. Son intimité chavirée par la suave caresse qui l’anéantissait peu à peu, elle voulait violemment à son tour goûter le fruit offert. Et l’esprit engourdi, elle y tendit ses lèvres comme elle l’eût fait pour déguster un de ces mets délicats au parfum d’interdit. Sa langue audacieuse plongea entre les voiles éclos et, adaptant son rythme au tempo qu’entre ses cuisses dévastées Mélanie mélopait, elle se délecta enfin d’un plaisir à nul autre pareil.
A son entrecuisse soumis, des doigts vinrent soudain lui arracher un feulement. Elle se sentait enfin conquise et la suave consolation qu’elle éprouva alors l’activa au bourgeon qui réclamait son dû. Ses lèvres exultaient se délectant avidement d’une liqueur nouvelle. Elle sentait la langue qui divaguait à son sillon ouvert pour aller fureter plus loin entre ses fesses en une prière païenne qui lui était jusqu’alors inconnue. Elle crut défaillir lorsque sur la soie exquisément plissée elle vint se poser. Alors à son tour répondant à l’invite muette, de ses deux mains tremblantes, elle écarta les globes généreux pour une caresse semblable.
Enivrées d’un désir trop longtemps contenu, langues, lèvres et doigts s’activaient tour à tour en leurs temples asservis et c’est d’un même râle qu’elles rendirent l’âme, le corps crispé et l’esprit soudain comme vidé. Longtemps elles restèrent ainsi, recherchant un souffle nouveau et baisant tendrement par instants leur intimité assouvie.
Puis lasses, de cette lassitude qui fait aimer la vie, elles se redressèrent pour s’enlacer comme deux amantes repues… Le zippo claqua une nouvelle fois entre les doigts de Mélanie qui tendit à Christine une cigarette.
– T’es un super coup, tu sais?…
Le rouge lui vint aux joues. Dits par quelqu’un d’autre, ces mots l’eussent choqué, mais ils étaient prononcés avec tant de grâce naïve qu’elle y vit simplement un compliment maladroit…
– Vous n’étiez pas mal non plus…
Dehors, le soleil déclinait, filtrant au travers des lattes des volets et diffusant dans la pièce une chaude lumière scintillante de volutes légères tandis que Marianne Faithfull entonnait pour la énième fois sa troublante ballade…
Jocelyn
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