7 Annie
Parcours croisés – Lundi
Chapitre 7
Annie
La soirée s’étire doucement. Je pose mon livre sur la table basse et lève le visage vers la brise qui me rafraîchit et agite les franges du store. J’ai oublié de l’enrouler, comme j’ai oublié de ramasser les deux verres et le pichet de thé presque vide, les assiettes. Une guêpe se régale d’un morceau de tarte aux pommes abandonné.
Je regagnais l’arrière de la maison après avoir raccompagné Martina quand j’ai entendu la sonnerie du téléphone.
J’ai pris la communication sur le portable du salon. Marc m’a raconté sa route du jour, son premier déchargement à Stuttgart, son arrivée à la frontière autrichienne où il va passer la nuit sur un parking routier … j’ai pris la télécommande de la télé et me suis installée dans le canapé …. Pour charger deux palettes demain de bonne heure à Linz … j’ai zappé jusque sur Canal, les Guignols … ne t’inquiète pas c’est éclairé et gardé. J’ai monté le son de la télé pour écouter la marionnette de PPDA.
Marc parle toujours trop fort au téléphone, parce qu’il est loin, trop vite, parce que le forfait court ; il parle trop. Stuttgart, Linz … ça m’est un peu égal. Il a mangé des saucisses et des pommes de terre et a bu une bière … ça serait pas plutôt deux ? Ou trois ? Il vient d’où, ton gros bide ? … il va prendre un peu l’air pour digérer avant de dormir … et oui, j’ai pensé à sortir les poubelles … à demain.
J’ai éteint la télé, ouvert les fenêtres et repoussé les volets pour laisser entrer la fraîcheur du soir. J’ai pris mon bouquin, mes lunettes et suis allée m’installer sur la terrasse.
Je suis restée allongée, le livre posé sur mes jambes, les lunettes coincées entre deux pages. C’était une bonne journée. Martina m’a parue très sympathique, très nature, et elle a su me mettre à l’aise après l’épisode plutôt ridicule du matin. Voilà longtemps que je n’avais pas discuté comme ça, de petits riens, de choses plus intimes, comme on peut s’ouvrir à une inconnue ou à une vieille amie. Sauf que je n’ai pas de vieilles amies ; qu’elle pourrait être une amie, et plus l’inconnue que je n’apercevais que de loin ; un peu intimidante. Quand il parle d’elle, Marc l’appelle la pin-up, et c’est vrai qu’elle a une sacrée allure … … grande, vraiment grande, fine, des seins comme j’en rêve, qui étonnent, même, à côté de sa minceur, des yeux presque noirs, un charme fou … pas la peine de fantasmer sur son mec … Brad Pitt … avec une fille comme elle à la maison ! Ce n’est pas juste ! Même son nez busqué lui donne du charme ! Et en plus elle est sympa … pas de justice !
Et moi qui tortillait mon derrière sous le nez de son mec tout l’après-midi ! Quoique … je l’ai surpris plusieurs fois à y jeter un œil …
Ce barbecue … je n’ai pas vraiment dit oui. J’aimerais bien, pourtant … mais je les connais pas, et elle a dit qu’il y aurait des amis, deux ou trois … qu’est-ce que je vais faire là au milieu …
Je me lève, ramasse verres et assiettes et les mets dans le lave- vaisselle. Je range mon livre, pas envie ce soir … je traîne, allume la télé, éteins la télé, je traîne … qu’est-ce que je me mets, si j’y vais ? J’ouvre en grand les deux portes coulissantes de la penderie de ma chambre … t-shirts et polos sur les étagères, shorts, un bermuda, chemisiers sur des cintres, deux robes, des jupes, jeans et pantalons de toile, deux tiroirs de sous-vêtements en vrac, un étagère avec survêtement, collants de jogging, une paire de chaussettes sales.
J’empile sur le lit : une robe bleue dos nu à fleurs et un châle, le bermuda beige et un polo coton blanc à col rond, un pantalon en lin gris taille basse, une jupe longue blanche à volants, un haut de soie noire.
Je me déshabille, pieds nus sur le carrelage et j’essaie tout, debout devant la psyché dans l’angle de la chambre, de face, de profil, cou tordu pour me voir de dos, je fais blouser, je plaque mes mains sur mes fesses, prends des poses … et quelles chaussures ? En slip, seins nus, je descends au sous-sol, ouvre la vielle armoire, et remonte avec des tennis blancs en toile, des sandales plates en cuir tressé, des mules blanches ouvertes avec un petit talon … et je reprends mes essayages en changeant de chaussures.
Je garde la jupe blanche à volants et le pantalon de lin, un t-shirt de coton blanc à col rond et mon petit haut noir en soie. En fait j’ai déjà choisi … mais au cas où … je garde les deux, et j’essaie encore … la jupe et le pantalon me moulent bien les fesses, le t-shirt est assez court pour découvrir un peu mon ventre quand je bouge, la jupe est gentiment transparente à la lumière, les fines bretelles du haut noir laissent mes bras et mes épaules nues, mes seins se promènent librement dans le coton et la soie … mais on voit la couture du slip avec jupe et pantalon.
Sous- vêtements … je sais ce que j’aimerais, mais ça n’ira pas … déjà, pas de soutif, j’en mets jamais ou presque et je ne suis pas à l’aise avec … en plus ceux que j’ai ne sont pas beaux … et pas assortis … non, faut un string, mais voilà … j’ai choisi la jupe … et un string noir, ce n’est pas génial … la jupe est un peu transparente … carrément moche avec du noir …
Sans que je me sois vraiment attardée dessus, une idée me trotte dans la tête depuis que j’ai choisie la jupe … je fais ou je ne fais pas ?
J’ai bien un string blanc … sans coutures … que j’ai acheté « pour voir » mais que j’ai remisé au fond du tiroir après l’avoir essayé … c’était vraiment moche … mais, je pouvais arranger ça …
Je suis assise au bord du lit. Les tenues et chaussure assorties sont posées à côté de moi, et je réfléchis, tournant autour de mon idée … je fais … je ne fais pas … je baisse la tête vers mon ventre, j’écarte les jambes. Je passe mes doigts écartés comme les dents d’un peigne dans les poils bruns qui remontent haut sur le ventre, débordent sur les cuisses, dépassent le pli de l’aine, longs, épais … Marc sera pas content … et je m’en fous … aujourd’hui je m’en fous … huit ans que je me contente d’un petit coup de ciseau sur les côtés … il dira ce qu’il voudra, ça m’est égal … c’est mes poils après tout, j’en fais ce que je veux !
Décidée et contente de l’être, je me lève, ouvre grand le tiroir des sous-vêtements. Je le vide entièrement à la recherche du string blanc que j’y ai abandonné après le premier essai. Le voilà … encore dans sa pochette de plastique : Body Touch, y’a encore l’étiquette sur la pochette, 14,05 euros … Je l’étire devant mes yeux … toutes les bordures dessinent des petits arrondis … allez ! C’est décidé !
Dans la salle de bains, j’enlève ma culotte et la jette dans le panier à linge sale. De l’armoire de toilette, je sors les ciseaux, un des rasoirs jetables de Marc, sa mousse à raser. Je vais dans la cuisine chercher une petite bassine que je remplis d’eau chaude. Comment je m’installe ? Je décroche le miroir rectangulaire du couloir et le pose contre la baignoire, légèrement incliné. Je retourne dans l’entrée, allume la lumière, et face au grand miroir en pied, utilisant mes mains comme des masques, j’étudie, place mes mains plus haut, plus bas, plus rapprochées ou plus écartées. J’essaie de deviner le résultat … je ne veux pas tout couper, le minimum en fait, mais il faut que tous les poils restants tiennent dans le string sans déborder.
Je retourne à la salle de bains et m’assois fesses nues à même le carrelage, jambes largement écartées face au miroir.
Je prends la mousse à raser et m’en étale sur le devant des cuisses. Le rasoir … doucement … ne pas me couper … faire glisser. Je rase en remontant du dessus de la cuisse vers le pli marqué de l’arrondi du ventre, descends à petits coups de rasoir de l’intérieur de la cuisse vers le pli de l’aine, plus bas encore jusqu’au début du pli de la fesse, rince le rasoir, change de main pour faire l’autre jambe, et recommence en rasant cette fois dans l’autre sens, du sexe vers la cuisse. J’essuie les quelques traces de mousse qui restent sur ma peau et dans mes poils avec une serviette, me relève et je reviens devant le grand miroir de l’entrée pour voir le résultat, jambes serrées puis genoux écartés … déjà satisfaite … ma chatte a plus la même tête … ventre mieux dessiné après la disparition des poils qui envahissaient mes cuisses … ça va, t’es sur la bonne voie … je retourne dans la salle de bains, enfile le string et reviens dans l’entrée ciseaux en main … ben y’a encore du boulot ! … le string monte en vé assez fermé, presque droit, et les poils qui montent sur les côtés en suivant la courbe du ventre dépassent d’un bon centimètre.
Main gauche glissé dans le string, je peigne mes poils vers la fente, de la main droite j’ajuste le bord du string, et avec les ciseaux, je coupe aussi ras que possible tout ce qui dépasse. Je répète l’opération de l’autre côté, reprends mes poses pour voir le résultat, rectifier un peu.
Assise devant le miroir adossé à la baignoire, je finis le travail au rasoir, glissant de l’extérieur vers mon sexe, de bas en haut, de haut en bas, jusqu’à ce que du bout des doigts je sente ma peau parfaitement lisse. J’enfile une nouvelle fois le string, m’observe à nouveau en pied … et me surprend à sourire bêtement à mon image … pas mal, pas mal, raccourcir un peu les poils sur les côtés, juste raccourcir … Je peigne, soulève les poils qui remontent sur les côtés, les prends entre l’index et le majeur, comme je le vois faire dans mes cheveux à ma coiffeuse, et raccourcis sur toute la hauteur … un touffe de poils dépassait aussi en haut, sur le ventre … je raccourcis, abaisse le niveau au rasoir en descendant, pas trop, j’arrondis de chaque côté … A nouveau dans le couloir, j’ enfile un nouvelle fois le string que j’avais laissé sur la commode.
Je glisse un index de chaque main sous les bords du tissu pour bien le mettre en place, soulève la taille et la laisse claquer, je me tortille un peu, le replace bien droit dans la raie des fesses, le monte et le descends sur mes hanches … bien, très bien.
Un petit arrondi de poils dépasse encore en haut quand il est bien en place … j’y touche pas, ça donne un peu de piquant, décontracté et canaille, la fille qui a pas fait attention, pas mal … je me tourne dans tous les sens, inspecte, me tordant le cou à droite, à gauche pour me voir de dos, de dos pliée en deux jambes écartées … ah, là, un petit coup de ciseau est nécessaire ! Bon, personne ira voir se qui se passe par là, mais autant bien faire … un pied sur le rebord de la baignoire, j’écarte un peu le slip et coupe les poils qui dépassent encore, tout en bas du sexe, entre les lèvres et mon p’tit trou … voilà, terminé !
– Quel chantier ! Y’en a partout !
Je range la mousse à raser dans l’armoire de toilettes, jette le rasoir dans la poubelle de salle de bain, vide la cuvette dans le lavabo. Je remets en place le miroir dans le couloir … j’en profite pour arranger mes cheveux de mes doigts, enlever un de salive au coin des lèvres … je ne sais pas travailler sans tirer la langue … et continue mon nettoyage. Je balaie la salle de bain, passe ma main sous mes pieds nus pour les débarrasser des poils collés dessous, balaie tout le trajet de mes allers et retours, couloirs, l’entrée.
Pendant tout mon nettoyage, je jette un coup d’œil dans le miroir à chaque occasion. Je suis toujours seins nus et pieds nus, en string. Je m’observe tout en balayant, comme on jette un regard à une inconnue. Le coup de soleil que j’ai pris hier en bronzant sur la terrasse est moins rouge. J’efface d’une main la marque des carreaux sur ma fesse, petite boursouflure blanche sur la peau, quand même encore rougie, m’approche de la glace pour regarder mes seins, balaie d’un doigt un poil venu se poser là … ah, non, c’est un vrai poil, celui-là … ça m’énerve, ça, ses petits poils bien noirs qui poussent en bordure de l’aréole. Je pose mon balai, je vais chercher mes lunettes qui marquent la page de mon polar … repose le livre ouvert, à l’envers … et j’arrache un ou deux poils autour des aréoles avec une pince à épiler … waouh ! Fait gaffe ! Aïe ! … Je m’aime bien avec mes petites lunettes rondes sans monture, ça me donne un air … je ne sais pas de quoi … un air, quoi, pas mal ! J’ai serré mes seins d’une main pour faire gonfler l’aréole et m’épiler, et le bout reste durci. Enfin, pas le bout. Je n’ai presque pas de téton, c’est toute l’aréole qui se gonfle quand je suis excitée, qui devient proéminente et dure, le téton à peine marqué. J’ai des seins de gamine. Au moins, ils ne tomberont pas … même pas de pli marqué en dessous … manquerait plus ça, qu’ils s’aplatissent comme deux flans !
Mes seins m’ont toujours complexé. J’ai longtemps attendu de les voir grossir, ben non ! Je n’osais pas les montrer ! Au lycée et au club d’athlé, quand on se changeait aux vestiaires, ou quand on prenait notre douche, je tournais le dos aux filles ou mettais une main devant mes seins. Le bas, je m’en foutais, au contraire même, j’étais plutôt fière de montrer ma chatte et l’abondance de poils qui la couvrait ; ça installe, ça « fait femme » : Qu’est-ce qu’on peut être conne, parfois ! J’étais même fière de me montrer avec le petit cordon blanc d’un tampon qui pendait sur mes poils noirs ! C’est tout dire ! Je guettais le regard des filles : elles regardent ? Elles ont vu ? Et je tournais du cul, un bras devant mes seins en matant leurs seins, jalouse de leur poitrine arrondie, des tétons qui pointaient. J’ai passé des heures entières devant le miroir de la salle de bain à me masser les seins ! Les filles disaient que ça les faisait grossir ! Tu parles ! Et ma mère qui criait derrière la porte : « Qu’est-ce que tu fais ? T’as pas encore fini ? », Et moi je massais … à deux mains, je soupesais, je mesurais avec le centimètre de couturière de ma mère, recommençais … et rien n’a changé.
Par contre, mes massages me faisaient de l’effet … petit mais sensible ! Et je roulais entre mes doigts ce gros bout brun qui gonflait, presque indécent par rapport à la taille des seins.
C’est en les massant, vers 14 ans, que j’ai découvert qu’il y avait une connexion nerveuse spéciale reliant directement les seins au sexe : quand je les massais assez longtemps pour faire durcir l’aréole, je ressentais des picotements dans le sexe, et l’intérieur devenait tout humide, et quand je vérifiais d’un doigt d’où venait cette humidité, l’effleurement du petit bouton tout en haut provoquait des sensations très agréables. J’ai très vite constaté que la connexion marchait dans les deux sens : quand je m’attardais sous la douche avec le gant de toilette sur mon sexe, fouillant bien tout ses replis, mes seins devenaient plus lourds et durcissait. J’ai joué longtemps ce petit jeu, devant la glace, sous la douche, assise un miroir entre les jambes à découvrir mon anatomie, sans pour autant arriver à déclencher un orgasme. Je sentais bien qu’il manquait quelque chose, que ce n’était pas abouti, et mes petits jeux me laissaient un peu triste …
… Je crois me souvenir que j’ai eu mon premier orgasme vers 16 ans, dans mon lit, mais je ne sais plus exactement comment. Par contre, quelque chose avait dû se débloquer en moi, parce que ça a été de plus en plus facile à retrouver, et je suis devenue plus habile de mes doigts …
Quelques lectures choisies m’ont aidé, même si certaines descriptions m’ont laissée songeuse. Comment pouvait-on mettre deux, trois doigts au fond du sexe ? Quand j’essayais dans glisser un seul, j’étais bien trop étroite pour faire plus … Je me souviens avoir feuilleté des dictionnaires et découvert des mots qui me faisait monter le rouge aux joues : Le petit Larousse, objet de plaisir ! Ben, j’avais 14 ans et j’étais un peu naïve … ma mère ne m’a parlé qu’une seule fois, le jour de mes premières règles : elle m’a amené à la salle de bains, m’a tendu un gant puis une serviette hygiénique, m’a dit que ça recommencerait tous les mois, et que c’était comme ça pour toutes les femmes. Je n’ai pas osé lui dire, mais je ne savais même pas qu’elle saignait comme ça aussi. Heureusement, il y a eu Larousse et les planches anatomiques, les définitions qui introduisent de nouveaux mots : je me faisais des listes que je cachais tout au fond du tiroir de mon bureau : virginité, hymen, méat, clitoris, urètre, vagin, ovaires, cyprine, périnée, utérus … Deux ou trois ans plus tard, j’ai repris le Larousse : verge, gland, testicules, sperme … pourquoi j’y avais pas pensé plus tôt ? Je savais que ça existait, les garçons, pourtant ? Je vivais avec des filles, ma mère, ma tante, école de filles, filles dans les vestiaires … et les garçons étaient seulement des êtres agaçants aux jeux stupides qui racontaient des histoires idiotes et voulaient nous embrasser … et ça me laissait totalement indifférente, sans curiosité. Et puis les copines, les histoires chuchotées, les rires avec un regard en coin vers ces autres … « il m’a juté sur la main », « on l’a fait » … elle a fait quoi ? Ah ? Quoi ? Je me donnais du plaisir toute seule et je ne voyais pas bien l’intérêt de ses rapprochements, je crois même que ça me dégoûtait un peu. Mais je ne disais rien, bien sûr, j’écoutais, je riais d’un air entendu, mais oui, bien sûr que je savais comment on faisait ! « Tu me prends pour qui … » … alors petit Larousse, et j’ai fouillé les étagères des bibliothèques, et j’ai lu « j’irai cracher sur vos tombes » de Boris Vian. Je l’ai relu il n’y a pas longtemps, et je n’ai pas bien compris pourquoi c’est ce livre qui m’a ouvert les yeux !
Je range la pince à épiler et reste devant la glace ; je regarde dans le miroir les mains revenues sur mes seins, qui massent à pleine main, les doigts qui pincent le bout puis caressent doucement. Après toutes ces années, la connexion est toujours aussi efficace, je sens une humidité imprégner mon sexe. Sans réfléchir, sans intention, images de cours d’école, la salle de bains de ma mère, le vestiaire du jeudi après l’entraînement d’athlétisme, main descend sur mon ventre, lisse le doux tissu du string, enveloppe le sexe de la main entière, mesure l’épaisseur de la toison emprisonnée. Le majeur appuie plus fort et suit la fente des lèvres à peine marquée sous l’épaisseur des poils, montant au- dessus et joue avec les petites mèches qui dépassent, redescend lentement vers les cuisses serrées.
Film qui déroule ses images sur le miroir … Martina qui me parle et je vois avec ses yeux … moi sur le marchepied du camion fesses nues … le voisin qui ratisse son herbe, les muscles saillants de ses épaules … la jambe de Martina qui mange sa tarte, chemisier baillant sur le sillon de ses seins … le regard de Brad Pitt sur les reins levés que je tends vers lui … Martina qui pose sa main sur mon épaule pour enjamber le muret … et ma main qui continue, lentement, par-dessus le string …
J’ai toujours autant fantasmé sur les femmes que sur les hommes, et j’ai finalement aussi peu d’expérience avec les unes qu’avec les autres. Une année, j’étais en vacances chez ma tante et je dormais avec ma cousine, du même âge que moi. Elle travaillait toute la journée à la ferme avec sa mère et on se voyait peu ; on avait 17, 18 ans ? Matin et soir on se croisait dans la salle de bains « … entre filles, ce n’est pas grave … » même si ça me gênait un peu. On parlait le soir, dans le lit, mais je crois qu’on n’avait pas grand-chose en commun. Un soir, elle me racontait une histoire dont je me souviens plus, et je voyais sa main bouger régulièrement sous le drap. J’ai dû rougir ou elle a remarqué que je fixais le drap : « Tu le fais jamais ? ». Je ne pense pas avoir répondu. Elle a fait glisser le drap à ses pieds avec les jambes, nous découvrant complètement. Sa main était à l’intérieur de sa culotte, et elle était en train de se caresser. Elle a continué comme ça une minute ou deux. Je ne faisais pas un geste, ne regardant que cette main qui déformait la culotte. Elle a avancé son autre main, a pris la mienne, l’a posée sur mon sexe. Je n’osais toujours rien. Elle a retiré la main, baissé entièrement sa culotte et remonté son t-shirt haut sur son ventre et repris ses caresses. Elle a reposé l’autre main sur la mienne : « vas-y, caresse-toi, … fais comme moi … ». J’ai glissé la main sous mon slip de coton et j’ai commencé à me caresser. Je me souviens que j’étais trempée dès le début, le sexe inondé de mouille. Elle s’est donné du plaisir assez vite. Moi non. Je me suis arrêtée en même temps qu’elle : « T’as pas envie ? » … Nous nous sommes tournées chacune de notre côté. J’ai mal dormi. Il ne s’est plus rien passé du reste des vacances. Je l’avais observé jusqu’au bout, les yeux rivés sur sa main, son ventre et ses petits poils blonds, la chair rose qui s’ouvrait à grands mouvements tournants. Dix années après je revois dans le moindre détail toute cette scène et j’entends le clapotis rythmé qui accompagnait sa masturbation. Souvent les images me reviennent quand je me caresse.
Pour les hommes, ce n’est pas mon expérience qui pourrait nourrir mes fantasmes ! Le tout premier, celui qui m’a dépucelée, je n’ai fait l’amour avec lui qu’une seule fois. J’étais timide, lui aussi, et puis j’avais peur, de le décevoir et d’être déçue, et surtout d’avoir mal. Et en fait non, pas vraiment, mais je guettais tellement la douleur, cette « déchirure » comme on disait dans les romans que je lisais, que j’étais comme absente à ce qui se passait. Il s’est retiré assez vite, a mouillé ma cuisse, et … il c‘était rien passé, c’était fini et j’avais rien senti. Aujourd’hui, j’ai un sentiment de déception, de regret, d’être passée à côté de ce « grand moment », mais sur le coup, je sais que j’étais soulagée, je n’avais pas eu mal ! Et quand il m’a demandé : « c’était bien ? » – ils sont décidément aussi cons jeunes que plus vieux – je n’ai pu que dire oui puisque ce que je craignais n’était pas arrivé ! Quant à ce que j’en espérais …
Le second, c’était Marco. Il était gentil, il m’a demandé de l’épouser, on a attendu le mariage, et il était trop imbibé pour être capable de quoi que ce soit quand on a rejoint la chambre de l’hôtel où on avait fait le repas … il s’est rattrapé, bien sûr … en quantité … au début je faisais rien, et puis maintenant … je m’aide … à prendre du plaisir avec lui … et ça lui plaît … et le compteur est resté bloqué à deux … presque …
… au début de notre mariage, avant de déménager ici, je travaillais dans une grande surface, avec Alice. Elle était … entreprenante … et … j’ai cédé. Exactement ça, j’ai cédé. Parce que je ne me sentais pas bien, parce que Marco … j’ai cédé. Pour voir, par curiosité … et puis c’était bien. Se sentir portée, jouir autrement que de ma main … c’était bien. On passait chez elle en sortant du travail … et je prenais mon pied … avec en plus un goût d’interdit, de défendu, qui pimentait le plaisir. Marco n’a jamais su, et ne saura jamais pourquoi j’étais plus gaie pendant ce temps-là … et on a déménagé …
Je quitte la salle de bains et m’allonge sur le canapé du salon. Je retire mon string un peu tâché de mouille, et continue à me caresser mais je sais … je sais que ça viendra pas … je veux mais … tant pis.
Je ramasse mon string, le lave dans le lavabo et l’étend sur le porte-serviette ; je fais le tour de la maison pour fermer les volets.
Je range les vêtements qui traînent sur le lit dans la penderie, ne gardant sur le dos du fauteuil que la jupe blanche et le haut noir. Martina a dit qu’elle m’en reparlerait demain. Elle appellera ou elle passera, je préfèrerais qu’elle passe … elle passera ! C’est sûr ! Elle n’a pas mon numéro ! Je dirais oui.
8
Parcours croisés – Lundi, mardi
Chapitre 8
Alain
– Des invités ? Qui donc ?
Martina laisse glisser ses jambes au sol dans un soupir, se redresse vers moi :
– T’es toujours tout mouillé, toi ! et cette fois, c’est pas à cause de la douche …
Elle ramasse la serviette à mes pieds et m’essuie la bouche :
– Je sais pas encore trop bien, j’attends leurs réponses …
– On a des invités et tu sais pas qui ?
– Si, mais ils n’ont pas encore dit oui ou non, je saurai demain.
– Mais c’est qui ?
– … eh ben … sans doute Christophe et son « élève » …
– Jonathan ? le gars que j’ai vu à l’oasis ? Ah bon ?
– Bah, il est pas méchant … et puis il est toujours dans les jambes de Christophe, alors …
– Et puis ?
– On pourrait inviter ton copain ? Jérémy ?
– Je l’ai eu au téléphone ce matin, il a besoin du taille-haie …
– Il viendrait, non ?
– Ouais sans doute …
– … et puis peut-être la commerciale de l’agence dont je t’ai parlé .. ;
– Oh !oh ! celle qui te drague ?
– Mmm mmm … et puis une invitée surprise …
– Qui ça ?
– Si je te dis, c’est plus une surprise !
– Allez …
– … bon ! … ce matin … j’ai aperçue notre voisine en partant …
– Celle au camionneur ?
– Ouais, et puis … je te raconterai après. Ce soir, elle sortait les poubelles, on s’est présentées, on a discuté …
– Et tu l’as invitée …
– Attends ! c’est plus compliqué ! On a pris un thé sur sa terrasse, on a mangé une tarte …
– Wouah ! Les présentations vont vite, avec vous !
– On avait des choses à se dire … je te dirai … et puis elle est super sympa, tu verras …
– (et pas mal foutue, en plus !) Et tu l’as invitée !
– Ouais ! Et tu sais comment je suis rentrée ? En enjambant le petit muret entre nos jardins !
Je m’assois dans le canapé à côté d’elle. Martina s’essuie entre les jambes avec la serviette, s’appuie du coude sur le dossier, une jambe repliée sur mes cuisses.
– C’est pratique, ça … si elle est vraiment si sympa, je sais comment faire pour lui rendre visite discrètement !
– Tu t’arranges avec elle ! Mais ça m’étonnerait que tu lui plaises …
– Elle te l’a dit ?
– Non, mais t’as vu son mec ? t’as aucune chance ! un camionneur de 110 kg, tu fais pas le poids !
J’éclate de rire en même temps qu’elle :
– Bon, en tout cas ,c’est vrai qu’avec ce temps, un barbecue, ça peut être sympa …
– Tu veux pas me servir un verre ?
Je dépose un baiser sur sa tempe, et je vais à la cuisine préparer deux verres :
– COCA ?
– OUI, TRES BIEN …
Super idée la voisine, je la verrai de près. Plus besoin de mater en douce. Je reviens au salon, lui tends son verre :
– Je vais aller enfiler un short !
– Non, reste comme ça, je te veux tout nu, viens t’asseoir !
– … alors … « je te raconterai » … « je te dirai » , c’est quoi l’histoire ?
… et elle m’a raconté. Vu le temps qu’elle a mis et le luxe de détails de son histoire, je suis persuadé qu’elle a beaucoup brodé :
– Et t’as vraiment eu le temps de voir tout ça ? t’inventes pas ?
– Non, je t’assure ! C’est pour ça que je suis allée la voir ce soir, pour m’excuser ! Faire des réflexions comme ça, c’était gonflé, quand même ! Et puis elle avait l’air tellement malheureuse et gênée sur son trottoir … une chance, elle était dehors quand je suis rentrée ! Elle a de l’humour ça va … elle l’a bien pris … mais tu verras … elle est sympa comme tout!
– Et l’autre, ta commerciale ?
– S’appelle Véro ! Elle, c’est … différent … ce soir, je te raconterai … ce soir … on mange ?
J’ai mis un CD, et on a grignoté sur la table du salon.
Martina s’est allongée sur le canapé.
Je suis allé sur la terrasse, j’ai replié le lit-brouette cassé. On avait décidé de les remplacer de toute façon et j’irai en acheter deux nouveaux demain. Nous avons déjà choisi ensemble lesquels acheter en faisant des courses la semaine passée. Et puis je devrai aussi prévoir les achats pour le barbecue.
Je me suis assis sur les marches descendant sur la pelouse, fatigué. La chaleur de la journée après un week-end difficile, la rentrée inattendue de Martina en fin d’après-midi, tout se cumulait : un premier jour de vacances … étonnant ! Finalement, j’ai beaucoup apprécié la séance sous la douche. Ce n’était pas la peine qu’elle en soit gênée après coup. C’était très excitant. Je n’imagine pas pour autant me plier à ce qu’elle a dit. Moi, avec un autre homme, brrrr … mais sur l’instant, m’imaginer totalement soumis à ses ordres, c’était particulièrement excitant. Elle m’étonne tous les jours.
Je suis tombé amoureux au premier regard, scotché. Pourtant je m’étais bien juré de garder mes distances avec les femmes, de rester froid. J’ai été tellement mal avec Karine : deux mois d’amour, un an de guerre, et moi qui essayait de recoller les morceaux tout en sachant que ça ne marcherait pas. Elle est partie et j’étais vidé. Et puis voilà, trois mois à traîner ma misère, à prendre des résolutions et … Tina.
On était fatigué tous les deux, besoin de sommeil. Tina a pris une douche et m’a rejoint au lit. La nuit est tombée. J’ai ouvert fenêtre et volets pour laisser entrer la fraîcheur. Je fermerai dans la nuit, avant le jour.
Malgré un reste de moiteur dans l’air, Tina s’est rapprochée de moi, a posé la tête sur mon épaule et a passé un bras sur ma poitrine. J’ai glissé mon nez dans ses cheveux et pris un sein dans ma main. Je m’endors souvent comme ça, et elle me laisse faire, vient au devant quand je tarde, me prenant la main pour que je joue avec ses seins.
– Il faut que je te parle de Véronique.
Elle s’est tue ; j’attendais. Elle s’est redressée sur un coude, a glissé sa main dans mes cheveux, a fixé ses yeux dans les miens et m’a raconté, sans jamais lâcher mes yeux …
J’ai parfois une boule d’angoisse qui me prend la gorge, me serre les tripes, à l’idée de la perdre. Je crois que je ne supporterai s pas. Ce qu’elle est, telle qu’elle est, tout m’est égal si elle est près de moi. Qu’elle m’aime, qu’elle m’aime encore et encore. C’en est presque ridicule et niais, mais c’est si fort ! Malgré tout ce que j’ai vécu avant, j’ai une totale confiance en elle. Elle a vécu, moi aussi, et on s’est trouvé ! Je ne suis ni un ange ni un saint, je le sais. Je regarde d’autres femmes, j’ai même parfois envie d’elles, et si l’occasion, les circonstances, faisaient que … un jour, peut être … qui peut savoir … Mais je n’aimerai plus qu’elle.
… elle m’a raconté … la jolie jeune femme blonde qui la dévorait des yeux, qui perdait ses moyens … je comprenais … qui faisait tout pour la séduire, jusqu’à s’exposer … je comprenais … les attentions, les gestes, les regards perdus de désir … je comprenais …
… elle m’a raconté … la tentation, la gourmandise, le premier geste … je comprenais … le goût sucré, les caresses, le plaisir … je comprenais …
Et j’étais entré dans l’agence : elle était tombée amoureuse de moi .
Au fil des premières semaines, elle avait ressenti le vide qui l’a prenait à la fin de nos visites d’appartement.
Et puis, j’avais tout emporté sur mon passage en un après-midi, une soirée, une nuit …
… et elle avait appris à me connaître, à vivre au jour le jour … et j’étais sa vie …
Et elle était ma vie.
… et je savais la suite … et … qu’importe …
– Tu l’aimes ?
– … non … toi je t’aime … c’est le seul mot que je connais pour dire ce que j’éprouve pour toi, alors ça peut pas être le même mot, impossible … mais j’aime ce qui se passe avec elle … j’aime son attente … et en plus, j’aime le plaisir que je lui donne et celui qu’elle me donne … je ne joue pas avec elle … je ne profite pas d’elle et je ne veux pas lui faire de mal, d’aucune façon.
– …
– Dis-moi quelque chose …
Je lâche son sein que j’ai continué à caresser tout le temps qu’elle parlait, qu’elle s’arrêtait pour réfléchir, peser ses mots, et je la pose sur sa joue :
– Tout va bien, Tina, tout va bien, tu es là près de moi. Je t’aime … c’est aussi le seul mot que je connais. Il faudrait tellement plus de mots. Je comprends ce que tu m’as dit, et tout va bien. Je ne t’aimerais sûrement pas si tu étais différente, alors tout va bien. J’espère bien, que tu ne joues pas avec elle ! Tu ne serais pas celle que j’aime …
Elle a reposé sa tête sur mon épaule, a pris ma main pour la poser sur ses seins, passé son bras sur ma poitrine. Je sentais ses larmes couler sur mon épaule.
– Tu pleures beaucoup, aujourd’hui …
– T’es souvent mouillé, aujourd’hui …
– Tu me la prêteras ?
Elle me mord l’épaule :
– T’es rien qu’un p’tit salaud !
Nous nous sommes endormis.
Mardi …
Le réveil a sonné à 6h30. Le soleil envahissait la chambre ; je ne m’étais pas réveillé pour tirer les volets dans la nuit. Tina dormait toujours, en travers du lit, la joue sur mon ventre. Je l’ai doucement secouée ; elle a grogné, mais à sa respiration toujours aussi régulière, j’ai vite compris qu’elle dormait toujours. J’ai gratté son dos, de la nuque à ses reins ; «… encore … » ; j’ai recommencé et elle a certainement ouvert les yeux :
– Ohlala ! c’est à toi, ça ?
– Mmm ?
– Y’a un truc qui me regarde …
La première chose qu’elle a eu sous les yeux en se réveillant est mon érection du matin.
Elle s’est assise au bord du lit, et après quelques instants s’est levée et est partie vers la salle de bains d’un pas hésitant.
J’ai entendu la chasse d’eau et l’eau de la douche qui coulait.
Je me suis levé à mon tour, j’ai enfilé un caleçon.
J’ai ouvert la porte coulissante de la terrasse, préparé deux tasses de thé, tartiné deux tranches de quatre-quart de confiture d’abricot. J’ai transporté nos petits déjeuners sur la table de la terrasse, protégée du soleil par l’angle de la maison. Il faisait encore frais et le ciel était d’un bleu uniforme.
Martina m’a rejoint enveloppée dans son drap de bain attaché d’un gros nœud au-dessus de seins.. Je la regardais avancer vers moi, traversant toute la longueur du salon ; chaque pas découvrait son sexe entièrement épilé. Elle s’est assise sur mes genoux pour boire un peu de son thé, manger les deux tranches de gâteaux. Elle a fini son thé lentement tenant sa tasse à deux mains, coudes sur la table :
– Qu’est-ce que tu fais, aujourd’hui ?
– Cet après-midi j’irai au supermarché acheter deux bain de soleil … Jérémy passe en fin de matinée … je lui parlerai du barbecue … tu le sauras quand, combien on sera ?
– Je t’appelle après le déjeuner.
– Tu rentres tôt ?
– J’aimerais bien … tu seras sous la douche ?
– Oh ! sans doute ! et j’essaierai d’être seul …
– Tu t’es déjà douché au thé chaud ?
Elle se lève en riant :
– Je m’habille dans la chambre, prends la salle de bains ! T’as dix minutes et pas une de plus ! je veux t’embrasser avant de partir.
– Bien madame …
Dix minutes plus tard, je l’accompagne jusqu’à sa voiture :
– Tiens, y’a ta copine …
Martina se retourne. Effectivement, Annie est devant sa maison. En collant de jogging, un pied appuyé au mur de pierre qui sépare sa maison de la rue, elle fait des étirements, un jambe après l’autre, abaissant le torse au contact du genou de sa jambe tendue :
– Vachement souple … je serai bien incapable d’en faire autant !
– Déjà, avec ta jupe, ça serait dur !
– Même sans !
– … mmm … essaie donc !
– Pfff ! … BONJOUR ANNIE !
Notre voisine se redresse, tourne la tête, et fais un petit signe de la main :
– BONJOUR !
Elle semble hésiter un instant, et se décide à venir vers nous. Collant noir moulant de jogging, maillot sans manche, une ceinture autour de la taille qui maintient une bouteille d’eau dans son dos, lunettes de frogger glissée dans les cheveux : mignonne, démarche souple et dansante de sportive. Elle me tend la main :
– Bonjour …
Je lui serre la main, brusquement conscient de ma tenue : caleçon et vieilles claquettes de plage.
Elle se tourne hésitante vers Martina, qui s’avance sans façon et l’embrasse sur les joues :
– Tu cours beaucoup ?
– Deux fois par semaine, 10 ou 15 km, ça dépend de ma forme.
– Et aujourd’hui ?
– 10, ça suffira !
– Au fait, je te présente Alain … et voilà Annie …
On se fait à nouveau un petit signe de tête :
– On s’est vu de loin, hier … chacun à trimer en plein soleil pendant que tu te la coulais douce au bureau !
– Oh ! mais je vous cède ma place et je prends la vôtre si vous y tenez …
– Sans façon !
– Tu irais courir à ma place ?
– Oh non ! c’est pas trop mon truc ! Au fait, tu as réfléchi ? On compte sur toi demain, tu sais !
– …
– Allez, s’il te plaît … ça nous ferait tellement plaisir !
– C’est vrai, laissez-vous convaincre !
– Bon, d’accord ! je viendrais … mais je ne connais pas vos amis …
– Tu me connais moi et maintenant tu connais Alain … et puis si vous jardinez aujourd’hui encore, vous vous connaîtrez encore mieux ! … j’ai fait toute une liste … il faut encore qu’il désherbe tout le long de la maison et le long du mur !
– Aujourd’hui ? T’es dure, là …
– Moi, j’ai pas de liste, je vais plutôt profiter de ce beau soleil …
– Oh Oh ! Fais attention, t’es déjà bien rouge …
Martina rit et je ris aussi, au souvenir de sa vision du coup de soleil que Martina m’a raconté hier soir. Annie reste interdite, passant de Martina à moi, hésitante sur ce que Martina vient de dire, et rougit un peu :
– … t’as pas fais-ça …
Martina hausse les épaules avec une petite mimique d’excuse, prend Annie par les épaules et lui plaque un gros baiser sur la joue :
– Y’a bien fallu que je lui dise comment on s’était rencontrées … on a pas de secrets …
Annie a les joues en feu. Elle fixe Martina, plisse les yeux, lui donne un petit coup de poing sur l’épaule :
– T’es pas drôle ! Tu seras jamais ma copine !
Martina la reprend par l’épaule en riant, la tourne vers moi et me montre de la main :
– Tu crois que c’est mieux ? t’as vu comment monsieur se promène dans la rue ?
Annie fait la moue en me regardant, bras autour de la taille de Martina :
– … c’est pas pareil …
– C’est vrai ! … mais on peut arranger ça …
Je me recule, faisant mine de me cramponner à mon caleçon :
– Non ! non ! non ! n’y comptez pas ! pas question !
Je fais semblant de regarder à droite et gauche dans la rue, guettant la présence d’un spectateur éventuel :
– J’ai une réputation, moi ! Je ne me donnerai pas en spectacle !
– Dommage !
Martina joue l’offusquée , et repousse Annie :
– Dis-donc, toi ! Qu’est-ce que ça veut dire « dommage » ? … Chéri, finalement, je t’interdis de mettre le nez dehors aujourd’hui ! je n’ai pas trop confiance dans cette voisine !
Nous avons ri ensemble. Martina est partie au travail, Annie est partie en petites foulées. Je leur ai fait un signe d’au revoir à toutes les deux et suis rentré. Martina ne m’avait pas menti, Annie m’a semblé très sympathique et amusante … joli visage, souriante, son collant laissait deviner de belles jambes … et de belles fesses, mais ça, j’avais déjà eu l’occasion de m’en apercevoir hier dans le jardin !
J’ai traîné toute la matinée, et je venais juste de m’habiller quand Jérémy est arrivé vers 11h30 pour m’emprunter un taille- haie. Nous avons discuté et pris un verre sur la terrasse. Je lui ai parlé du barbecue mais il a décliné : Il devait partir le lendemain matin chez son père qui n’allait pas très bien.
J’étais déçu et Martina le serait sans doute aussi, nous passions parfois de bonnes soirées avec lui, et j’étais persuadé qu’il aurait apprécié l’humour de Christophe. J’ai insisté, mais il ne pouvait pas retarder son départ, il était inquiet pour son père.
Après son départ, j’ai regardé les infos à la télé en mangeant un sandwich.
Martina a téléphoné en début d’après-midi, pour me confirmé la venue de Christophe et Jonathan. J’ai entendu Christophe crier « Salut viking ! » pendant notre conversation. Elle devait être en train de déjeuner à l’Oasis comme tous les jours avec la petite bande d’habitués. Elle n’avait pas pu joindre Véronique. « Baiser, mon cœur, sois sage ! » et elle a raccroché.
J’ai jeté un coup d’œil à la liste des travaux qu’elle avait préparé la veille … remis ça à plus tard … et suis parti au Centre commercial acheter les lits-piscine comme prévu.
— Stan Riff
Ajouter un commentaire