Mon ventre continuait à grossir, mes envies sexuelles grimpaient exponentiellement. Ça se voyait de plus en plus sur les photos qui étaient de moins en moins du nu artistique. Je montrais tout à Yvan. Je le voyais tiquer lorsqu’on en voyait un peu trop… Il n’aimait pas que j’écarte les cuisses et que je m’offre des orgasmes devant ces objectifs. Mais il prenait sur lui. Il fallait qu’il patiente encore un peu… Ça allait bientôt s’arrêter… Il fallait encore attendre jusqu’à l’accouchement. J’ai ensuite arrêté de poser… Je n’étais de toute façon plus une femme.
Jade… Ma petite Jade… Comme elle était magnifique… Le plus beau bébé du monde. J’aurais tellement voulu pouvoir la tenir dans mes bras plus de trente secondes après qu’elle soit sortie de mon ventre. Mais, il a fallu la confier en urgence aux infirmières. J’avais alors dit à Yvan « Ne la quitte pas des yeux », et ils m’ont emmenée, je faisais une hémorragie interne… Une minute de plus et elle aurait grandi sans la présence de sa mère.
J’aurais aimé avoir d’autres enfants avec Yvan. Mais ce n’était plus possible : la machine à fabriquer les bébés était cassée. J’étais déjà contente d’avoir Jade, j’adorais lorsque les enfants d’Yvan me disaient « maman… heu, Pauline… ». Qu’avais-je besoin de plus ? J’avais déjà ce qu’il fallait, avec un futur mari formidable qui se moquait à peine de moi lorsque je mettais les couches à l’envers, ou que je n’avais pas anticipé le pipi au moment où je la changeais.
Yvan, lui, ne se trompait jamais… Il était le père parfait, et moi qu’une pauvre conne trop nulle qui ne servait plus à rien.
Chapitre 13

— C’est au moins la sixième que tu ouvres depuis que je suis arrivée.
— La septième pour être précis.
— T’es finalement plus lucide que je le pensais. T’en as bu combien avant ?
— Nathalie, tu n’es ni ma mère, ni ma copine…
— Ne sois pas méchant. Je suis venue pour te réconforter.
— T’es là pour qu’on baise, parce que Pauline t’a demandée pour… je n’ai même pas compris la raison en fait. Merci pour ton strip tease, j’ai apprécié même si je n’en donne pas l’impression, mais tu peux te rhabiller et rentrer chez toi !
J’avais vexé Nathalie. Indirectement, je l’avais traitée de pute et je m’en foutais totalement. J’avais juste envie d’être seul. Nathalie alla prendre une douche, j’en ai profité pour m’enfiler deux bières de plus avant d’aller me coucher. Je n’arrivais pas à dormir.
J’entendais Nathalie en train de ranger le salon que j’avais laissé en bordel depuis le départ de Pauline. Des bouteilles de bières trainaient partout, des assiettes sales… Puis, elle rentra dans la chambre et se glissa dans le lit.
— Tu ne veux vraiment pas me laisser tranquille ?

— Je n’ai pas envie de rentrer chez moi. J’avais prévenu mon mari que je dormirai ici ; donc, je n’ai aucune raison de partir.
— A une condition, que tu me rendes les clés de ma moto… Ou au moins du scooter.
— Lorsque tu iras mieux. Heureusement que tu n’as pas la garde de tes enfants ce week-end… Elle a besoin d’être seule avec Jade pour apprendre à être mère.
— Seule ? Elle est chez Charline… Elle est partie si brusquement… Elle va me quitter. Je ne sais même pas ce que j’ai fait de mal.
— Rien. Tu n’as rien fait de mal. Elle a juste stressé. Tu sais, Jade sera son unique enfant. Et qu’elle aurait voulu en avoir un autre ou pas n’a pas d’importance, car la nature ne lui a pas laissée le choix. C’est comme ça. Elle a besoin de s’occuper d’elle et que tu ne sois pas là pour corriger ses erreurs. Ça ne veut pas dire qu’elle va te quitter.
— Ça en a tout l’air.
— Elle s’inquiète pour toi, et elle compte sur moi pour te remonter le moral, d’une façon ou d’une autre.
— … J’ai envie de pisser.
Je me suis levé. Je titubais. Je me suis cogné dans chaque porte, complètement bourré. Et j’ai enfin réussi à atteindre les toilettes. La cuvette bougeait dans tous les sens, je ne savais pas où viser. Mais, Nathalie ne me quitta pas d’une semelle. Restant dans mon dos, elle prit mon sexe mou dans sa main en me disant « je vais t’aider ». Puis, elle me raccompagna dans le lit et se blottit contre moi.
— Tu crois qu’il faut que j’annule le mariage ?
— Pourquoi ? Elle t’a dit qu’elle ne voulait plus se marier ?
— Non, je ne lui ai pas demandé.
— Alors, pose-lui la question.
— J’ai peur qu’elle réponde oui.
— Et tu préfères l’attendre à la mairie sans savoir si elle va venir ?
— … Si Pauline n’avait jamais existé, je te demanderais de quitter ton mari pour moi.
— Je n’y crois pas une seconde. Si elle n’avait jamais existé, tu ne m’aurais jamais demandée de coucher avec toi. Et peut-être pire encore, tu serais toujours marié à ton ex-femme. Elle revient quand ?
— Elle ne sait pas encore… Elle va peut-être passer Noël avec Charline.
— Propose-lui de revenir avec Charline, il y a de la place à la maison pour la faire dormir.
— J’ai encore envie de pisser.
Une année sur deux, j’avais mes enfants pour noël. L’année d’avant, c’était le tour d’Elise. Je les avais donc et c’était l’occasion de le passer en famille. Ça devait se dérouler chez ma sœur. Il y aurait eu mes parents, et peut-être même mes grands-parents qui n’avaient pas encore fait la connaissance de Jade. Mais, j’ai annulé. Je préférais être en comité restreint, Pauline acceptant de revenir pour Noël mais accompagnée de Charline.
Les trois filles arrivèrent enfin. J’ai tout de suite vu que Pauline était exténuée. Elle ne me parla pas, pas même un « bonjour », rien. Elle me mit juste Jade dans les bras en disant vaguement « je vais me reposer », et s’enferma dans la chambre. J’ai alors demandé à Charline :
— Ça s’est mal passé ?
— Ta fille a été horrible avec elle. Ça fait quinze jours qu’elle n’a presque pas dormi. Avant que j’oublie, je vais mettre les biberons au frigidaire.
— Elle a arrêté de l’allaiter ?
— Jade refuse de boire au sein, elle refuse aussi tous les laits synthétiques. Donc, Pauline tire son lait, mais faut bien le conserver… Ne fait pas cette tête, elle est vraiment contente d’être rentrée. Laisse lui deux-trois jours de repos, elle en a besoin.
Puis, Charline partit pour aller poser ses affaires chez Nathalie, faisant un bisou à Jade en l’appelant « la terrible ». Jade ? La terrible ? Elle n’en avait vraiment pas l’air. Elle était toute contente de me voir. Je suis allé lui donner un bain. Elle aimait jouer avec l’eau.
Pauline vint nous rejoindre peu après, encore toute endormie. Elle resta sur le pas de porte, s’adossant contre le mur.
— Ça fait du bien de l’entendre rire. Elle a passé son temps à pleurer et à chouiner avec moi.
— T’as pu te reposer un peu ?
— Oui. J’ai pu dormir trois heures, je crois. Ça ne m’est pas arrivée depuis que je suis partie.
— Maintenant que t’es revenue, tu pourras dire à Nathalie de me rendre les clés de la moto.
— La moto… Evidemment, c’est tout ce qui t’intéresse…
— Pauline, tu es partie précipitamment sans prévenir ! Tu as demandé à Nathalie de coucher avec moi. Je dois comprendre quoi ? Si tu veux qu’on se sépare, dis-le franchement car moi je n’en ai aucune envie. Je suis amoureux de toi.
— Je vais me chercher un verre d’eau.
— Réponds au moins à cette question : veux-tu annuler le mariage ?
— … Pendant que j’étais chez Charline, j’ai couché avec quelqu’un d’autre.
— … Hein ? … Je crois avoir mal compris.
— Le premier homme qui m’a touchée depuis la naissance de Jade est un autre que toi. C’est plus clair comme ça ?
Elle partit, je l’entendis se faire couler un verre, puis revint me voir ; elle avait pensé à me ramener une bière. Je ne disais rien, vexé, en colère aussi, mais sans vraiment y croire. Elle regardait sa bague de fiançailles, Jade m’éclaboussait, puis se mit à faire des babababa.
— Je crois qu’elle a faim. Je vais la sortir. Tu peux t’en occuper pendant que je vais lui faire chauffer un biberon ?
— Oui… Et toi ? Tu veux annuler le mariage ?
— Non !
— Tu acceptes d’être cocu ?
— J’accepte juste que tu ais eu besoin de détente et de tendresse. Pour le reste, ça ne change rien. Vas-y, prends là… On dirait qu’elle veut se nourrir à la source.
— … On dirait bien… La chipie, elle s’est vengée parce que j’étais partie… Elle ne veut pas que je m’éloigne de toi.
— Tout comme son père.
Pauline s’est installée sur le canapé avec Jade dans les bras. Elle a dénudé un sein, ma fille s’est précipitée dessus goulument. Pauline me fit signe de venir m’assoir à côté d’elle, j’ai accepté. Elle a posé sa tête sur mon épaule. On est resté quelques minutes comme ça, sans parler, juste avec les bruits de sucions que faisaient Jade. J’ai rompu le silence
— Le fait que je veuille m’occuper de Jade ne signifie pas que je te considère comme une mauvaise mère.
— Mais, je le suis. J’ai regardé des milliers de trucs sur internet, et ça ne fonctionne pas.
— Parce que chaque enfant est différent. C’est à nous de s’adapter à eux, pas l’inverse. On ne peut que leur enseigner les règles de la vie.
— … Elle ne s’endormait que lorsque je lui montrais une photo de toi sur mon téléphone.
— T’as trouvé son point faible. On va mettre plein de photos de moi dans sa chambre, elle va dormir des heures et des heures.
— … Elle s’est endormie…Yvan, je t’ai menti, je n’ai couché avec personne. Je veux me marier avec toi, et je veux que tu me fasses l’amour.
— Et si je te disais que j’ai couché avec Nathalie ?
— Je sais que ça ne s’est pas produit même dans tes rêves les plus fous.
— Je n’ai pas rêvé depuis que tu es partie. Ne me refais plus jamais ça.
— Promis, je ne te quitte plus… De toute façon, elle ne me laissera pas faire.
Jade fit sa première nuit complète. Pauline s’était endormie à son tour pendant que je lui massais le dos. Elle était là, elle était revenue. Et finalement, au dernier moment, nous sommes allés passer Noël chez ma sœur. C’était l’occasion de montrer Jade à ceux qui ne la connaissaient pas encore, et de présenter Charline, le témoin de mariage de Pauline et quasiment la seule famille qui lui restait maintenant.
Chapitre 14
— Comme tu es jolie… Tu ne stresses pas toi ? Moi, je suis à fond. C’est ton grand jour. Tu réalises ? C’est ton grand jour à toi…
— Calme-toi Charline. Respire, tout va bien se passer. Tu veux aller faire un tour dehors pour prendre l’air ?
— Oui, non, je ne sais pas. C’est un peu comme si j’étais à ta place…
— Tu le seras peut-être un jour.
— Qui voudrait d’une folle de 46 ballais avec des tatouages partout et des piercings ?
— L’homme qui t’aimera pour qui tu es. Il y aura des célibataires, profites-en.
— Juste trois, et je me compte dedans. Et non merci pour ton cousin, bien trop jeune et immature. Et l’autre, un cousin divorcé d’Yvan venu de Montréal… Génial, il va parler caribou toute la soirée ou de son ex-femme…
— Amuse-toi juste et laisse aller les choses.
— Comment tu fais pour avoir l’air si calme ? Tu es prête ? Il va falloir y aller… C’est bien la première fois que je voie une mariée en bleu et aussi sexy.
En bleu… les cheveux, la robe… J’étais vêtue exactement de la même manière qu’il y a 6 ans, lorsque j’ai vu Yvan pour la toute première fois. Je n’avais rien de plus, je n’avais rien de moins. Yvan croyait que je m’étais débarrassée de cette robe, je le lui avais fait croire. Je l’avais cachée en espérant qu’un jour cet évènement arriverait. Mais, c’était la dernière fois que je la mettais ; elle me faisait quelque part trop penser à André, ce vieillard pour qui j’avais posé durant mes études, qui me mentit et me donna l’impression de n’avoir été qu’une pute.
Charline m’attendait avec mon manteau et mon écharpe pour m’accompagner à la mairie. C’était le moment d’y aller. C’était le moment d’aller dire oui devant le maire, de vérifier que Jade était entre de bonnes mains, celles de la sœur d’Yvan. Je me sentais incroyablement sereine.
Yvan… lorsqu’il me vit sans manteau… le regard fixe, aucune expression ne transpirait de son visage. Mais ses yeux ont changé instantanément de couleur. D’un bleu sombre, ils se sont éclaircis, se sont illuminés, se sont mis à briller.
Pendant que le maire faisait son discours, il me glissa à l’oreille « J’ai repéré où sont les toilettes ». J’ai souri, et je lui ai répondu « moi aussi. J’espère que ça ne va plus durer trop longtemps ». Il fallait encore patienter un peu. Puis, nous avons signé les papiers, et pendant que c’était le tour des témoins, nous nous sommes éclipsés.
C’est seulement à ce moment-là, alors que j’étais mariée depuis quelques minutes, dans les bras de mon mari, j’ai réalisé… j’étais libre, j’étais bien. Ma vie commençait enfin. Je n’allais plus jamais être seule, et plus qu’un mari, j’avais une âme sœur.
Quelques jours avant, je m’étais demandée si mon choix de robe de soirée allait choquer, me faisant hésiter. Je n’ai eu au moment de l’enfiler plus aucun doute. Je n’avais plus peur de me montrer tel que j’étais, de dévoiler devant tout le monde mon manque de pudeur, et Yvan me trouva sublime, c’est tout ce qui comptait.
On parla longtemps de cette robe blanche au décolleté plongeant, moulant mon corps jusqu’aux fesses et s’évasant doucement jusqu’au sol, entièrement transparente, juste quelques dentelles bleu clair couvrant à peine mes seins, mes fesses et mon minou.
Mais, si beaucoup se souvinrent de cette robe le jour de notre mariage, mon souvenir était plutôt porté sur les baisers de Charline avec « caribou », le cousin d’Yvan. Je trouvais qu’ils allaient bien ensemble, et je n’ai pas été étonnée lorsqu’elle m’annonça quelques semaines après qu’elle allait passer plusieurs jours à Montréal… Trois ans plus tard, j’étais témoin à leur mariage.
Entre temps, nous avons déménagés. L’appartement était devenu bien trop petit pour y habiter à cinq. Les enfants du premier mariage d’Yvan préféraient vivre avec nous, et ils étaient arrivés à un âge où leur avis comptait. S’en était fini de ma nudité des journées entières. Mais, je n’en étais pas frustrée pour autant. Nous étions une vraie famille, comme j’en avais rêvé depuis toute gamine. Même si ce n’était pas tout le temps rose, c’était ainsi que je concevais la suite de mon existence.
Les années ont continué à défiler. J’ai quitté mon travail à plein temps de mère au foyer pour devenir adjointe au maire de notre ville sur la famille et l’éducation. J’en avais eu marre d’entendre que Jade ne mangeait rien à la cantine parce que c’était dégoûtant. Je m’étais ainsi associée à un candidat, élu maire ensuite, renouvelé aux élections suivantes… Désappointée au début par certaines lourdeurs administratives, j’ai tenu bon. J’étais fière de ce que j’avais réussi à mettre en place : faire intervenir des agriculteurs locaux plutôt que de passer par des entreprises plus soucieuses de leurs bénéfices que de la qualité de leurs produits. Ça avait demandé énormément de travail, beaucoup d’investissements à tout le monde…
— Pauline, je comprends votre désappointement…
— Désappointement ? Je meurs d’envie de le voir crever.
— Il prépare déjà les futures élections et cherche un bouc émissaire. Votre popularité est un frein pour lui.
— Ho oui, faire croire que toutes ses hausses d’impôts sont liées à ce que j’ai mis en place pour les écoles alors que j’ai pu améliorer la qualité de vie en diminuant les dépenses. Je suis certaine qu’il fait du détournement d’argent publique.
— Que comptez-vous faire ?
— … Peut-être monter une liste contre lui.
— Je vous soutiendrai, comme je vous soutiens depuis la première heure. Vous avez toute vos chances.
— Peut-être pas tant de chances que ça… Il sait des choses sur moi…
— Quel genre de choses ? Parlez-vous de ce qui s’est passé en terminal ou durant vos études ?
— … Monsieur le député ? Non… Je parlais de photos avant la naissance de Jade… Comment savez-vous ?
— J’en ai été informé il y a bien longtemps de cela suite à une enquête administrative sur vous. Je vous le répète Pauline, vous avez toutes vos chances. Ne laissez pas ces détails vous faire perdre vos convictions. Prenez votre décision, et ensuite, je vous aiderai autant que je le pourrai. Saviez-vous qu’il est directeur de différents comités d’urbanisation et connaissez-vous le montant de toutes les indemnités qu’il touche ? Rien d’illégal dans tout ceci, cependant…
— … Je comprends mieux son train de vie. Je ne sais pas comment vous remercier.
— Je crains que vous ne le sachiez que trop bien. Et pour ma part, je sais que ça n’arrivera jamais… Pendant que j’y pense, si votre fille a besoin d’une lettre de recommandation pour entrer dans une grande école…
— Jade… Merde. Je suis désolée, mais je dois y aller. Nous reprendrons cette conversation une autre fois.
— Passez le bonjour de ma part à votre fille et votre mari.
J’avais oublié, elle avait certainement eu les résultats de son bac blanc… J’allais encore passer à ses yeux pour une sale mère indigne qui ne la méritait pas. Mais, j’avais l’esprit préoccupé.
J’étais très en colère contre le maire qui tentait de me faire porter le chapeau de toutes ses mauvaises décisions. Il me croyait inoffensive, il ne savait vraiment pas à qui il avait à faire. Il était tard, j’avais passé beaucoup de temps à discuter avec ce député que je considérai comme un ami depuis bien longtemps. Il m’avait soutenue dès le début de mon projet de réforme des cantines… Tout ceci commençait à dater.
J’espérais qu’Yvan s’occupe de moi, qu’il pose ses mains sur mes épaules, qu’il les masse comme il sait si bien le faire, m’aidant ainsi à me détendre. Durant toutes ces années de mariage, je n’ai jamais regretté une seule seconde de lui avoir dit oui. Allais je le retrouver à jouer à la console avec Jade ?… Non, il était trop tard pour ça, elle avait école le lendemain… J’appréhendais sa réaction de me voir arriver autant en retard.
Jade a toujours été dure avec moi, me faisant des crises comme pas possible, alors qu’avec Yvan elle était douce et gentille. C’était bien la petite fifille à son papa. Elle ne me pardonnait rien, avait toujours une excuse pour son père. Lors de nos disputes, qu’il ait raison ou tort, elle prenait toujours sa défense. Je sentais qu’elle allait m’en faire baver une fois de plus.
Je suis ainsi arrivée chez nous, j’ai entendu Yvan hurler, cela provenait de la chambre de Jade. J’y suis allée. J’étais déjà énervée par ma journée, et j’espérais avoir le calme à la maison. Je découvris Yvan crier sur Jade ; elle était sous sa couette dans le lit, en pleurs, tenant d’une main sa joue. L’avait-il frappée ?
— Yvan ? Tu l’as tapée ?
— Oui !
— Calme-toi ! C’est bon, moi aussi j’ai des raisons d’être de mauvaise humeur ! On a toujours dit aucune violence physique ! T’es devenu fou ou quoi ?
— … Oui, je suis devenu fou ! Je l’ai frappée sans raison, juste par plaisir ! T’es contente, c’est ce que tu voulais entendre ?
— Déjà, calme-toi maintenant !
— Noooooon !
Il sortit de la chambre, je ne comprenais rien de ce qu’il se passait. Jade n’arrêtait pas de pleurer et j’entendis Yvan enfiler un manteau. Le temps que j’aille voir ce qu’il faisait, il avait son casque de moto dans les mains et sortait de l’appartement. Je lui ai demandé « tu vas où ? » et, pour toute réponse, il claqua la porte derrière lui.
Chapitre 15
— Coucou papa, tu travailles encore ?
— Coucou ma puce. Qu’est-ce qui me vaut le plaisir de ta visite ?
— … J’ai une nouvelle.
— Ha oui ? Ça ne serait pas les résultats de ton bac blanc par hasard ?
— Je ne peux vraiment rien te cacher. Et d’après toi, j’ai eu combien ?
— Vu que tu n’as pas bossé plus de deux heures sur tes révisions… 16, mais toujours première de classe.
— 18,4 de moyenne, loin devant tout le monde. C’était vraiment trop facile.
— Je suis très fier de toi, mais j’espère que tu ne t’es pas vantée devant les autres…
— Et pourquoi pas ? Ils sont tous tellement nuls. De toute façon, ça ne changera rien, je n’ai aucun ami.
— Jade, avoir des amis c’est important aussi dans la vie.
— Ceux de ma classe sont tellement immatures…
— Tu dis ça alors que tu n’as que 16 ans, que tu as un an d’avance, que ceux que tu côtoies ont entre 17 et 20 ans… Ne te prends pas pour la meilleure.
— Peut-être pas du monde, mais du lycée…
— Ça suffit !
— … Papa, je n’aime pas quand tu te fâches. Et si ce soir on fêtait juste mes résultats.
— Ok. Mais, ta mère risque de rentrer plus tard que prévu. Je crois qu’elle a quelques soucis à la mairie.
— Tant mieux. J’adore lorsqu’on est seulement tous les deux. Regarde, j’ai pris mon casque pour que tu me ramènes en moto avec toi.
Pauline refusait que Jade monte sur le moindre deux roues. Elle trouvait cela bien trop risqué. Même si je n’avais pas eu d’accident depuis de très nombreuses années… depuis que je l’avais surprise au lit avec son ex… elle avait une peur bleue que ça arrive à nouveau. Malheureusement, dès qu’elle regardait mon dos, elle y pensait. Les marques étaient toujours présentes et n’avaient pas été effacées par le temps, sans parler de ma cheville qui me permettait de prédire le temps.
Stanriff
Ajouter un commentaire