Ce n’était pas la première fois que je faisais monter Jade avec moi sur la moto. C’était notre petit secret à nous, et je savais qu’elle ne le dirait jamais à sa mère. De toute façon, je me doutais bien que si un jour Pauline l’apprenait, je me ferai engueuler comme pas possible. Je m’excuserais alors, elle me ferait la tête pendant quelques heures, et nous nous réconcilierions comme à chaque fois.
Pendant que je finissais deux-trois trucs, Jade m’attendais sans rien dire à me regarder travailler. Puis, nous sommes partis, nous sommes arrivés à la maison.
— Que veux-tu que je prépare pour le repas ?
— Je peux choisir ce que je veux ?
— Dans la limite du possible.

— D’accord… Quelque chose de spécial alors… Saumon fumé en entrée, noix de Saint Jacques comme tu sais si bien les faires…
— Ok… Bon, je vais vite aller faire des courses en espérant que la poissonnerie n’est pas fermée… J’imagine qu’un mille feuilles en dessert te fera plaisir…
— Evidemment. En attendant, je vais me faire belle pour cette soirée spéciale.
Jade était très attachée à moi. Elle m’avait mis sur un piédestal que je ne méritais vraiment pas. Son adolescence avait été plutôt facile avec moi, très compliquée avec sa mère. J’étais fier de ses résultats scolaires, mais inquiet tout de même. Elle n’avait aucun ami, et cela depuis toute petite déjà. Elle ne s’entendait qu’avec les enfants bien plus âgés qu’elle. Etait-ce une conséquence de sa vie lorsque mes enfants de mon premier mariage habitaient avec nous ? Tous les trois s’entendaient parfaitement bien.
Je ne lui ai jamais connu de petit copain. J’ai plusieurs fois abordé le sujet avec elle, mais personne qui ne lui plaisait. Je me suis demandé un moment si elle était lesbienne, tout comme sa demi-sœur. Ça la fit rire. Pourtant, même si un parent trouve toujours son enfant comme étant le plus beau du monde, Jade était vraiment très jolie. Elle attirait le regard. Mais son air méprisant vis-à-vis de ceux qui osaient poser leurs yeux sur elle calmait les ardeurs tel un vent catabatique.
Il n’y avait plus beaucoup de choix mais j’avais ce qu’il fallait pour le repas du soir. Je suis rentré, j’ai mis quelques secondes à réaliser… Pauline ? Non, Jade… Mais… Qu’est-ce qu’elle faisait dans cette robe bleue ? Ca m’a vraiment contrarié :
— Vas la remettre à sa place tout de suite.
— … Papa ? Mais, je pensais te faire plaisir. C’était pas la robe que l’autre portait à votre mariage ?
— Si, et elle n’est pas à toi ! Vas la remettre à sa place maintenant !… Et ta mère ne s’appelle pas « l’autre », mais « Pauline » !

— Pardon papa. Je pars l’enlever tout de suite.
Elle me fit un bisou sur la joue, et s’en alla dans le coin des chambres. Mais, que lui était-il passé par la tête ? D’une part, cette robe avait une signification pour Pauline et moi que Jade ne pouvait pas comprendre. D’autre part, elle était bien trop sexy pour que j’ai envie de voir ma propre fille la porter.
Je me suis calmé doucement, j’ai commencé à préparer le repas. Je n’avais pas entendu Jade arriver, se lovant dans mon dos comme elle le faisait souvent, et me glissant un petit baiser tendre dans le cou.
— Ça a l’air trop bon ce que tu fais. Tu m’apprendras un jour ?
— Je suis content que tu veuilles enfin… Ce n’est pas un peu léger comme robe ?
— Je ne savais pas quoi mettre. Mais, tu m’avais dit que tu l’aimais bien.
— … Oui, pour aller à la plage. Fais comme tu veux, mais ce n’est pas vraiment une tenue de saison.
Elle sourit et me lâcha pour s’assoir sur l’établi. Ses yeux brillaient étrangement, et elle ne cessait pas de me fixer. Ça me gênait vraiment. Je lui dis alors « Vas donc mettre la table ». Elle ne bougea pas et sortit :
— Je sais que je serais triste si maman disparaissait, mais…
— De quoi parles-tu ? Même si ce n’est pas la grande entente entre vous deux, tu serais dévastée, comme moi d’ailleurs.
— Peut-être… Mais… Je me dis que finalement, ça ne changerait pas grand-chose… entre nous deux.
— … Précise ta pensée.
— Ben, toi et moi, ce n’est pas pareil. On est super proche, on s’aime vraiment. Rien ne changera ça.
— Ecoute Jade, je t’aime comme un père vis-à-vis de sa fille. Et je suis amoureux de ta mère.
— On imaginait juste si elle n’était plus là.
— Il y a un peu trop d’ambiguïté dans ce que tu dis.
— Je savais que tu comprendrais. Je vais dans ma chambre, tu me rejoins ?
J’avais peur d’avoir bien compris. C’était un peu comme si je l’avais toujours senti sans vouloir l’admettre. J’ai passé quelques minutes à me demander quoi faire. Devais-je laisser passer ? Devais-je éclaircir tout de suite la chose ? J’avais envie de vomir, je me sentais sale. Qu’avais-je donc fait pour qu’elle ait de tels sentiments vis-à-vis de moi ? Je ne pouvais pas laisser passer.
Je suis allée rejoindre Jade dans sa chambre. Elle m’attendait allongée sur le lit, jouant avec une bretelle de sa robe, les yeux pétillants comme ceux de Pauline lorsqu’elle est excitée. Elle ouvrit la bouche pour me dire « Papa, je t’aime, et je veux que tu sois mon premier ».
On m’a souvent dit qu’on pouvait lire le fond de mes pensées avec l’expression de mes yeux et leur couleur. Jade avait dû clairement les voir car, dans la seconde suivante, elle prit son oreiller pour se protéger. J’étais dans une colère noire. Non, je n’étais pas ce genre de père ; non, je n’étais pas Martin.
J’ai grimpé sur le lit et lui ai administré une gifle avant de lui crier dessus comme je ne l’avais jamais fait jusqu’à présent. Je n’ai pas calculé ma force, mais ma main me piquait fortement après. Jade se mit à pleurer en se cachant sous sa couette, et je continuais à lui sortir tout ce qui passait dans ma tête sans me souvenir du contenu de mes propos.
Pauline arriva à ce moment précis, elle me cria directement dessus :
— Yvan ? Tu l’as tapée ?
— Oui !
— Calme-toi ! C’est bon, moi aussi j’ai des raisons d’être de mauvaise humeur ! On a toujours dit aucune violence physique ! T’es devenu fou ou quoi ?
— … Oui, je suis devenu fou ! Je l’ai frappée sans raison, juste par plaisir ! T’es contente, c’est ce que tu voulais entendre ?
— Déjà, calme-toi maintenant !
— Noooooon !
J’avais besoin de me calmer. Il fallait que je sorte. Pauline m’avait agressé sans rien savoir de ce qu’il venait de se passer. J’ai enfilé mon manteau, pris mes gants, pris mon casque. Je l’ai entendue parler juste avant que je ne claque la porte. Je ne sais pas ce qu’elle a dit, ça n’avait aucune importance.
J’ai grimpé sur ma moto, et je suis parti, poussant les tours minutes comme je ne l’avais jamais fait sur cette machine. Je me sentais mal et sale. J’ai avancé, me calmant petit à petit, sans réfléchir à aucun lieu où aller.
Quelques dizaines de minutes plus tard, je me suis arrêté. J’ai regardé mon téléphone, Pauline avait essayé de m’appeler 28 fois. Et justement, elle réessayait à nouveau. J’ai hésité avant de décrocher, mais, finalement
— Ouais, tu veux quoi ?
— … Yvan, drapeau blanc, d’accord ? Dis-moi, qu’est-ce qu’il s’est passé ?
— Tu n’as pas demandé à Jade ?
— Tu sais très bien, elle refuse de me parler… Elle s’est endormie. Alors ?… Je me mettrais bien à genoux devant toi pour te supplier de me raconter, mais je ne sais même pas où tu es.
— Je ne sais pas non plus où je suis… Elle m’a demandé de coucher avec elle.
— … Tu es certain d’avoir bien compris ?…
— Certain ! Il n’y avait aucune possibilité de quiproquo.
— Ok… Je vois… Ce n’est pas illogique en y réfléchissant. Rentre s’il te plait… Je te prépare une bière bien fraiche, d’accord ?
— Pas de sexe ce soir, ok ?
— Je n’en ai pas non plus envie… Fais attention sur la route.
— Comme toujours. A tout de suite.
Chapitre 16
« Pourquoi tout ce vacarme ? Fais chier, j’étais en train de dormir ! Merde quoi, j’ai lycée demain moi !… Qu’est-ce que tu fous à chialer comme une conne sur le sol ?… Hey, je te parle ! … Pauline ?… C’était qui au téléphone ?… Maman ?… Ma… man ?… Qu’est qu’il se passe ?… Il est où papa ?… Réponds, s’il te plait. Il est où papa ?… Je t’en supplie, dis le moi…»
Yvan avait été percuté par une voiture qui avait grillé un feu rouge. Il avait été projeté sous les roues d’un camion… Il parait qu’il est mort sur le coup, qu’il n’a pas souffert. Etait-ce pour me rassurer ? Ma souffrance à moi était bien là. Jade ne sortait plus de sa chambre. Elle refusa de venir à l’enterrement de son père. Moi-même, je n’en avais pas eu envie. Mais, il fallait que j’y sois. Je suis rentrée juste après la cérémonie.
Jade n’était plus dans sa chambre, elle n’était plus là… J’ai juste trouvé un mot sur la table du salon, le papier tâché par ses larmes disant :
« Je ne peux plus vivre avec toi. C’est trop dur. Adieu. »
Je venais de perdre l’homme de ma vie, et maintenant ma chère fille. Je me suis écroulée. Je n’avais plus aucune force, plus aucune volonté de vivre. Mais, les dieux en décidèrent autrement. Avais-je fait tant de mauvaises actions dans ma vie pour m’obliger à continuer à vivre dans cet enfer ? Pourquoi la sœur d’Yvan était-elle venue à l’appartement ? Pourquoi avait-elle mis ses mains sur mes poignets ? Mon sang n’avait pas fini de se répandre sur le parquet ; je ne commençais que seulement à ne plus rien sentir.
Tous ensembles réussirent à me convaincre de ne pas recommencer, passant à tour de rôle de longs mois avec moi. Il parait que quelques instants de plus et j’aurais perdu la vie. Il parait que mon cerveau n’a pas été suffisamment irrigué pendant quelques secondes et que je pourrais avoir des liaisons. Etait-ce pour ça que j’avais l’impression de sentir Yvan près de moi ? Etait-ce grâce à ça que je l’entendais parfois me parler ?
Il ne me restait plus qu’une seule raison de vivre : Jade. Elle reviendra un jour ou l’autre, et elle aura besoin de moi. Mais, en attendant, chaque recoin de cet appartement me rappelait Yvan et ma fille. Ces doux souvenirs étaient un supplice constant. J’ai résisté tant que j’ai pu en espérant qu’elle revienne. Mais, ça en devenait tellement douloureux… J’ai vendu l’appartement pour aller m’installer au milieu de nulle part, dans un tout petit village loin de tout.
» Bonjour mon amour.
Je sais, j’ai un jour d’avance, mais demain il y aura plein de monde et j’avais envie d’être un peu en tête à tête avec toi… Déjà 10 ans, et tu me manques toujours autant. Je ne passe pas un instant sans penser à toi.
Pour demain, et juste pour te gâcher la surprise, je vais te dire qui sera présent. Ton père, évidemment. Il est adorable. Je ne regrette pas du tout d’avoir réussi à le convaincre de venir habiter avec moi depuis la mort de ta mère. Il a amené plein de légumes du potager et des œufs du poulailler. Il est toujours gentil, toujours à me préparer de bons petits plats. La campagne lui fait du bien. Je ne le voyais vraiment pas continuer à vivre dans ce tout petit appartement. Mais, je le sens de plus en plus fatigué.
Ta sœur sera là aussi. Ça fait une éternité que nous ne nous sommes pas vues même si nous nous appelons souvent. Je suis impatiente de la revoir. J’espère qu’elle ne va pas me sauter dans les bras comme si nous étions des gamines de quinze ans… La connaissant, elle en serait bien capable, et quelque part, j’aimerais qu’elle le fasse.
Charline et ton cousin viennent aussi. Ils doivent atterrir prochainement. J’espère qu’ils ne seront pas trop fatigués ; ça fait un sacré chemin depuis Montréal. Je me souviens encore de la tête qu’il faisait en regardant Charline danser comme une folle avec sa robe qui volait au-dessus de ses fesses nues lors de notre mariage. On se serait cru dans un vieux dessin animé avec le loup qui avait la langue pendue jusqu’au sol. Je me demande si elle continue à ne pas porter de sous-vêtements malgré ses soixante-dix ans.
Sinon, ta fille sera là, avec sa femme. Je n’ai pas vraiment compris, mais j’ai entendu dire qu’elles étaient toutes les deux enceintes. Je n’ai pas plus de détail, j’espère en apprendre davantage demain.
… Ton fils… Est-ce que je vais craquer comme les autres fois ? Il te ressemble beaucoup… Sa voix… La façon de regarder… L’odeur de sa peau… Lorsque j’ai été dans ses bras, j’ai parfois eu l’impression que c’était toi… C’est amusant les coïncidences, lui et moi avons quinze ans de différences, comme nous avions tous les deux. Tu sais qu’il n’y a que lui qui m’a touchée depuis ta mort ? Il est le seul à me donner l’impression que tu es encore là physiquement, et il est le seul à me donner quelques envies. Ça me fait du bien et du mal en même temps, tu me manques tellement. Va-t-il me faire rêver de toi cette nuit ? Il m’a proposée de partager la même chambre d’hôtel ce soir et demain, et j’ai accepté.
D’ailleurs, tu sais ce qu’il m’a avoué au téléphone hier ? Qu’il se souvenait encore du mot de passe que tu avais mis sur nos dossiers privés. Et oui, toi qui t’inquiétait pour lui durant son adolescence parce qu’il ne ramenait jamais de filles chez nous… Il préférait en fait passer son temps sur toutes mes photos et vidéos cochonnes. Heureusement que je ne l’ai pas su à l’époque, sinon je t’aurai fait une bonne scène de ménage, soi-disant que tu avais tout bien protégé…
Mais bon, c’est le passé tout ça. Et je suis un peu triste pour lui. Son ex-femme continue à l’emmerder comme pas possible, et du coup, il viendra sans ses enfants.
Nathalie n’a rien confirmé. Ça sera la surprise. Elle m’en veut toujours de t’avoir laissé refaire de la moto après ton premier accident. Je sais que tu n’aurais pas été toi-même si ça avait été le cas, ça aurait été trop égoïste de ma part.
Et pour finir, ton ex-femme… Je ne suis pas certaine que ce soit pour toi, mais plutôt pour voir ses enfants qui ne lui parlent plus trop…
Au fait, je me représente à la mairie. J’hésitais un peu, mais je suis poussée par beaucoup du village qui ont apprécié ce que j’ai fait durant mon premier mandat… On verra… Je me demande toujours si j’ai bien fait de déménager à la campagne… Je m’y plais, j’arrive à y respirer un peu… Mais, si Jade avait voulu revenir… Elle me manque tellement. C’est si dur de ne même pas savoir si elle est encore en vie quelque part.
Bon… Hum… Me voilà encore en train de pleurer… Et toi, t’es toujours aussi désordonné… Regarde ce pot de fleur qui est mis n’importe comment. Il faut que tu sois beau pour demain. »
Pendant que je mettais un peu d’ordre sur la tombe, la voix d’une petite fille m’interpella : « Tu fais quoi ? ». Elle portait un bouquet de fleurs énorme qui cachait tout de son visage. Je lui répondis :
— Je fais un peu de nettoyage. C’est très joli ce que tu as dans tes mains.
— Oui. C’est pour mon papy.
— Ha oui ? Il en a de la chance.
— Ben, je sais pas, il est mort.
— … Et tu arrives à le porter toute seule ? Ce n’est pas trop lourd ?
— Ça va. Je peux le poser ?
— Le poser ici ?
— Ben oui. Je t’ai dit que c’est pour mon papy. Je trouve que tu ressembles à ma maman.
— … Tu… tu t’appelles comment ?
— Yvana, et j’ai cinq ans. Pourquoi tes mains tremblent ?
Elle posa les fleurs, je découvrais son visage… Celui de Jade, les yeux d’Yvan, la couleur de mes cheveux lorsque j’étais enfant. Mes larmes se sont mises à couler. Je regardais cette petite fille, une femme s’approcha… Jade… Ma petite Jade… Enfin… Après toutes ces années.
Elle me prit dans les bras en me disant « Pardon maman. Tout est de ma faute. J’ai si honte de moi ».
Chapitre 17
— Qu’est-ce que tu fous chez moi ? T’es qui toi ?
— … Pardon monsieur… Je…
Et j’ai tenté de m’enfuir. Mais l’homme m’attrapa par les cheveux et me balança à l’autre bout de la pièce. J’ai essayé de me relever, mais il me maintenait au le sol en appuyant son pied sur mon dos.
— Alors ? Qu’est-ce que tu fous chez moi ?
— … Je cherchais juste quelque chose à manger.
— Dans mon bureau ? T’espérais quoi ? Trouver une barre de céréale cachée ? Tu n’as pas pensé à regarder dans la cuisine plutôt ?
— S’il vous plait, laissez-moi partir… Vous allez appeler la police ?
— Possible. Avant, tu vas répondre à quelques questions. D’abord, comment as-tu réussi à entrer ?
— … Par la terrasse.
— Tu veux me faire croire que tu as grimpé sept étages sans qu’on te voie ?… Et la porte fenêtre ?
— La porte fenêtre était ouverte…
— Putain de femme de ménage à la con ! Elle vient de perdre son boulot… Bouge pas de là toi.
Il retira la pression. J’en ai profité pour essayer de me relever, mais je reçus un coup de pied dans le ventre qui me coupa la respiration. « Je t’ai dit de ne pas bouger ! ». Même si j’en avais envie, je n’y arrivais plus.
Il revint sur moi et me menotta les poignets dans le dos. J’avais beau crier, ça ne servait à rien. Il me tira ensuite par les cheveux jusque dans le salon. Je sanglotais, j’avais la peur de ma vie. L’homme tournait autour de moi comme un rapace observant sa proie
— T’as faim ?
— Oui, monsieur.
— Mais t’es pas venue pour me voler de la bouffe.
— … Je cherchais quelques billets, c’est tout. Je me disais que comme vous deviez être riche…
— Tu veux combien ? 1000 ? 2000 ? 5000 ?
— Monsieur ?… Vous me donneriez tout cet argent ?
— Rien n’est gratuit. A part l’odeur que tu dégages, t’es plutôt canon.
— … Je ne suis pas une prostituée.
— Vraiment ? Et contre 15 000 ? N’essaie pas de marchander plus !
— Je vous l’ai dit, je ne suis pas une prostituée.
— Mais tu es rentrée chez moi…
Il se mit sur moi, me bloqua pour m’empêcher de me débattre pendant qu’il baissait mon pantalon. J’avais si peur, je n’arrivais même plus à crier. Il me lâcha, j’avais le pantalon et ma culotte descendus jusqu’aux chevilles. Je ne bougeais pas, j’étais trop terrorisée. Entre deux sanglots, je lui ai demandé
— Vous allez me violer ?
— Te violer ? Je n’aime que les salopes qui me supplient de les baiser. Je vais te punir.
Il retira la ceinture de son pantalon, la leva au-dessus de sa tête, et d’un coup sec… Mes fesses brûlaient. La douleur était atroce. Il relava à nouveau sa ceinture bien haut, j’ai fermé les yeux, j’ai crié lorsque le cuir fouetta à nouveau ma peau. Ça me faisait mal, mais je sentais en plus de drôles de picotements provenant du bas de mon ventre. Ils n’avaient rien à voir avec les coups que je recevais. Je les avais souvent eus lorsque j’étais en présence de mon père. Trois jours avant, ils s’étaient également manifestés lorsque j’étais poursuivie pas des policiers.
Ces derniers m’avaient surprise en train de voler un saucisson et deux pommes sur un marché. J’avais couru, j’avais réussi à leur échapper en glissant sous la porte qui se refermait du parking d’un immeuble. Après m’être assurée que j’étais en sécurité, laissant retomber l’adrénaline, ces picotements apparurent de façon très forte. Ça m’arrivait souvent d’en avoir, et je savais qu’il fallait que je glisse une main dans mon pantalon et que je caresse ma minette énergiquement pour les calmer, m’offrant à chaque fois une étrange et agréable décharge électrique.
Je venais de me faire fouetter dix fois. Il me détacha, mes sanglots se calmaient, mes fesses brulaient, et ces picotements étaient d’une puissance bien au-dessus de d’habitude. Je reprenais doucement mes esprits. L’homme s’était assis sur un canapé, avait sorti d’un sac de la nourriture japonaise qu’il mangeait tout en me fixant. Mon ventre se mit à grogner… J’avais si faim.
— Bien, tu peux partir maintenant, nous sommes quittes.
— … S’il vous en reste un peu…
— Tu as si faim que ça ?
— Oui monsieur. Je n’ai rien mangé depuis deux jours.
— Ce n’est pas mon problème ça. Tu me donnes quoi en échange ?
— … Mais, je n’ai rien… Je vous l’ai dit, je ne fais pas de choses sexuelles.
— Tu t’appelles comment ?
— … Charline.
— Tu as quel âge ?
— 21 ans.
— Je veux te voir à poil. Ce n’est pas un acte sexuel ça. Alors ?
— … D’accord… Et je pourrais manger ?
Seuls mes parents m’avaient déjà vue nue, c’était il y a bien longtemps. J’avais accepté à cause de cette faim, peut-être aussi à cause de ces picotements qui ne se calmaient pas. J’ai ainsi retiré mes chaussures et mes chaussettes, suivi de mon pantalon et de ma culotte. Je me sentais terriblement honteuse, et les picotements s’intensifiaient de plus en plus. Ma veste, puis mon sweet… mon débardeur… J’étais maintenant nue, à genoux sur le sol en cachant ma poitrine avec mes bras, la tête baissée.
« Lève-toi ! ». J’ai obéi, gardant la tête baissée et les bras croisés devant ma poitrine. « Ne joue pas ta timide ! Regarde-moi et mets tes mains derrière la tête ». Ces picotements encore plus intenses en entendant ça… J’hésitais… Et si je me rhabillais et que je partais tout simplement ?… J’avais faim… J’entendais la pluie battre fortement contre les fenêtres… « Tu attends quoi ? ». J’ai donc lâché ma poitrine, j’ai mis doucement mes mains derrière la tête, puis j’ai relevé mon visage, mais j’avais dû mal à le regarder. Jamais de ma vie je ne m’étais sentie aussi honteuse.
L’homme sourit, mais pas de façon gentille. Il devait se sentir victorieux de ce qu’il me faisait faire… Ces picotements si intenses… Il s’approcha en tenant entre deux baguettes du poisson cru. J’ai ouvert la bouche… Mon dieu, ça faisait du bien, c’était si bon. J’en aurai manger des tonnes.
— Tu pues vraiment. T’es crasseuse de partout. Tu peux aller te prendre une douche.
— … Je peux la prendre après manger…
— Tu la prends maintenant, tu me gâches mon repas. Profites-en pour t’enlever tous ces poils. Je ne supporte pas les filles négligées. Tu trouveras un rasoir dans le premier tiroir du haut sous le lavabo.
— … Je n’ai pas envie de me raser les poils.
— Je ne te demande pas ton avis. Tu peux te rhabiller et partir.
— … D’accord, je vais le faire.
Cette douche me faisait un bien fou. Devais-je en profiter pour me calmer de tous ces picotements ou attendre de quitter cet endroit ? J’avais le rasoir entre mes mains… Il avait dit « tous ces poils », même ceux de mon minou ? Il entra à ce moment-là dans la salle de bain, tenant ma carte d’identité dans sa main. Il avait fouillé dans le peu d’affaires qu’il me restait…
— Jade, 19 ans… Ce n’est pas ce que tu m’as dit pourtant. Voleuse et menteuse ?
— … Monsieur…
— Ta gueule ! Je n’aime pas qu’on se foute de moi. Je vais te laisser choisir ta punition. En attendant, finis de te laver et de te raser impeccablement, et je reste là à te surveiller. Tu as de la chance que ce soit ton anniversaire aujourd’hui même, sinon je t’aurais remis moi-même dans la rue totalement à poil, enchainée à une poubelle ! Sois heureuse de mon indulgence.
— … Heu… Merci monsieur.
Ainsi, il resta à m’observer, à regarder mes moindres faits et gestes… moi, me sentant de plus en plus honteuse et humiliée. Et ces picotements qui n’arrêtaient pas de s’amplifier. Presque ça ne me gênait plus que ces yeux soient fixés sur mon corps, presque j’avais même envie qu’il continue à me regarder… Si la douleur à mon ventre liée à ma faim n’était pas là, peut-être que je lui aurai même demandé de me toucher.
« Attends… Ecarte plus les jambes… Ecarte tes lèvres avec tes doigts… ». Quoi ? Est-ce qu’il s’était rendu compte que l’humidité de mon minou n’était pas liée uniquement à l’eau de la douche ?
— Ecarte mieux que ça !
— … Monsieur ?
— Putain, mais t’es encore une petite pucelle… As-tu déjà sucé ?
— … Non…
— Pas de sodomie non plus, j’imagine… Allez, je te laisse finir, et viens me rejoindre une fois que tu es prête !
Stanriff
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