19
Parcours croisés – Mercredi soir
Chapitre 19
Annie
L’alcool, la chaleur, la complicité avec Martina … j’ai osé … je voyais la jambe de Martina aller et venir lentement. A la mine d’Alain, j’ai deviné que ça ne le laissait pas indifférent. Martina a capté mon regard et m’a fait un clin d’œil, en se mordant un petit bout de langue entre ses dents. En continuant à la regarder, j’ai replié une jambe et du pied j’ai poussé son mollet vers les genoux d’Alain. Elle a baissé les yeux vers mon pied. Nous avons surpris toutes les deux le léger mouvement sous le bermuda, et j’ai posé sur le sexe la plante de mon pied, restant immobile un instant, avant de me mettre à replier et déplier lentement les orteils. Alain a baissé les yeux sur mon pied, puis est remonté le long de ma jambe. Ma jupe avait glissé sur ma cuisse, et je n’avais fait aucun effort pour la remettre en place.
Martina nous a proposé un café. En se levant, elle a posé une main sur mon pied :
– Je m’en occupe, reste assise … Toi aussi, chéri … j’amènerai les alcools …
Christophe a changé de position et passé un bras sur mes épaules. Il s’est tourné vers Véronique :
– Tu vas bien ?
– … tête lourde …
– Et toi, Jo ? tu sembles vider ton verre bien vite !
– Non, ça va …
Annie est revenue avec un plateau chargé de six tasses de café, de sucre, de bouteilles de Marie Brizzard et de Cognac, de verres ballons et d’un bol plein de glaçons. Christophe a réparti les tasses :
– Annie, nous connaissons déjà ton goût pour les exhibitions matinales, mais c’est Martina qui nous en a régalé. Qu’acceptes-tu de nous apprendre qui nous ferait mieux te connaître ?
– Faut-il que ce soit « une première fois » pour moi aussi ?
– Ce serait bien, mais je reconnais que le champ des possibles premières fois se res-treint …
– Je crois savoir malgré tout …
– Aahhh ! prends ton temps, alors, donne-nous à rêver !
– De tout ce que vous avez raconté depuis le début de la soirée, je me rends bien compte que ma vie manque singulièrement d’originalité. Ma défloraison n’a pas … « la grandeur » de celle de Véro ; elle vous aurait fait pleurer, d’ennui et de tristesse. Quant à ma première découverte du plaisir au féminin, elle a avorté : je n’ai pas osé la mener au bout. Pour ce qui est des hommes, croyez-moi, mon expérience se résume à celui qui soulève mon t-shirt dans la rue sous les yeux de Martina … qui part le lundi … qui reviendra vendredi … j’ai l’impression de plomber l’ambiance, là … mais ça va, je vais bien … et je dois vous dire que depuis quelques jours, je vais mieux, grâce à vous … je me sentais vivante pour moi … maintenant je me sens vivante pour vous … et c’est bon … Bon ! ça, c’est dit ! …Pardon , je raconte pas ! Voilà … j’ai toujours été solitaire, et pour … tout … je m’en sors seule, enfin … presque … j’y viens ! Marco, c’est un gros lourd, un bon gros lourd … mais il a parfois des idées de génie ! A force de traverser l’Allemagne deux fois par semaine, il y a environ quatre ans, il a fini par s’arrêter, et puis par visiter, et rentrer dans des … boutiques … et depuis, tous les mois, il me ramène un souvenir … Quatre ans, ça fait des tas de souvenirs, en fait une armoire pleine de souvenirs … des bleus, des noirs, des bizarres, des énormes, j’en ai même qui font de la musique ; en plastique, en métal, de tout, je vous dis ! Froncez pas les sourcils ! c’est vrai ! J’en ai aussi un en verre : quand on le retourne, la neige tombe et on voit le Père Noël ! … Marco me ramène des tonnes de godes !
– Waaouuuh ! Une armoire de godes ! T’es ma copine, dis ? Hein que chuis ta co-pine aussi?
– Mais oui, Martina ! t’es ma copine ! J’entrouvrirai mon armoire devant tes yeux éba-his ! … De temps en temps, sur internet, je regarde ce qui se vend en sex’shop : eh ben devinez ? j’ai un mal fou à trouver un truc inédit, un truc que je n’ai pas ! J’ai même des objets pour messieurs ! Je soupçonne Marco de tricher ! Il me les donne mais … il se lève peut-être la nuit pour les essayer … qui sait ! … et je veux pas savoir !
– Chéri, je demanderai à ma copine de me prêter un de ces joujoux pour messieurs … tu veux bien ?
– Et votre nouveauté, petite cachotière, où est cette nouveauté ?
– J’y viens Christophe … Un jour, il m’a rapporté un petit sac en velours noir, fermé d’un cordon doré. C’était lourd, ça tenait au creux de la main. Jai dénoué le cordon, j’ai renversé le sac : j’avais dans la main un objet métallique très brillant. Imaginez … une grosse olive, environ trois centimètres de diamètre, pointue à une extrémité, et à l’autre extrémité une queue assez fine qui se termine par …
– … comme une pierre précieuse colorée ?
– Non Christophe ! j’en ai aussi un comme ça, plus gros que le premier d’ailleurs, mais j’en reste à ma première fois, n’oublie pas ! Non, celui-là se termine par une sorte de … parenthèse, couleur bronze, avec une petite pierre de couleur au centre !
– Allez, Annie ! Quant à moi, je connais cet objet ! mais regarde leurs yeux écarquillés … aie pitié d’eux ! Donne leur le mode d’emploi ! Sois directe …
– Eh bien c’est très simple ! En le tenant à deux doigts par la parenthèse, on l’enfonce bien à fond entre ses fesses, jusqu’à ce que l’anus se referme sur la tige plus fine, et la parenthèse l’empêche de disparaître totalement ! … et on se promène avec … et quand on jouit, mesdames … et pourquoi pas messieurs, après tout … les sensations du cul qui se resserre dessus … mmmmmm … c’est … divin !
Véronique s’est redressée, accoudée à la table et bois littéralement mes paroles :
– Ça a l’air vachement bien ! et on se promène avec aussi ?
Je me suis mise à rire, me cachant derrière ma main, faisant oui de la tête.
Martina s’est penchée vers moi , la main sur mon pied qui avait repris un massage que je « sentais efficace » sur Alain, et m’interrogeait du regard … et j’ai fait oui de la tête !
Elle s’est rejetée en arrière, yeux grands ouverts, les deux mains cachant sa bouche.
Christophe m’a pressé l’épaule plusieurs fois :
– Vous êtes une jeune femme étonnante !
– Au point où on en est, on pourrait se tutoyer … s’il te plaît …
– Je t’approuves totalement !
et il m’a embrassé sur la joue …
Véronique, toujours accoudée, la tête dans les mains a insisté :
– T’as pas répondu, on peut se promener avec, alors ?
Elle n’a pas eu sa réponse … Martina, Alain, Christophe et moi sommes partis d’un long fou-rire, qui reprenait à chaque fois qu’on la regardait !
– Bon, puisque vous vous foutez de moi, je vais faire pipi !
… et nous sommes repartis à rire de plus belle quand elle est partie, la démarche hésitante, en haussant les épaules.
Martina n’a pas voulu déranger Alain, qui appréciait mon massage, bien calé au fond de sa chaise, les yeux dans le vague, et a proposé des alcools :
– Je profite que Véro ne soit plus là pour vous servir, je crois qu’elle a largement assez bu pour la soirée. Un cognac pour tous les deux ? Annie ?
– Non merci, je tremperai un sucre dans un verre …
– Comme moi …
Martina m’a donné un sucre :
– Je peux, Christophe ?
– Bien sûr !
Alain a posé la main sur mon pied pour calmer les mouvements de mes orteils. J’ai voulu retirer mon pied pour arrêter ma petite torture, mais il l’a maintenu sur son sexe, et se tournant vers Christophe :
– Je crois bien qu’il ne reste que toi …
– C’est vrai, je serais donc le dernier. Mais contrairement à tous vos récits, je n’ai pas de « première fois ». Il y en a eu, mais elles sont si loin …
– Ne nous dit pas que tu conjugues tout au passé !
– Non, non, mais ma vie est beaucoup plus calme qu’elle ne l’a été ; je n’ai plus que des amours discrètes, et furtives …
– Je ne t’ai jamais vue une femme à ton bras …
– … Maria veut rester discrète … alors vous le serez aussi, n’est-ce pas ?
– Maria ? Ta femme de ménage ? … je croyais qu’elle était mariée ?
– Allons ,Martina , depuis quand serais-ce un empêchement ? … Son mari leur construit une maison au Portugal … il ne revient que tous les trois mois … nos solitudes se rejoignent parfois …
– Alors, que vas-tu nous raconter ?
– Une vieille histoire … imaginez un peu, j’avais à peine votre âge, c’est vous dire qu’il y a fort longtemps. Je commence … Quand j’ai repris la librairie, l’ancien propriétaire m’a donné un conseil : il s’agissait de faire une chose que lui-même n’avait pas osé faire ! Développer un rayon de lectures érotiques ! Il pensait que les habitants de notre petite ville en seraient friands et seraient moins gênés de les acheter à un nouveau venu qu’à lui-même, trop connu depuis trop longtemps de tous. Ce conseil s’est avéré excellent ! Cette littérature se vend fort bien ! Je ne connaissais pas trop moi-même, j’ai donc commencé par lire pour pouvoir conseiller, et j’ai apprécié. Quant à conseiller, j’ai vite compris que ces clients, appréciant la discrétion, n’attendait en fait de conseil, qu’un geste rapide pour désigner tel ou tel livre, plutôt que de longs discours. Ces livres n’étant pas destinés à un affichage en vitrine, j’ai donc développé, tout au fond du magasin, un zone discrète, qui a reçu de plus en plus de visites. Le rayon a évolué au fil de mes propres lectures, vers des livres décrivant des pratiques plus extrêmes. Tu nous a avoué tout à l’heure un orgasme né de la douleur, Martina. Sache que ces plaisirs sont recherchés, plaisirs nés d’une contrainte, provoquée ou subie, contrainte physique s’accompagnant parfois de pratiques incluant la douleur physique. Tout cela me fascinait, je dois dire, et mes désirs ont trouvé un écho chez une jeune femme aux grands yeux tristes qui guettait les heures de faible fréquentation de la boutique, et me demandait, contrairement aux habituels acheteurs discrets, de lui commenter le contenu de certains livres, ceux-là justement qui éveillaient mes appétits.
Christophe s’est interrompu pour boire un peu de son cognac et m’a offert un autre sucre trempé. Martina s’est levée pour jeter un coup d’œil dans le salon, et s’est blottie sur les genoux d’Alain , se tenant d’une main à ma jambe glissée entre les jambes d’Alain :
– Ils sont dans le canapé. Jonathan et Véro ont l’air aussi « fatigués d’alcool » l’un que l’autre …
… et ce penchant vers moi :
– Tu le sens, là ? ça m’intrigue ton truc …
– … un peu …
Christophe a repris :
– J’ai fini par comprendre ce à quoi elle aspirait : elle s’offrait et attendait que je prenne. Je devais être le Divin Marquis, elle était Justine. Ce début était très innocent. Nous avons vécus cinq ans ensemble … non, je dois plutôt dire que notre relation a duré cinq ans. Nous restions distants, sans vie commune si ce n’est pour partager des périodes d’expérimentations sexuelles … la relation dominant-dominé est quelque chose de très particulier. La véritable force n’est pas où on le pense : il faut être infiniment plus fort pour accepter que pour exiger. Par exemple toi , Martina, qui me semble avoir le plus fort caractère de nous tous, tu ferais une très belle « esclave »…
– Tu veux m’asservir ?
– Non non non ! Loin de moi cette idée ! bien au contraire ! je ferais tout pour dissuader quiconque s’engagerait dans cette voie !
– Qu’est-ce qui s’est passé ?
– C’est une voie où il faut toujours plus. Plus fort, plus loin, plus violent, plus humiliant … toujours plus. L’exigence est dans l’attente ; l’attente doit être assouvie, et l’attente a grandie, et les jeux se sont durcis, bien au-delà de l’imaginable du début. J’ai cédé le premier. J’ai flanché et je l’ai déçue ; je n’ai pas su l’accompagner, la forcer, aussi loin et aussi profond qu’elle souhaitait être conduite. Elle est partie et je suis resté longtemps comme une coquille vide.
– Tu ne l’as jamais revue ?
– Oh si ! et je la vois encore, assez souvent. Mais nous sommes totalement étrangers l’un à l’autre. Ce qui nous réunissait est maintenant comme un gouffre entre nous. Et c’est très bien ainsi. On ne peut pas revenir sur ces choses-là. Je crains seulement que ce ne soit resté profondément ancré en elle. Je rêvais éveillé, pas elle ; c’était sa nature même.
– Tu crois qu’elle a trouvé un « maître » à sa mesure ?
– Non je ne crois pas. Mais je crois qu’un « esclave » peut devenir un « maître » tout à fait efficace, parfait …
– Ohh … tu crois qu’elle a changé de rôle ?
– Je crois, oui …
– Tu disais que les « jeux » se durcissent, ça peut être dangereux ? …
– Oui … et le danger naît du temps, parce qu’avec le temps vient le « toujours plus loin », et trop loin peut détruire … on peut soigner les corps, c’est plus dur de guérir les esprits …
Annie s’est tournée vers lui :
– Jure-moi que tu ne fouettes pas Maria !
– Je le jure !
– Jure-moi que tu ne l’offres pas aux ouvriers sur les chantiers !
– Je le jure !
– Jure que tu ne l’attaches pas toute nue pour la chatouiller partout partout avec une plume !
– Ça ! c’est elle qui me le demande !
20
Parcours croisés – Mercredi soir
Chapitre 20
Annie
Véro, bientôt suivie de Jonathan, est venue nous rejoindre autour de la table. Alain et Christophe ont repris du cognac et Véro a voulu une Marie Brizard. Jonathan aurait bien bu un cognac aussi, mais Christophe a fait signe que non, et il n’a pas insisté. Martina a glacé le verre de Véro en faisant tourner un glaçon sur la paroi. Elle l’a servie, a bu dans son verre, m’en a proposé aussi avant de le tendre à Véro.
Dans le salon, Alain a mis un CD de salsa et Christophe a invité Martina à danser. Je les regardais danser, dans l’encadrement de la baie vitrée. Alain est venu vers moi, a passé un bras sur mes épaules. Je me sentais comme une collégienne à son premier flirt … sauf que je venais de le caresser avec mon pied, en toute complicité avec Martina ; pas tout à fait des jeux de collégien … Et en même temps tout ça semblait tellement naturel et simple ! Tout allait tellement vite… et je n’avais surtout pas envie d’y réfléchir … simplement de profiter de l’instant ; profiter de ce bras sur mes épaules … Alain a commencé à me raconter comment Martina et lui s’étaient rencontrés et m’a entraîné danser auprès de Christophe et Martina, me serrant dans ses bras, ondulant au rythme de la salsa ; j’ai posé ma tête sur ses pectoraux en l’écoutant et en dansant. Martina corrigeait, enrichissaient de quelques détails , et Christophe commentait, se moquant gentiment de « l’écœurant romantisme du bonheur partagé ». Nous bougions à peine. La voix basse d’Alain résonnait dans sa poitrine contre mon oreille, ses mains étaient chaudes dans mon dos ; je sentais parfois la main de Martina les rejoindre, glissant sur mes reins à chaque fois qu’elle se retirait. Je fermais les yeux, j’étais bien … un peu éméchée ! Christophe et Alain ont changé de conversation … un problème dans l’association pour laquelle ils travaillaient tous les deux, mais je n’écoutais plus, j’ondulais lentement, collée à Alain, contente de sentir le chaud renflement contre mon nombril. Le CD a repris à la première plage … Alain est allé le changer et Martina m’a prise dans ses bras. Christophe s’est insurgé :
– Ah non ! je refuse de danser avec Alain !
Debout devant la baie qui donne sur le jardin, il cherchait Véronique :
– Ils ne sont plus là ! Vous les avez vus, récemment ? Disparus …
Martina l’a écarté de la porte :
– Je vais te la trouver, t’inquiètes pas !
J’ai rejoint Martina :
– Je viens prendre l’air aussi !
On les a trouvés derrière la petite haie de buis qui borde la terrasse. Véronique était allongée dans l’herbe, la tête sur les genoux de Jonathan, lui était assis ; appuyé à la haie. Ils dormaient. J’allais entraîner Martina pour les laisser dormir, mais elle a lâché ma main, a contourné Véro, et s’est ac-croupie. Quand elle a relevé la tête, j’ai compris à son air que tout n’était aussi simple qu’il y parais-sait, et me suis agenouillée à mon tour. J’ai secoué Véro. Elle a gémi doucement et a basculé sur le côté, glissant vers les genoux de Jonathan … j’ai regardé Martina … rabaissé les yeux … Le pantalon de Jonathan était ouvert, bouton défait à la taille, braguette ouverte, sexe dépassant du slip rabattu sous les testicules. Une longue traînée de sperme humide maculait un pan de sa chemise. Martina s’est relevée, la mine horrifiée … Comme elle revenait vers moi, je lui ai chuchoté :
– Relève-la et tiens-la contre toi !
Je l’ai aidée à soulever Véro par les épaules, l’ai assise, et accompagnée dans les bras de Martina. Véronique gémissait un peu. Toujours à voix basse :
– Ils sont aussi saouls l’un que l’autre !
– … je croyais pas qu’elle avait bu à ce point !
Je me suis retournée vers Jonathan. J’ai pris une poignée d’herbe et j’ai essuyé sa chemise. En soulevant son slip d’un doigt passé sous l’élastique de la taille, j’ai repoussé son sexe de l’autre main à l’intérieur du slip, rentré les 2 pans de sa chemise dans le pantalon, refermé la braguette et boutonné. J’ai arrangé un peu mieux sa chemise. Il ne s’était même pas réveillé.
Véro dormait toujours dans les bras de Martina :
– On y arrivera pas toute seules ! il faut la coucher !
Je l’ai aidée à allonger Véro sur le côté, dos à Jonathan :
– Tu crois que ça va, comme ça ?
J’ai arrangé la robe de Véro et on est parties chercher les garçons ; Martina m’a soufflé :
– Surtout, pas un mot devant Christophe …
Christophe, poings sur les hanches, contemplaient tour à tour l’une et l’autre :
– Quel spectacle désolant ! A eux deux, ils ont certainement bus autant que nous quatre, pour être dans un état pareil ! et regarde-moi ça ! il s’est couché sur ton vieux charbon de bois ! ses mains et sa chemise en sont couverts !
Alain s’est penché sur Véro :
– Elle aussi ! sa robe est pleines de traces de charbon!
… se retournant vers Martina :
– Qu’est-ce qu’on fait ?
– Porte-la dans la chambre d’amis … je passe devant …
Alain a pris Véro dans ses bras et s’est relevé sans peine :
– Une plume …
Christophe, toujours les poings sur les hanches, regardait Jonathan, l’air dubitatif :
– Je serais bien incapable d’en faire autant … je crois que tu devras aussi t’occuper de cet imbécile !
– Je reviens, t’en fais pas ! Tarzan bon porteur …
– C’est ça ! Patron attendre retour Tarzan …
En attendant Alain, j’ai essayé de réveiller Jonathan en le secouant, mais il n’a pas réagi du tout. Christophe avait l’air fâché, le front plissé d’une ride profonde :
– Ce garçon me désespère ! Je fais mon possible pourtant … j’aurais sans doute mieux fait de le laisser chez lui … ou de le surveiller !
Alain est revenu :
– Annie, tu veux bien aider Martina à la coucher ? je m’occupe du second colis ! Qu’est-ce que j’en fais, Christophe ?
– Tu veux bien l’amener jusqu’à ma voiture ? je prends mes clés … je te rejoins au por-tail.
Alain a soulevé Jonathan avec la même facilité que Véro et m’a fait un grand sourire :
– Tu crois que Brad Pitt y serait arrivé ?
Je l’ai poussé en avant :
– Allez roule … je vais m’occuper de la demoiselle ! C’est où ?
– Fond du couloir à droite !
J’ai rejoint Martina. Elle était assise au bord d’un lit bas. Véro était allongée bras écartés, bouche légèrement ouverte, cheveux en désordre sur le couvre lit blanc. J’ai fait le tour du lit, j’ai allumé la lampe de chevet et suis retournée vers la porte éteindre l’éclairage du plafond :
– Alain amène Jonathan dans la voiture de Christophe … on devrait aller lui dire au re-voir … elle s’envolera pas …
– Tu te rends compte … avec Jonathan … je croyais pas qu’elle était ivre à ce point-là !
– Elle s’est quand même laissé caresser les genoux toute la soirée …
– Oui, j’ai vu … Elle aime bien … enfin … allumer un peu … mais là, c’est différent ! j‘arrive pas à y croire !
– Allez, viens ! on s’occupera d’elle après, viens !
J’ai fermé la porte en quittant la chambre.
Alain et Christophe étaient accoudés à la Range Rover, Jonathan sanglé sur le siège arrière.
Christophe nous a embrassées :
– Merci pour cette agréable soirée, à tous les trois, à se revoir bientôt …
Nous avons regardé la voiture disparaître, puis Alain nous a pris par la taille et nous avons regagné l’arrière de la maison par le jardin :
– Vous avez couché Véro ?
– Pas encore, on y va ! allez Annie ! allons bouchonner notre ivrogne !
J’ai baissé la fermeture éclair sur le côté de la robe, et en tirant chacune à deux mains, on l’a fait glisser à ses pieds. Elle était maculée de traces vertes et de trainées noires dans le dos. Martina et moi nous sommes regardées en haussant les sourcils : le devant du string était tâché de traces noires et rouges. J’ai passé le bout d’un doigt sur une trace rouge ; c’était collant : du sucre :
– On dirait que Jonathan a mangé une tarte aux fraises …
– Je vais mettre tout ça au lave-linge, j’imagine pas qu’elle s’est rendue compte … je veux pas qu’elle voit ça !
– Bon, d’accord … t’as de quoi la changer ?
– Je vais chercher une culotte, enlève-lui ça !
A genoux sur le lit, j’ai fait glisser son string à ses pieds. Martina est revenue avec un slip noir, qu’elle faisait tourner autour de l’index :
– Et une petite culotte pour la dame ! oh … t’as vu ? on dirait toi !
Elle a passé un doigt sur le sexe de Véro ; elle avait dû se raser il y a quelques temps et les poils commençaient à repousser, petits piquants blonds sur les lèvres charnues formant un large triangle bombé, et plus longs, bouclés, au dessus d’une fente haute dont les petites lèvres dépassaient. Martina continuait à passer le dos de l’index sur son sexe :
– Elle a un joli sexe, tu trouves pas ?
– Si … un mignon minou … mais moi c’est encore tout neuf et tout doux … ça, c’est moi dans deux jours …
– mmm … t’en as oublié un peu, à des endroits …
– Pourquoi tu m’as pas dit ?
– Euh… souviens-toi, j’étais … occupée … mais t’en fais pas, je m’en occuperai …
Elle continuait à caresser le sexe de Véro du dos de son doigt en me regardant, sourire entendu aux lèvres :
– Allez ! cachons ça !
Elle lui a enfilé la culotte autour de jambes et je l’ai basculée vers elle, sur le côté, pour pouvoir la remonter complètement. J’ai ouvert le lit ; Martina l’a tournée vers moi et j’ai glissé ses jambes sous le drap. Dans son sommeil, Véro m’a pris une main entre les siennes ; elle gémissait doucement et fronçait les sourcils. Martina à couvert la lampe pour atténuer la lumière et ramassé sa jupe et son string, regardant à nouveau les traces de doigts qu’avaient laissées Jonathan :
– C’est un petit cochon, quand même ! Il en a bien profité ! … je me demande si seule-ment elle s’en souviendra demain ?
– On verra bien …
– Bon je mets tout ça au lave-linge … tu restes un peu avec elle?
– Oui, vas-y …
Véro s’agitait, toujours cramponnée à mes mains. Quelques minutes ont passées ainsi ; j’entendais des bruits de vaisselle ; Alain et Martina devaient être en train de ranger et je me décidais à aller les aider quand Véro m’a pressé la main plusieurs fois. Elle avait les sourcils froncés et essayait de parler. Je me suis penchée vers elle en écartant une mèche de cheveux :
– Véro ? ça va ? … qu’est-ce qu’il y a ?
– Mmm mmmm …
– Je comprends pas …
– … veux faire pipi …
– Ah ! v’là aut’chose ! … tout de suite ?
Elle a déplacé ses jambes vers le bord du lit et a essayé de se redresser ; je l’ai aidée à s’assoir. Elle est restée assise au bord du lit, bras ballants et tête baissée ; je l’ai aidée à se lever, et l’a tenant d’un bras autour de la taille, je l’ai guidée vers la salle de bains et les toilettes, la soutenant et me cognant avec elle d’un mur à l’autre du couloir. Comme j’allais la laisser seule après l’avoir conduite devant le siège des toilettes, elle a baissé sa culotte d’une main en s’appuyant sur mon bras, et s’est laissée tomber sur le siège, jambes écartées étirant la culotte autour de ses genoux. Soutenant sa tête d’une main, elle a posée l’autre main en haut de son sexe et s’est soulagée en soupirant :
– … qu’est-ce que j’avais envie …
Elle a enroulé quelques feuilles de papier autour de sa main et s’est essuyée, main entre les jambes, a jeté le papier et s’est relevée, tête baissée, regardant son sexe et a éclaté en sanglots … Jambes écartées et genoux légèrement pliés, regardant son sexe, appuyée d’une main au mur, elle pleurait à gros sanglots :
– … j’ai … le … minou … tout saaaleuu …
J’ai baissé les yeux, un peu dépassée par ses pleurs soudains, et je suis tombée à genoux devant elle, secouée d’un rire qui m’a pliée en deux !
Mes éclats de rire ou les pleurs de Véro, je ne sais pas… ont attiré Alain et Martina, qui ont passé la tête par la porte. Je les regardais, je regardais Véro, la montrant du doigt, et plus elle sanglotait plus je riais, les yeux noyés de larmes.
Au spectacle, Alain s’est reculé et Martina est entrée dans les toilettes, me secouait par l’épaule :
– Mais qu’est-ce qu’il ya ?
En montrant Véro, entre deux hoquets de rire :
– Elle a le minou tout sale !
– Quoi ?
Elle a regardé Véro, baissé les yeux entre ses jambes et s’est avancée vers elle pour la prendre dans ses bras :
– T’en fais pas ! je vais t’arranger ça ! faut pas pleurer pour ça !!
Et à son tour elle a été gagnée par le fou-rire.
Le papier toilette s’était désagrégé sur sa petite brosse de poils en train de repousser, et son sexe était couvert de petites peluches blanches, et Véro pleurait de cette neige accrochée sur son minou.
Martina est allée chercher un gant, l’a débarrassée de tout ces petits morceaux de papier-toilette et a remonté sa culotte sur ses fesses :
– Alain ! Viens ! … tu veux bien la recoucher ?
Elle s’est rendormie très vite. J’avais arrangé ses cheveux sur l’oreiller, remonté le drap sur elle, et lui ai caressé la joue en lui tenant la main.
— Stan Riff
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