39
Parcours croisés – Samedi
Chapitre 39
Alain
Quel beau temps ! Une semaine de vacances et une semaine de grand soleil ! Et Martina … et Annie … je suis amoureux ? un peu, inutile de me mentir … j’aime Martina et je commence à aimer Annie ! Compliqué tout ça ! J’ai pas envie de me poser trop de questions … après tout … et puis elles s’entendent tellement bien ! Jérémy a bien compris qu’Annie était plus ou moins installée à la maison. Ça l’amuse ! Ce qui l’amusait moins ce matin, c’est qu’il ramait pour deux ! J’étais mou … fatigué, au début il se foutait de moi, je perdais le rythme au bout de cinq ou six coups de pelles ; et puis il s’est mis à mon rythme, bien obligé, et au retour, ça ressemblait plus à du canotage de touriste qu’à de l’aviron ! Moi j’étais vidé, et lui transpirait à peine !
Il n’a pas arrêté de me chambrer devant les jeunes pendant qu’on attendait les filles à l’Oasis ; heu-reusement, ça a détendu l’atmosphère ! Les jeunes faisaient la tête ! Le fils de Christophe ne nous a même pas dit bonjour, et Jonathan … aussi peu bavard que d’habitude. La jeune-fille qui les accompagnait avait l’air sympa, un look « école de bonnes sœurs » largement démenti par ce qu’elle laissait entrevoir dans les fauteuils bas de la terrasse … un trait de génie du patron, ces fauteuils ! bas, profonds, et de ce fait terriblement indiscrets … Jérémy s’en est aperçu le premier et m’a fait signe de la tête. Nelly, la jeune-fille habillée si sage, était assise en face de nous et bien que sa jupe plissée soit sagement tirée sur ses genoux, la profondeur des sièges nous offrait une vue plongeante sur ses cuisses dès qu’elle bougeait ; Jérémy et moi nous sommes mis à guetter les intrigants éclairs d’argents entre ses jambes, jusqu’au moment où pendant qu’elle tendait la carte à Jonathan, elle nous a offert une vue, furtive mais nette, de son sexe nu et des anneaux qui le décorait. Vue étonnante, presque gênante, tellement elle était en décalage avec son look de jeune-fille sage. Jérémy s’est à moitié étranglé avec la gorgée de jus de fruit qu’il était en train de boire, et j’ai tapé dans son dos pour l’aider à se remettre :
– Bien fait ! ça t’apprendra à être trop curieux !
– Arrête, tu vas me décrocher un poumon !
… il regardait Nelly en toussant …
– Reconnais que c’est surprenant !
Nelly fronçait les sourcils, semblant s’interroger sur l’attitude de Jérémy, et puis remarquant sans doute son regard sur ses jambes, son visage s’est détendu et en cherchant les yeux de Jérémy d’abord puis les miens, elle a volontairement écarté légèrement les jambes en s’asseyant bien au fond de son fauteuil … elle nous défiait, calmement, visage lisse et impénétrable … et bien sûr elle a gagné … tous les deux nous avons baissé les yeux sur l’espace ouvert entre ses cuisses dans l’ombre de sa jupe ; incroyable de perversité avec son visage d’ange, elle a un long moment, lentement, sans équivoque aucune quant à ses intentions, écarté plus largement les jambes … elle s’offrait à nos regards. Son sourire de Joconde et son regard clair et direct guettait le retour de nos regards.
Et les filles et Christophe sont arrivés, mettant fin à ce moment si particulier et troublant.
J’ai récupéré les emplettes des filles avant de rentrer. Elles avaient encore quelques courses à faire, et Jérémy m’a ramené :
– Etonnante cette fille, non ?
– Etonnante, oui …
… la vision de ces anneaux, de cette chainette, et de ce sourire me revenait sans arrêt. Je suppose que les mêmes images défilaient devant les yeux de Jérémy et nous n’avons plus échangé un mot de tout le voyage de retour.
J’ai pris une douche, rangé quelques affaires des filles qui traînaient dans la chambre … si Annie s’installe, et j’espère qu’elle va s’installer, il faudra prévoir de lui réserver de la place de rangement … pourvu qu’elle reste … et j’ai réservé le séjour de vacances : la Grèce ; pour trois … et je me suis endormi sur la terrasse, une longue sieste réparatrice.
Leurs rires m’ont réveillé. Dans le salon Annie, plus belle que jamais dans une robe toute neuve défaisait ses paquets, dont un, apparemment, était une surprise pour Martina. Très jolie surprise … qu’elle s’est précipitée d’aller découvrir devant les glaces en pied dans la chambre d’amis, et puis deuxième surprise, et de taille, Annie entièrement épilée, aussi nue que Martina … j’étais presque déçu au début, je m’étais habitué et je trouvais qu’elle était vraiment excitante, le ventre couvert de sa luxuriante toison brune, mais je n’en ai rien dit, bien sûr, et puis … et puis elle était belle … et j’ai embrassé son ventre tout doux, et cette fente étonnamment haute et ses deux parenthèses charnues que je découvrais comme je ne les avais encore jamais vues. Elle était belle … et Martina me l’offrait … et elle s’offrait, inquiète de mon avis. Rassurées, elles ont disparues dans la salle de bains en riant, se tenant par la main, me laissant seul avec mon début d’érection sur le lit de la chambre d’amis … tant pis …
J’étais à peine de retour sur mon transat sur la terrasse que Martina est venue me chercher en me prenant par la main :
– Viens, on a besoin de toi …
– Encore une surprise ?
– En quelque sorte … tu verras bien !
Et le piège s’est refermé, à force d’en parler, de promettre, elles l’ont fait … et je me suis laissé faire. Tout était prêt dans la chambre d’ami que je venais de quitter : un grand drap de bain étalé sur le lit, des pots de crèmes et onguents divers, et les fameuses lingettes de cire froide dont elles me menaçaient depuis quelques jours. Et j’ai souffert. Pas toujours stoïquement. Heureusement pour moi, je n’ai pas un système pileux très fourni. De vagues poils sur les pectoraux, ça allait. Sur les cuisses et au-dessus des fesses, un mince duvet, ça allait. Les aines, le pubis, et la remontée vers le nombril … elles ont eu beau jeu de m’expliquer que la crème qu’elles avaient passée, très agréablement pour moi, je reconnais, facilitait les choses … ça allait déjà beaucoup moins bien. Entre les fesses, mis à part la position parfaitement dégradante qu’elles m’ont fait prendre … j’ai supporté. Et puis elles se sont attaquées au duvet qui couvrent mes testicules … le massage à la crème était parfait, rien à dire jusque-là ! mais ensuite est venue la torture … et elles ont soigné le travail, ont été très méticuleuses pour ne rien oublier. Et puis les finitions et les reprises … et encore un peu de crème … et encore ses fichues lingettes qui font un mal de chien qu’elles les arrachent vite ou non, et pendant qu’Annie faisait les finitions, vérifiant du plat de la main et du bout des doigts la qualité de leur travail, Martina s’est attaquée aux aisselles …
Elles n’ont pratiquement pas dit un mot de tout le temps qu’elles ont pris. Quelques regards, quelques sourires, quelques gestes plus appuyés, un baiser de temps en temps : elles s’appliquaient.
– Voilà … bienvenu au club, Monsieur …
Assises au pied du lit, elles observaient le résultat de leur travail :
– La touche finale ! une petite crème adoucissante pour apaiser la peau …
Annie est venue s’asseoir dans mon dos, m’entourant de ses bras, le visage niché dans mon cou qu’elle piquait de petits baisers, ses doigts légers jouant sur mes pectoraux et mes abdos, auraient suffit à eux seuls à éveiller mon désir … le massage de Martina ne me laissait aucune chance de résister. Annie s’est écartée, me poussant à m’allonger, et j’ai fermé les yeux, concentré sur leurs caresses. Des mains sur mes cuisses, pouces remontant vers les plis de l’aine, une bouche sur la mienne, langue gourmande, une chaleur humide et douce de baiser sur mon sexe, la morsure, les mains sur mon visage qui accompagne le baiser plus profond, caressent tendrement, baiser de femme amoureuse … la bouche qui engloutit mon sexe, la langue qui enveloppe, toute douceur et chaleur, et un anneau de doigts qui entame un lent et léger va-et-vient … longtemps … sans jamais accélérer, tout en douceur et volupté … longtemps … le baiser sur ma bouche, la bouche sur mon sexe, les deux mains sur mon visage, les doigts qui me caressent … j’aurais voulu que ça continue des heures et en même temps le désir a des impatiences difficiles à maîtriser ; j’ai essayé de retarder ; elles ont essayé de faire durer en restant toujours douces et légères ; et puis le corps a gagné ; tout le temps où j’ai joui, elles ont accompagné les soubresauts de mon plaisir ; j’aurais voulu plus de force, plus de brusquerie, accélérer, mais elles en avaient décidé autrement … et l’attente augmentait les sensations. Martina a attendu les derniers spasmes de mon plaisir pour lentement retirer sa bouche, et parce qu’elle me connaît tellement bien, c’est seulement à ce moment qu’elle m’a pris à pleine main pour me branler plus fort.
Elles se sont allongées à côté de moi, chacune d’un côté, jambes mêlées sur les miennes ; j’ai gardé les yeux fermés, profitant de leur tendresse.
Annie s’est levée la première. En revenant peu de temps après, elle a tendu la bouteille de soda à Martina, regard et sourire complice … c’est vrai qu’aucune traînée de sperme ne traînait sur mon ventre …
L’éclair lumineux du brillant sur la lèvre de Martina a ramené brusquement la vision des anneaux entraperçus puis exposés à l’Oasis …
– Tu la connais bien, Nelly ?
– C’est à elle que tu penses ?
– C’est en voyant ton brillant … tu la connais bien ?
– Qu’est-ce que mon brillant vient faire là-dedans ? … elle a passé un mois à l’agence l’été dernier, petit job pendant ses vacances pendant les congés de Mireille … tu m’expliques ce qui te fait penser à elle ?
– Toi d’abord ! Qu’est-ce que tu penses d’elle ?
– Gentille fille … au début je la croyais timide, mais c’est pas ça … plutôt réservée, comme distante, mais gentille … c’est bête, c’est un cliché idiot, mais quand je la vois, son allure, sa manière de s’habiller, je l’imagine pensionnaire d’une école religieuse pour filles de bonne famille …
– Et toi Annie ?
– Tu sais, je l’ai vu ce matin pour la première fois … mais c’est vrai qu’elle fait jeune-fille sage … d’ailleurs du peu que j’ai pu voir le fils de Christophe, je ne les imagine pas en-semble …
– C’est fini … elle a rompu ce matin, c’est pour ça qu’il faisait la tête …
– Et t’as pas remarqué qu’elle était bizarre avec Jonathan ?
– Bizarre comment ?
– Je saurais pas dire … mais l’air de bien se connaître, même d’être proche … T’as rien re-marqué, toi ?
– Si … t’as peut-être raison … comme s’ils étaient complices … ça serait étonnant quand même qu’il y ait quelque chose entre eux … quoique … mais je pourrais le savoir facile-ment ; depuis le temps que je le connais, je suis sûre de le faire parler facilement : il peut pas me résister le petit Jo ! … bon … t’expliques, Alain ?
– Ouais … pendant que tu buvais, je regardais le bijou sur ta lèvre. A midi, avant que vous arriviez à l’Oasis, j’ai vu quelque chose qui y ressemblait, enfin non, différent, mais ça m’y a fait repenser …
– Raconte tout, on comprend rien, là !
– Mmm ! bon, ok ! Nelly était assise en face de Jérémy et moi sur la terrasse …
– Dans les fauteuils où il faut surtout pas avoir de jupe sous peine d’attentat à la pudeur !
– Ouais, eh ben Nelly était en jupe ! A un moment Jérémy m’a donné un coup de coude et m’a fait signe … on avait une vue plongeante sur l’entrejambe de Nelly …
– Vous êtes des cochons ! C’est une gamine, à peine 20 ans !
– Pas si gamine que ça ! Quand j’ai regardé, j’ai vu un truc briller entre ses jambes ! Jérémy s’est à moitié étouffé avec son coca, et comme elle s’est rendue compte de ce qui avait provoqué son étranglement, elle a ouvert les jambes encore plus …
– Tu plaisantes ?
– Pas du tout ! et je t’assure qu’elle savait ce qu’elle faisait ! visage d’ange, regard droit sur nous et jambes ouvertes !
– Ça alors, j’aurais jamais cru …
– Et attends, ce qu’elle montrait est encore plus étonnant …
– Allez, raconte !
– En fait, elle était nue sous sa jupe, pas de culotte, et sur son sexe, d’ailleurs aussi nu que les vôtres, on a vu des anneaux et une petite chaîne qui pendait, et puis un autre truc brillant plus haut, mais caché par la jupe, sur le sexe aussi !
– T’es sûr que t’as pas rêvé tout ça ? « DES » anneaux ?
– On serait deux à avoir rêvé ? Jérémy a vu la même chose …
– Eh ben … et après ?
– Après vous êtes arrivées …
– Nelly avec des piercings … jamais j’aurais imaginé … et Christophe qui est persuadé que ça marche pas entre elle et son fils parce qu’elle est hyper coincée ! … et c’était aussi joli que mon brillant ?
– C’était … bizarre ! Excitant, c’est sûr, mais bizarre … une aussi jeune fille avec ces piercing, et qui les expose, en plus, bizarre …
– J’essaierai de tirer les vers du nez à Jonathan. S’il sait quelque chose sur cette fille, je finirai par le savoir !
– Et toi, Annie, maintenant que tu as pris exemple sur Tina en te faisant épiler … tu envisages aussi un piercing ?
– Qui sait ? Pourquoi pas … mais pas tout de suite. Je crois qu’après une pose de piercing il faut une période de … calme, ou d’abstinence, et en ce moment j’ai pas envie de m’abstenir de quoi que ce soit …
Le souvenir de Nelly et de ses anneaux, les doigts légers de Martina sur le haut de mes cuisses qui en testaient la nouvelle douceur, la chatouille des boucles folles d’Annie dans mon cou, je me sentais déjà renaître. La main d’Annie est descendue, jouant d’un doigt dans mon nombril, traçant des cercles du bout de l’index sur mon ventre. J’imitais de ma main dans son dos, à la naissance de ses reins, les mouvements de ses doigts. Adossé à la tête de lit, je suivais des yeux leurs mains, riait avec Martina quand elle levait brièvement les yeux vers les miens parce que qu’une caresse provoquait un soubresaut de mon sexe … et leurs caresses se sont faites plus précises mais toujours légères, du bout des doigts. Martina a écarté ma jambe vers elle et a posé sa joue sur le genou soulevé. Du bout de l’index descendant sur ma cuisse ouverte, rejoignant la main d’Annie qui effleurait mon sexe maintenant étendu droit sur mon ventre, descendant entre mes jambes. Annie devinait sans rien en voir le jeu de Martina ; il lui suffisait de suivre le parcours de ma main au creux de ses reins, chemin qu’elle m’ouvrait en se cambrant, une jambe repliée ; son souffle sur mon torse s’accélérait, se bloquait quand mon doigt défroissait l’anneau de chair brune, et d’un murmure :
– Enlève ta bague, Martina, tu vas lui faire mal …
– Comment tu sais ce que je fais ?
Secousses de son rire sur mon torse :
– Il me montre tout ce que tu lui fais …
– Ah oui ?
Martina regardait Annie, se mordait la lèvre en surveillant sa réaction quand lentement j’ai glissé un second doigt entre ses fesses, poussant une première, puis lentement une seconde phalange. Ses lèvres s’étiraient d’un sourire et ses sourcils se levaient, sans doute en réponse à la grimace d’Annie que j’imaginais. Pourtant elle ne se refusait pas, bien au contraire, changeant de position pour me faciliter la tâche, s’ouvrant plus largement, pour accueillir un troisième doigt ; et c’est moi qui ai grimacé cette fois ; même si Martina a les mains plus fines que les miennes, Annie continuait à s’offrir où je sentais mes limites proches :
– Tu vas m’obliger à lui faire mal, Martina …
– C’est pas pour elle que tu t’inquiètes …
– Ne t’arrêtes pas, Tina, tu as vu mes jouets … certains sont sévères …
– Tu avais dit que tu t’en servais pas !
– Pas tous, mais quelques-uns, oui …
La deuxième main de Martina a rejoint celle d’Annie sur ma verge qui ne reposait plus sur mon ventre, décollée et tendue d’excitation, autant des caresses reçues que données. Et Annie s’est arrachée à mes doigts ; elle m’a enjambé et s’est accroupie au-dessus de moi en me tournant le dos. Martina a redressé mon sexe entre ses fesses et à petites secousses, sans aucun temps d’arrêt, Annie s’est empalée sur moi, s’équilibrant de ses deux mains sur mes genoux relevés, sur toute la longueur de mon sexe, jusqu’à ce que ses fesses reposent sur mon ventre. Pour être pénétrée plus profond encore, elle a repoussé mes genoux :
– Pour quelqu’un qui n’aime pas … tu as des dispositions !
– Aujourd’hui j’ai envie …
Elle s’est arrachée à moi et s’est agenouillée au bord du lit, reposant le visage sur les jambes de Martina, offrant bien haut ses fesses :
– Viens Alain, viens …
Debout au bord du lit, cramponné de mes mains à ses hanches, je me suis à nouveau glissé dans ses reins chauds et souples, qu’elle contractait très fort en cadence avec mes va-et vient pour augmenter mon plaisir. Elle se projetait au devant de mon ventre, s’accompagnant d’une plainte sourde, aidée des mains de Tina sur sa taille qui amplifiait ses mouvements. Aux doigts crispés sur les draps, à sa plainte plus rauque et aux contractions de l’anneau sur mon sexe, je devinais son plaisir proche. En se penchant, Tina a glissé une main entre nous, enserrant ma verge entre deux doigts qui massaient en même temps les fesses d’Annie. Son regard était voilé et elle haletait à notre rythme, ne me quittant pas des yeux … et le plaisir est venu, accompagné de fortes contractions de l’anneau sur mon sexe qui a déclenché la montée de sperme, presque douloureuse d’avoir déjà joui il y a peu. J’ai fermé les yeux et ralenti le rythme, profitant au mieux de la douceur nouvelle.
Quand je me suis retiré, son anus est un moment resté ouvert, palpitant encore de son plaisir, et puis s’est fermé, auréolé de sperme, sous le massage de Tina. Je me suis écroulé sur le lit pendant qu’Annie se redressait, toujours à genoux sur le lit, enlaçait Tina agenouillée face à elle ; elles ont échangé un long baiser, passionné puis apaisé, mes deux amours à l’évidence amoureuses ; elles se sont allongées, chacune d’un côté, transpirantes, blotties au creux de mes deux bras, effaçant chacune d’un doigt les gouttes de sueur qui coulaient de mes tempes. Je fermais les yeux, épuisé et comblé.
– Chéri, on dirait bien que tu es prêt …
– … prêt à quoi ? en ce moment je suis plus prêt à rien …
– Je t’ai fait mal, tout à l’heure ? t’avais l’air d’apprécier …
– … mmm …
Je savais bien de quoi elle parlait, et pas besoin d’ouvrir les yeux, je savais qu’elles riaient, je devinais qu’elles se regardaient, peut-être même échangeaient-elles un clin d’œil ; des furieuses ; moi je voulais rester comme ça, sans bouger, mes deux amours calés contre moi, mes bras sur leurs épaules, leurs joues sur ma peau, leur jambes sur les miennes ; ne plus bouger …
– … je sais Tina, je sais de quoi tu parles … mais plus tard ; s’il vous plaît … plus tard ! on ne bouge plus ! je suis mort, là ! vous m’épuisez ! vous savez, ça ? que vous m’épuisez ?
Une main, à qui ? peu importe, caressait doucement mon sexe flasque, tout doucement, tendre-ment, sans espoir de le réveiller, et … c’était bon, tellement bon … et une bouche sur la mienne, à qui ? lèvres chaudes et souples, douces et gourmandes, et … c’était bon, tellement bon !
– Il doit être tard, vous avez faim ?
– Un peu … mais je prends une douche d’abord …
– On en a besoin tous les trois, je crois … on la prend ensemble ?
– Allez …
Elles m’ont relevé, m’ont traîné dans la salle de bains …
A peine épongés, juste assez pour ne pas inonder la maison tout en gardant la fraîcheur, nous avons grignoté autour de la table de la cuisine, salade frisée, lardons et œufs mollets qu’Annie a préparés. Le poisson qu’elles avaient acheté au marché est resté au frigo ; trop compliqué pour ce soir !
– Demain on se fait une grasse matinée, ok ?
– … euh … non !
– Pourquoi ?
– Avant que vous arriviez à l’Oasis, à midi, on parlait de se retrouver au marché campa-gnard, demain …
– Allons bon ! à quelle heure ?
– Dix heures …
– Bon … c’est raisonnable … mais retrouver qui ?
– Jérem, Jonathan … il tient un stand … Christophe aussi a un stand, il vous a rien dit ?
– Pas eu le temps ! on regardait Annie faire son show … à la librairie …
– Nelly sera sans doute là … on pourra peut-être en apprendre plus long, et cuisiner un peu Jonathan …
– Bonne idée !
Les filles ont rangé la cuisine. J’ai mis un CD des Pink Floyd et elles m’ont rejoint dans le salon. Tina s’est assise sur le canapé et Annie s’est allongée, la tête sur ses genoux de Tina. J’ai préparé un café pour Annie et moi, un thé pour Tina.
– Charmant spectacle …
– Je profite de sa douceur toute neuve …
Le majeur de Tina parcourait lentement l’ouverture des lèvres du sexe nu d’Annie qui luisait doucement à la lumière tamisée de la lampe que j’avais allumée à côté de la chaîne stéréo.
– Vous n’êtes jamais fatiguées ?
– … jamais … et puis c’est tout doux …
Tina s’est dégagée de la tête d’Annie et s’est agenouillée au-dessus de son visage, sa bouche rejoi-gnant sa main entre les jambes ouvertes d’Annie tout en offrant son intimité à sa bouche, s’abaissant pour solliciter son baiser.
Elles ont partagé leurs plaisirs, ponctués de petits bruits humides et de soupirs, sans se presser, tout en échanges de douceur.
Les mains de Tina avaient glissées sous les cuisses d’Annie et de mon fauteuil je voyais le lent mou-vement de sa nuque, les mains d’Annie soupesant les seins de Tina, étirant les tétons.
Sur la table basse, le café d’Annie a lentement refroidi, comme le thé de Tina.
Trop absorbé à guetter la lente montée de leur plaisir, les respirations qui s’accélèrent, les tensions des muscles qui se tendent, la crispation des mains, sans penser un instant les rejoindre, j’ai moi aussi oublié de boire mon café.
40
Parcours croisés – Dimanche
Chapitre 40
Annie
Ce matin encore je me suis réveillée la première ; 6h30, c’est mon heure. D’habitude je déjeune, je m’occupe de mes orchidées dans la serre et je pars courir vers 8h00, presque un jour sur deux. Depuis combien de temps j’ai pas couru ? me souviens plus … et j’ai juste vérifié que tout allait bien dans la serre il y a deux jours. Avec la petite fortune que j’ai dépensée pour tout automatiser, je pourrais partir deux ou trois semaines sans problème : arrosage, hygrométrie de l’air, lampes UV, ouverture des verrières et ventilation périodique … une fortune ! Et justement je vais partir ! La Grèce ! Waouh !
Et je rêve pas ! C’est bien la grande main d’Alain qui repose sur mon sein, la chaleur de Tina contre ma hanche, et cette sensation bizarre entre mes jambes ! Je me sens vraiment très nue ; je m’habituerai sans doute, mais pour l’instant, l’effet est bizarre … la vue d’abord : hier soir je suis restée un long moment dans la salle de bain à regarder mon ventre dans le miroir, sans vraiment me reconnaître, me découvrant ; et puis cette sensation d’humidité de transpiration, de frottement de mes cuisses l’une sur l’autre, nouvelle, curieuse, et à vrai dire pas très agréable. Je ne regrette pas pour autant ; la bouche de Tina sur mon ventre nu, hier, cette douceur inconnue, les sensations accrues, rien que ce moment-là, ça en valait la peine !
Je me suis dégagée doucement du bras d’Alain pour aller préparer les petits déjeuners ; le mien, en tout cas, inutile de les réveiller si tôt.
Le chat rouquin est encore dans le jardin ce matin quand je m’installe avec mon café, la confiture et des tartines grillées :
– Bonjour, le chat ! Tu vas bien ?
Il me regarde tranquillement, assis au pied de l’érable, ne faisant mine ni de s’approcher ni de s’enfuir, serein, yeux à demi-clos, la queue enroulée autour de ses pattes ; presque hautain ; ce chat me snobe.
Une main dans mon dos, un baiser dans mon cou, une main qui vole la tartine dans ma main ; je m’étais appliquée à bien étaler la confiture, et la voilà qui disparaît … je ne me retourne même pas ! inutile de chercher bien loin, Tina est levée ! Elle descend sur la pelouse, pied nus dans l’herbe, s’approche du chat qui lève la tête, toujours yeux mi-clos, attend la caresse et ferme les yeux com-plètement en étirant le cou au devant de la main :
– Tu devrais faire attention, Annie, c’est un mâle et t’es toute nue …
– Toi aussi !
– Ouais, mais nous deux on se connaît !
– Je le connais aussi …
– Alors ça va … tu m’en fais une autre ?
– Ça t’arrive de te les préparer ?
– … euh … rarement …
Elle masse doucement mes épaules, ébouriffe mes cheveux, et m’enlève la deuxième tartine des mains à peine la dernière goutte de confiture étalée du dos de la petite cuillère et me plaque un gros baiser tout collant au creux du cou.
– J’ai fait du bruit ? C’est moi qui t’ai réveillée ?
– Toi non, le grille-pain, oui ! Tu te lèves toujours aussi tôt ?
– Souvent, oui …
– Plus besoin de réveil, alors … tu nous lèveras …
– Pas de souci, Tina ! Dorénavant tu te réveilleras avec le grille-pain et Alain avec l’odeur du café !
– Je prends ma douche … tu le réveilles ?
J’ai versé du café dans le mug d’Alain et je suis partie vers la chambre.
Comme hier, il avait tiré l’oreiller sur son visage pour se protéger des traits de lumière qui traversaient l’entrebâillement des volets. Drap repoussé à mi-cuisse … aucun doute : c’est un mâle ! et un beau mâle ! Je me suis agenouillée à côté du lit et j’ai posé le mug sur la table de nuit. Tina m’a sui-vie. Elle est restée accoudée à l’encadrement de la porte et me sourit en me faisant un clin d’œil, elle murmure :
– Si ça te dit … il adore ça, tu sais …
… et elle est partie à la salle de bains … Il ne bande pas vraiment, le gland à demi-couvert sous la peau du prépuce, mais le sexe est tout de même gonflé, couché dans le pli de l’aine. La peau est un peu rougie après le traitement qu’on lui a fait subir hier. Lui, ça ne le change pas beaucoup ; le duvet blond a disparu bien sûr, mais il avait peu de poils de toute façon … il est beau et je profite qu’il ait la tête sous l’oreiller pour le regarder en détail ; finalement, c’est beau, un sexe d’homme, surtout associé au souvenir du plaisir qu’il me donne … je me suis redressée sur mes genoux, appuyée des deux mains sur l’armature du lit et j’ai lentement approché mon visage ; j’aime son odeur de transpiration de la nuit.
J’ai pris son sexe dans ma bouche, l’aspirant de mes lèvres, m’aidant de la langue pour le soulever, ma joue glissant sur son ventre lisse et chaud. Je voulais le prendre au plus profond de ma bouche, refermer mes lèvres à la racine, mais j’ai dû renoncer avant ; il est trop gros et surtout trop long, même s’il ne bande pas vraiment. Je déroule son prépuce de la langue, enveloppe le gland, chaud, tellement doux … il bouge une jambe, l’étire ; je vois les muscles des cuisses se contracter, comme ses abdos sous ma joue … et il se réveille dans ma bouche, délicieuse sensation de gonflement, de palpitation. Je sens sa chaleur et je sais qu’il sent l’humidité et la chaleur de ma bouche ; je ne recule pas … et il m’envahit plus loin, de la seule caresse de ma langue et de mes lèvres, de mes dents aussi à mesure qu’il grossit, mais je refuse de bouger, au bord du haut-le cœur, mais je résiste …
Sa main s’est glissée dans mes cheveux, a glissé sur ma nuque, a suivi mon bras et trouvé ma main posée au bord du lit, ses doigts se mêlant aux miens pour les serrer doucement.
Je pose ma main droite sur sa cuisse, remonte, et prends son sexe à pleine main, à toucher mes lèvres, étire la peau vers le bas ; je remonte enfin les lèvres, n’y tenant plus, ne gardant que le gland dans ma bouche; je joue sur le méat de la pointe de la langue ; je serre mes doigts très fort autour de lui et je remonte, gonflant encore plus le gland de l’afflux de sang repoussé par mes doigts serrés, et sous ma langue il devient plus lisse, le bourrelet à la base du gland plus tendu sous mes lèvres. Ses doigts mêlés aux miens sont crispés, ses abdos roulent sous ma joue. Je le sens impatient. Je ne veux pas le faire attendre. Je veux lui donner ce qu’il veut. Je veux le satisfaire. De ma main droite je commence à le caresser plus vite, tantôt glissant sur la peau, tantôt le serrant plus fort. Sa main dans la mienne se referme plus fort, à m’en faire mal, son ventre se soulève …
Il a accompagné les premiers jets de sperme de deux coups de reins et s’est détendu alors qu’il continuait à jouir dans ma bouche, s’est tendu à nouveau aux dernières giclées, plus espacées et je l’ai caressé plus fort de ma main et le serrant jusqu’à ce que la tension sur mes lèvres diminuent, que je sente son gland se réduire sur ma langue. Ses doigts mêlés aux miens sont devenus plus doux, son ventre s’est détendu …
… et j’étais fière de moi … fière de son plaisir …
Avant de l’abandonner, je l’ai caressé de ma bouche, le reprenant plus profond, comme au début, attendrie de le sentir devenir plus mou, remettant en place le prépuce de mes lèvres quand il a repris des proportions plus à portée de ma bouche …
En me relevant, j’ai vu qu’il avait encore l’oreiller sur le visage, que Tina, était accoudée à l’encadrement de la porte, un sourire plein de tendresse sur les lèvres … et un verre de jus d’orange à la main qu’elle me tendait .
J’ai bu, enlevé l’oreiller, tendu son mug à Alain. Ses yeux clignaient à la lumière, allant de Tina à moi. Il s’est assis dans le lit, a pris le café de mes mains, et c’est seulement après la troisième gorgée que la lumière est apparue dans son regard :
– Bonjour mes chéries ! ça va, vous ?
– Et toi ?
– … génial … j’ai fait un super rêve !
– Ah oui ?
– … on me réveillait d’une manière ! J’ose même pas vous dire ! Vous seriez jalouses ! Mais vous devriez y penser …
Il a tout juste eu le temps de poser son mug avant de recevoir le premier coup d’oreiller.
En fait de marché campagnard, il y avait un peu de tout. Jonathan tenait un stand avec son patron où on trouvait des fringues, des bibelots, de la vaisselle, toutes ces choses qu’on trouve en général dans un vide grenier. Nelly donnait apparemment un coup de main, toute fraîche dans une robe d’été en vichy, et pour une fois souriante quand elle nous a dit bonjour. Tina l’a assez longtemps tenue par les épaules après lui avoir fait la bise. Elle lui a murmuré quelques mots à l’oreille qui l’ont faite rougir et se raidir sous son bras et puis elle s’est détendue en souriant à la pression de la main de Tina sur son bras nu. Un peu plus loin, Christophe avait un étal de livres, de vieux romans policiers pour l’essentiel qu’il vendait au profit de l’association dont il s’occupait avec Alain, qui est resté avec lui pendant que Tina et moi continuions la visite des stands installés des deux côtés de la rue, jusqu’aux quais de la Marne. J’ai goûté du saucisson et du jambon de pays accompagnés de vin rosé. Je crois que nos jupes courtes et le décolleté de Tina étaient pour beaucoup dans la gentillesse avec laquelle les exposants nous invitaient à déguster … et on en profitait un peu !
– Tu as fait rougir Nelly, tout à l’heure, tu lui disais quoi ?
– Je lui ai dit que ses bijoux avaient beaucoup plu à Alain !
– Non ! Tu lui as vraiment dit ça ?
– Ouaip ! ça m’intrigue … j’aimerais en savoir plus ! Autant être directe, non ? Et puis j’ai une idée pour cet après-midi …
– C’est quoi ?
– Dès qu’on voit Jérémy, je lui demanderai si on peut aller chez lui profiter de sa piscine … et on emmène Nelly avec nous …
– On pourrait acheter de quoi manger pour ce soir, et les garçons et Christophe nous re-joindraient dans la soirée, non ?
Bien sûr Jérémy n’y a vu aucun inconvénient et a tout de suite confié ses clés à Tina. Christophe et Jonathan étaient contents de cette nouvelle occasion de passer une bonne soirée ; restait à con-vaincre Nelly d’abandonner le marché et de venir avec nous … Tina s’en est chargée quand nous nous sommes tous retrouvés le midi autour de sandwiches en bord de Marne.
– Bonne idée, Jonathan, installe-les à l’ombre !
Jonathan a étalé les deux vieux draps sur l’herbe.
– On a un tire-bouchon, au moins ?
– J’ai mon couteau suisse ! pas de problème !
– C’est à qui les sandwiches andouillettes ?
Christophe, Jérémy et Alain ont levé la main.
– Ok, andouillette pour les hommes, chipolatas pour les autres !
Jonathan ne s’est pas rebellé de ne pas être classé dans le clan des hommes ; il était trop concentré sur mes cuisses. Il s’était installé en face de moi sur le drap et j’avais laissé remonter ma jupe en jean en voyant son regard fixé sur mes jambes. J’ai presque regretté d’avoir mis une culotte ce matin ! Tina m’a fait un clin d’œil en voyant mon manège et Nelly a aussi remarqué que la glotte de Jonathan faisait des allers retours rapides. Elle a suivi son regard et quand ces yeux ont trouvé les miens, je lui ai à mon tour adressé un clin d’œil. Elle m’a souri en se mordant les lèvres et très ostensiblement, elle a baissé elle aussi les yeux sur l’ouverture de mes cuisses en inclinant la tête vers son épaule. Décidément cette jeune fille n’est pas l’oie blanche dont elle donne l’image habituellement. Elle aussi concentrait son attention sur le triangle blanc de mon string qui devait être parfaitement visible … et son regard avait du poids … Après quelques minutes de ce jeu, elle s’est penchée pour chuchoter à l’oreille de Jonathan qui a aussitôt détourné les yeux et s’est attaqué à son sandwich en rougissant. Il m’a même tourné le dos, alors que Nelly après m’avoir regardée droit dans les yeux baissait à nouveau le regard sur mes cuisses … surprise et gêne … le jeu n’était plus un jeu !
Lard aux herbes, côtes de porc marinées, une salade ; Jérémy a expliqué à Tina quel vin sortir de sa cave ; une miche de pain de campagne ; tartelettes aux fruits. Il était à peine 15 h00 et la soirée était préparée. En faisant nos achats, Tina m’a annoncé toute fière qu’elle avait réussi à convaincre Nelly de nous accompagner pour l’après-midi, et je lui ai raconté le jeu du pique-nique :
– Elle te matait ?
– Aucun doute, mais je crois qu’elle voulait autre chose …
– Quoi ?
– Que je le sache … c’était bizarre … elle est curieuse cette fille …
– Ben si j’ai bien vu, tu faisais exprès !
– Oui, mais curieuse dans le sens de bizarre.
– … mmm … je suis d’accord … eh ! moi aussi je matais ta culotte ! et Jérémy aussi !
– Ah bon ? J’ai pas fait attention … c’est son regard à elle que je sentais !
– Elle te trouble, on dirait …
– Un peu … elle me met mal à l’aise, surtout ! Elle arrive …
Tina m’a donné un baiser, au coin des lèvres, une main caressant mon cou :
– T’inquiète pas, chérie ! Je te protègerai !
Je lui ai claqué les fesses en riant.
Tina avait sans doute élaboré un plan compliqué … c’était bien inutile ! Quand Nelly nous a vues nous déshabiller dans le salon pour profiter de la piscine, elle nous a imité sans qu’il soit besoin de la convaincre. Elle s’est approchée de moi et m’a tourné le dos :
– Tu veux bien m’aider ?
– Oui, bien sûr !
J’ai abaissé la fermeture éclair de sa robe dans son dos. Au lieu de s’écarter, elle a simplement levé les bras au-dessus de sa tête, m’invitant sans équivoque à lui enlever sa robe moi-même. Elle était entièrement nue dessous. Sa peau laiteuse ne devait pas souvent être exposée :
– T’as pas intérêt à te mettre trop au soleil ! tu as une peau à rougir !
– Tu me mettras de la crème solaire !
Tina, hors de vue de Nelly, m’a jeté un coup d’œil entendu, elle aussi ébahie par son attitude et de l’évidente provocation de ses propos, et a quitté le salon en se dirigeant vers la piscine.
– Bon, moi je me baigne tout de suite !
Nelly m’a pris sa robe des mains pour la plier sur le dos du canapé puis s’est retournée vers moi pendant que je finissais de me déshabiller :
– Toi, par contre, pas besoin de crème … t’es déjà toute brune !
Elle a pris le t-shirt que je venais d’enlever de mes mains pour le ranger à côté de sa robe :
– Tina et toi …
– Mmm ?
– Vous êtes … proches ? non ? ça se voit, tu sais !
– Mais … on se cache pas, non plus ! c’est vrai on est … proches, comme tu dis ! et toi ? on dirait que tu es proche de Jonanthan, non ? je me trompe ?
– Euh … oui et non … mais plutôt oui …
Pour la première fois, elle me faisait face, et impossible pour moi de détacher mes yeux des anneaux sur son sexe pendant que j’enlevais mon string. Inutile de faire semblant :
– Waouh ! Alain n’a pas exagéré ! c’est … étonnant !
– Tu aimes ?
– C’est … étonnant ! pour être honnête … dérangeant, même … ça à l’air récent !
– C’est récent, oui …
– Nelly … à vrai dire … je ne comprends pas que tu aies voulu de tels bijoux … et je ne comprends pas que quelqu’un ait accepté de te poser ces anneaux …
– … pas accepté … décidé est plus juste …
– Je comprends pas …
– Mais si, tu comprends … quelqu’un a décidé pour moi !
– Oh … ça a dû être douloureux, non ?
– Assez !
Elle souriait en le disant ! Et elle en parlait avec un naturel qui me sidérait ! et nous qui avions imagi-né des plans tortueux pour en savoir plus !
– Dis-moi … je sais pas trop comment te le dire sans paraître bête … mais … c’est spécial, quand même ! ça me regarde pas, mais … tu t’embarques pas dans des trucs dange-reux ?
Tina était sortie de l’eau et venait de nous rejoindre. Elle a passé un bras sur les épaules de Nelly :
– Ce que nous a dit Alain nous a intriguées, et surprises, et même inquiétées ! On se mêle de choses qui ne nous regardent pas, je sais ! ne proteste pas, je sais !
Elle s’est assise au bord du canapé attirant Nelly à sa suite en tenant ses mains dans les siennes :
– Mon Dieu ! Nelly ! tu as l’air fière de ces anneaux, mais pour moi, ça ressemble à une mutilation … excuse ma franchise … mais je t’aime bien … alors … et t’es si jeune ! Je crois même que j’aimerais dire deux mots à celui qui t’as fait ça !
– Pourquoi « celui »…
– … Une femme ?
– Vous devriez comprendre ça, pourtant, vous deux !
– Nelly … Nelly … je ne vois aucun rapport entre l’amour que deux femmes peuvent partager et … ça !
– Pourquoi ?
– Mais … ces anneaux … c’est presque un signe de propriété ! Dèjà ça a dû être terrible-ment douloureux et puis … non ! Aimer c’est partager ! Pas posséder ! Je ne comprends pas qu’une femme puisse t’imposer ça ! T’es si jeune, Nelly !
Le ton était dur, Tina s’énervait. J’ai pris Nelly par l’épaule. Je voyais son visage se fermer, devenir lisse, totalement impassible, sous les reproches de Tina, à qui j’ai fait une mimique lui demandant de se calmer.
– Ne te fâche pas , Nelly, on ne juge pas … tu vis sans doute une relation très forte pour avoir accepté, c’était vraiment douloureux, moi j’aurais reculé, je crois …
Je m’en voulais un peu de m’ éloigner du discours de Tina. J’étais 100% d’accord avec elle, mais si on voulait continuer à la faire parler, il fallait à tout prix éviter de la braquer contre nous. Après tout, ce que nous en pensions avait été dit. Tina a compris mon petit signe, et a montré à Nelly le bijou qui décorait son sexe :
– J’ai déjà eu vachement mal quand je me suis fait poser le mien ! pourtant il est assez fin ! J’imagine même pas pour celui-là …
Elle a lâché une main de Nelly, et du bout de l’index, elle a soulevé le plus gros des anneaux qui attachait ensemble des deux grandes lèvres. Elle n’a pas remarqué la petite grimace de douleur de Nelly quand elle l’a soulevé :
– Et puis, dis-donc, ça doit pas être pratique, euh … ça impose des limites …
– … non … je reste accessible …
… accessible ! elle emploie de ces mots !
– Arrête de tripoter cet anneau Tina, ça doit lui faire mal !
– Pardon ! c’est vrai que c’est un peu rouge ! Tu nettoies bien, surtout ! J’espère que le pierceur a respecté les conditions d’hygiène … ça t’a pas gênée de te montrer comme ça, quand il l’a posé ?
– … elle me les a posés elle-même … et oui, en respectant les règles !
– Elle-même ?
Tina en est restée bouche ouverte de surprise. Nelly parlait avec un naturel déconcertant, comme si les choses allaient de soi et que nous avions une gentille discussion de salon entre amies de tout temps. C’était limite surréaliste. Cette fille avait une relation particulière avec une femme qui lui installait une véritable quincaillerie sur le sexe et elle en parlait comme moi de mes fleurs ! Autant continuer pour en savoir le maximum :
– Je sais pas au juste où tu en es avec Jonathan … mais ça va le surprendre … enfin lui ou un autre …
– Oh ! il est le seul, et il est au courant !
– Ah ! Et … il trouve ça joli ?
– Il aime bien, et …
Elle a laissé sa phrase en suspens, hésitant à poursuivre :
– Et ?
– … et lui aussi !
– Lui aussi quoi ?
– … il a des bijoux aussi !
Tina a ouvert la bouche en un « oh » silencieux en écarquillant les yeux. Heureusement que Nelly ne la regardait pas ! J’ai essayé de rester aussi détachée et naturelle que possible, mais j’avais besoin d’une diversion :
– Je suppose que Jérémy ne nous en voudra pas de piller son frigo … soda pour toutes les deux ?
Nelly m’a suivie derrière le comptoir qui sépare le salon de la cuisine aménagée :
– C’est … ton amie … qui lui a posé aussi ?
Ce regard de défi qu’elle m’a lancé ! Et puis ce sourire … En posant les verres sur le comptoir devant moi, elle s’est collée à mon bras. Tina était repartie vers la piscine, sans doute pour se rafraîchir les idées ! Elle commençait à avoir du mal à garder son calme. Avec beaucoup d’efforts, c’est vrai, je m’en sortais mieux qu’elle :
– C’est elle ?
– T’es curieuse, hein ?
Elle avait passé son bras dans mon dos, sa main sur ma hanche :
– Ça ne me gêne pas de t’en parler, tu sais …
Et sa main qui continuait à caresser mes hanches … finissant en caresse sur une fesse quand je me suis écartée pour remettre la bouteille au frigo … elle est incroyable … si ça peut aider à provoquer ses confidences … mais je la trouve glaçante ! Quel culot, quand même !
– Et ça donne quoi sur un garçon ? j’ai vu des trucs sur internet, mais bon … je me suis pas attardée !
– C’est assez joli … il a un petit anneau sur … le scrotum, sur un côté, et puis un autre au-tour du gland, passé à travers le filet de peau, sous le gland.
J’ai failli lâcher les verres que je transportais vers la terrasse …
– Oh … ça ne le serre pas … enfin … quand …
– Quand il bande ? C’est ça ?
– Ben, oui …
– Un peu, c’est fait exprès !
– Ah !
Martina sortait de l’eau, essorant ses cheveux à pleine main :
– Vous devriez vous rafraîchir, ça fait du bien …
– J’y vais … tu viens Annie ?
– Plus tard, je te rejoins, vas …
Elle est partie en effleurant mon épaule …
– Dis-donc, on dirait presque qu’elle te drague …
– Tu peux oublier le presque … elle me glace, cette fille …
– Moi aussi … alors … la suite des horreurs ?
– Sa nana a aussi posé des anneaux à Jonathan …
Je lui ai raconté … Tina s’est étranglée en avalant de travers son soda ! Toutes les deux en même temps sans doute, on imaginait le tableau, et un fou-rire nous a pris …
– Viens avec moi, me laisse pas seule avec elle, t’as dit que tu me protègerais, n’oublie pas !
– J’en sors ! mais je surveille … apparemment elle se confie plus facilement à toi … profites-en !
– Lâcheuse !
– Ouais …
Les garçons sont arrivés vers 18h00. Tina était passée chez elle nous chercher des paréos et on étaient toutes les trois à peu près décentes.
Jérémy et Alain n’ont pas fait de manière et se sont baignés nus pendant que nous étions tous au frais dans le salon. Jonathan a décliné leur invitation malgré l’insistance de Nelly. Christophe s’en est étonné. Pour Tina et moi, son refus n’a pas été une réelle surprise.
Les garçons avaient l’air fatigués de cette journée, bien que satisfaits de leurs ventes, et la soirée a été calme : une semaine de forte chaleur, une journée à piétiner derrière un étal, la fraîcheur du soir ne suffisait pas à nous redonner de l’entrain.
En fin de soirée, Jérémy a éteint toutes les lumières sur la terrasse et a proposé un dernier bain. Cette fois, seul Christophe a décliné, continuant à fouiller dans les CD de Jérémy.
Tina m’a fait un clin d’œil, en guettant Jonathan qui se déshabillait tout au bord de la piscine en nous tournant le dos. Il était tellement occupé à se cacher de tout le monde, et Tina et moi savions ce qu’il voulait cacher, qu’il en a oublié un moment que nous aussi laissions tomber nos paréos et quand il a voulu profiter du spectacle, malgré la faible clarté, il était trop tard, nous étions déjà dans l’eau.
Nelly s’arrangeait pour être le plus souvent près de moi, attendant patiemment que Jonathan s’éloigne d’elle, que Martina s’éloigne de moi, pour me frôler, d’un bras ou d’une main, d’une jambe. Son petit jeu aurait pu être amusant, mais il n’amusait que Tina qui bien sûr s’en était aperçu ! moi, ça m’amusait moins. Je n’avais pas envie d’un esclandre, ni de la froisser en lui demandant clairement de cesser, mais ce n’est pas l’envie qui m’en manquait ! Je me suis mise à enchaîner quelques longueurs et qu’ils aient été de mèche ou pas, je ne sais pas, j’ai remarqué à un moment que les garçons et Tina nous avaient abandonnés. Jonathan en a profité pour sortir lui aussi et je me suis retrouvée seule dans l’eau avec Nelly :
– C’est plus agréable maintenant que cet après-midi, tu ne trouves pas ?
– Si, peut-être …
– Tu veux bien rattacher mes cheveux ?
Nous étions tout au bout de la piscine, là où l’eau découvrait à peine nos épaules. Au lieu de se tourner pour que je remette son élastique en place, elle se tenait face à moi et baissait la tête. Bon … j’ai passé les bras par-dessus ses épaules, retiré l’élastique pour arranger ses cheveux. Elle a posé ses mains sur mes hanches en posant le front contre une de mes épaules :
– Ne te fâche pas, Annie, j’ai compris que je ne t’attirais pas … et pourtant toi … tu me plais ! Ne m’en veux pas, je ne veux pas te mettre mal à l’aise !
– … ça va …
Le discours, c’est une chose … mais en fait, sous l’eau, ses seins se frottaient à ma poitrine, et ses mains glissaient lentement de mes hanches à mes fesses :
– Chhhttt … Nelly … arrête …
J’ai enfin fini de remettre en place sa queue de cheval. Au lieu de s’écarter comme je l’y invitais des deux mains sur ses épaules, au contraire elle s’est plaquée contre moi, écrasant ses seins contre les miens et ses mains cette fois clairement sur mes fesses :
– Arrête voyons …
– Juste un peu, s’il te plaît, ça ne t’engage à rien … et puis tu dis non, mais tes seins disent oui …
Elle avait raison. Son corps chaud contre le mien faisait naître une réaction qui me dépassait. Je l’ai embrassée sur la joue et je l’ai écartée fermement :
– C’est l’eau froide, Nelly, pas toi …
– C’est un déni de désir, ça …
– Arrête, Nelly … ce que tu vis ne te suffit pas ? ce doit pourtant être une relation forte !
– … oui, trop forte même, et j’ai bien compris que ça vous mettais mal à l’aise, Tina et toi !
… Instant de vérité ? Pourquoi pas …
– C’est vrai ! ça me met mal à l’aise ! je ne comprends pas bien ce type de relation ! Tu as dit tout à l’heure que quelqu’un avait décidé pour toi … c’est ça qui me gêne … et ce qui serait encore plus gênant, ça serait que tu aimes ça, être soumise aux décisions de quel-qu’un … tu es comme ça ? tu aimes … te soumettre … à ce qu’on veut faire de toi ? je ne comprends pas ça, Nelly ! c’est vraiment quelque chose qui m’est étranger !
– C’est facile de se soumettre, comme tu dis, plus dur d’y échapper …
– Tu t’entends, seulement ? c’est toi qui parles d’une relation ‘trop’ forte et qui parles ‘d’y échapper’ … et c’est bien toi qui nous as raconté tout ça, sans qu’on t’y pousse vraiment ! reconnais-le, tu avais envie d’en parler ! Et tu savais sans doute ce qu’on en penserait ! Tu voulais nous l’entendre dire ? Eh bien c’est fait ! Qu’est-ce que tu veux, Nelly, mon avis ? Tu l’as ! Quoi d’autre ?
– Je sais pas … je sais pas ce que je veux …
– Eh bien c’est un début ! Si tu reconnais que tu ne sais pas quoi faire … pour moi, c’est bi-zarre, mais c’est la première chose sensée que je t’entends dire ! Les conseils, on sait toutes les deux ce que ça vaut, alors … par contre, si t’as besoin de parler, si t’as besoin de moi, pas de problème … et puis à partir de mardi je travaille tous les matins à la librai-rie, alors n’hésite pas ! Juste une chose … pas la peine de me caresser les fesses pour me faire réagir !
– … merci Annie … je passerai sûrement te voir, merci ! Pour tes fesses, ça n’a rien à voir, enfin, presque rien ! et c’était un plaisir !
… et le disant, elle a nouveau passé sa main sur mes fesses en riant. C’était la première fois que je la voyais rire, mais sur son visage et dans ses yeux, il y avait toujours une lueur qui me mettait mal à l’aise … une distance, une dureté …
- Stan Riff
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