J’étais là, me sentant bien, contre lui, la tête sur sa poitrine. Il me fit
- Il faudrait que tu arrêtes de te coller à moi comme ça après que j’ai éjaculé sur ton corps. Je ne suis pas très fan de me retrouver couvert de sperme.
- Arrête de dire des bêtises. Je me sens bien là.
- Désolé d’avoir été aussi rapide. Je crois que j’avais les coucougniettes un peu trop pleines.
- T’as été parfait… JC, je me disais qu’on s’entendait bien tout de même. On pourrait peut-être essayer un truc tous les deux.
- … Je croyais que tu n’étais pas amoureuse de moi.
- Oui, mais je t’aime tout de même. Et peut-être que ça viendra après. T’en penses quoi ?
- Ca veut dire que s’en est fini de tes listes à la con ?
- … J’ai commencé, je me dois de finir. Pardon, mais je ne suis pas du genre à laisser en cour de route les choses.
- J’avoue que ce n’est pas ce que j’espérais comme réponse. On en reparlera lorsque tu auras fini, ok ?
- Ok. On peut se dire que la semaine je me consacre à ça et que le week-end c’est juste tous les deux ?
- … Ok. Ca veut aussi dire que la semaine je fais ce que je veux.
- Ok… Bon, on va arrêter les « ok », ça devient chiant. Et puis, on est encore le week-end…
- D’accord. Laisse-moi le temps de me recharger… En attendant, je vais te préparer une clé USB avec toutes tes vidéos de cul. Tu pourras te branler tranquillement devant la semaine si t’as rien à te mettre entre les jambes.
- Hey, parle pour toi, p’tite bite.
- Faut que t’arrêtes cette insulte. Ca ne me fait aucun effet vu que ce n’est pas vrai.
- Je sais, Elephant man.
Ayant passé la nuit chez JC, je suis allée en cours avec la même tenue que la veille, un crayon et quelques feuilles papier. Que je ne porte pas de soutien-gorge ne passa pas inaperçu, même si mes tétons ne pointaient plus. Ca a eu plutôt un effet intéressant même, n’étant pas obligée de proposer à quelqu’un de ma liste blanche de lui offrir une faveur.
En effet, en fin de matinée, un mec de quatrième année vint me voir
- Pauline, rassure-moi, je suis bien sur ta white list ?
- Oui, tu y es. Tu voudrais qu’on se voie ce soir ?
- Pourquoi attendre si longtemps ? J’habite juste à côté…
L’idée était plutôt intéressante, ça permettait de barrer des noms plus rapidement. Cependant, l’après-midi, tout le monde savait que je n’avais rien sous ma jupe non plus, mon amant du midi n’ayant pas gardé sans langue dans sa poche sur le sujet. J’ai eu trois propositions pour le soir même, je ne savais pas comment départager… Deux étaient d’accord pour s’occuper de moi en même temps… Deux noms en moins d’un coup, ça m’arrangeait…
En fin de semaine, en seulement cinq jours, j’avais couché avec 13 élèves. Midi, fin de journée, une fois dans les toilettes de l’école… Un couple aussi… Mon agenda était rapidement rempli et c’est dans les bras de JC que j’ai raconté ces jours, même s’il l’avait vue en partie.
- Tu t’es frittée avec Zoé ?
- Je la garde dans ma liste noire. En même temps, c’est une copine d’Amandine. J’imagine qu’elle lui dicte son texte, trop peur de m’affronter elle-même.
- Et il s’est passé quoi ?
- Ben, elle m’a demandée si mon job de vide couilles me plaisait. Je lui ai répondu par une question : est-ce qu’être électrique et pomper à mort le jus sans tenir la route… Enfin, tu vois, par rapport à la voiture électrique zoé…
- C’est bon, j’ai compris. Et alors ?
- Elle est partie en me traitant de sale pute.
- Je peux te demander un truc, Pauline ?… Laisse pisser, elle n’en vaut pas la peine.
- … Elle me fait chier tous les jours.
- Elle se ridiculise elle-même.
- Laisse-moi gérer cette affaire.
Deux semaines après, l’affaire Zoé était réglée… Enfin, pas vraiment comme je l’avais souhaitée. Son petit copain, son amoureux, l’homme de sa vie était ma proie. Je pensais vraiment qu’il me faudrait du temps pour l’avoir, et je ne croyais pas vraiment que j’y arriverais. Mais, je lui ai parlé quelques minutes, il m’a demandée s’il était sur ma liste blanche, je lui ai répondu que oui, et une heure après, il était à poil chez moi. Le seul truc qu’il ne savait pas, c’était que mon PC était allumé avec la cam dessus en route.
Ca n’a même pas duré cinq minutes, mais c’était suffisant. J’ai envoyé la vidéo à Zoé pour lui foutre les boules. Ses copines reçurent une copine pour qu’elle ait la honte de sa vie. Le résultat fut sans appel, elle le largua. Je n’avais cependant pas prévu que pour se venger de moi et de lui, elle envoya un lien à tout le monde pour la voir, sauf à JC et moi. Et le lien amenait à un site pornographique… Plus de 20 000 vus lorsque je suis tombée dessus… J’étais en rage… Il fallait que je tape plus fort encore.
J’étais en train de finir de détruire mon oreiller lorsqu’on frappa à ma porte. J’ai hurlé « dégage, je suis occupée ! ». Deux secondes après, une clé tourna dans la serrure, et JC apparut.
- Ne me fait pas chier, je ne suis pas d’humeur.
- Arrête là ! Ca va dégénérer cette histoire.
- Et tu ne sais pas à quel point. Elle va se chier dessus devant tout le monde !
- Ok… Et tu vas faire quoi ?
- Je ne sais pas encore… Baiser son frère, son père, sa mère s’il le faut aussi !
- Et après ? Le chien aussi ?
- Va te faire foutre sale connard. Sinon, je te fous sur la même liste.
- En plus, t’as déjà les coordonnées de mon père pour coucher avec lui. C’est facile ! Vas-y, appelle-le !
- … Sale merde, sale enculé ! Je vois où tu veux en venir… Et ben non, t’auras pas le plaisir de m’afficher sur internet pour te venger.
J’étais dans un état de couleur incroyable, totalement déraisonné. Et je me suis mise sur mon PC, j’ai pris sa clé usb et j’ai transféré les vidéos sur internet, sur le site porno où Zoé avait mis l’autre, la page étant encore ouverte. J’ai créé un compte bidon rapidement et lancé les transferts. Il me disait « arrête tes conneries ! » et je le menaçais avec des ciseaux pour qu’il ne s’approche pas. Puis, toute fière de moi, le provoquant
- Voilà, c’est fait… Tu ne pourras pas te venger… Deep Blue est en ligne !!!
- … Tu l’as vraiment fait ? Tu te rends compte ?… Pauline… C’est pas toi ça… Je préfère te rendre tes clés… Je crois qu’on n’a plus rien à faire ensemble. Continue ta vendetta, je ne veux pas en être mêlé.
- C’est ça, casse-toi pauvre type ! Je n’ai pas besoin de toi !
- Ne t’inquiète pas, je m’en vais… Tu sais quelle est la seule différence entre toi et Amandine ? Amandine n’est pas suicidaire. Adieu.
Il est parti en me jetant mon double des clés au visage. Et j’ai crié, pleuré de rage… Et trente minutes après, j’étais devant sa porte. J’ai sonné plusieurs fois, pas de réponse. A mon tour, j’ai utilisé le double de ses clés. Il était là, sur son fauteuil à boire une bière, il ne me regarda même pas.
- JC…
- T’es venue me rendre mes clés ?
- … J’aurais préféré que tu m’en mettes une bien forte plutôt que tu me compares à Amandine.
- Je voulais un truc percutant pour te faire réagir… En espérant que ça fonctionne.
- Ca va, t’as réussi, tu m’as fait très mal… Excuse-moi.
Il ne bougeait pas, ne me regardait pas. Je me suis agenouillée sur le sol, et en pleure, je lui ai dit
- JC, j’aimerai vraiment que tu m’excuses. S’il te plait… J’ai pété un plomb… Je laisse tomber… Elle a gagné et c’est tout.
- Tu crois vraiment qu’il y a un vainqueur dans cette histoire ? Je ne vois que deux perdantes… Pauline, vire les vidéos que tu as uploadées.
- Je peux pas… J’ai mis un mail bidon et je ne me souviens pas du mot de passe. J’ai essayé avant de venir, tu me prends pour une débile ?
- Ben… Comment peut-on être première de promo et faire de si grosses conneries ?
- … Je suis comme ça… Je peux rester ici ce soir ? Je n’ai pas envie d’être seule.
- Je ne sais pas si je te ferai dormir avec moi ou dans le canapé. Ca dépend si tu me redonnes le double de chez toi…
- Heu… Je peux repasser chez moi pour les récupérer… JC… T’es génial.
- Je sais.
- Je ne te mérite pas.
- Je sais.
- Tu fais chier.
- Je sais.
- Je peux te faire un câlin ?
- Ca fait depuis cinq minutes que je l’attends.
Nous avons passé la nuit ensemble, nous avons juste fait des câlins sages. J’appréhendais sérieusement le lendemain. J’étais arrivée avec JC, nous nous sommes séparés dès la sortie de la voiture. Je ne voulais pas qu’il soit avec moi, je ne voulais pas qu’il soit impliqué dans tout ça.
J’étais sur la défensive, attentive au moindre geste ou mouvement. Des sourires, des regards, pas de remarques déplacées. Zoé… J’avais promis à JC de ne rien faire de plus, mais j’avais tout de même bien envie de lui défoncer la gueule à cette conne. Elle s’est avancée d’un pas accéléré vers moi. C’était clair, à la moindre parole déplacée, elle recevrait mon poing dans le nez.
- Pauline, je ne voulais pas que ça dégénère autant. Je te promets que ce n’est pas moi les autres vidéos, je ne sais même pas qui a fait ça.
- … Mais, comment tu sais ? Il n’y a pas eu de mail pour donner les liens ?
- Ben… Une recherche sur Deep Blue et… On est plutôt assez nombreux à les avoir vues… Tu sais qui c’est ? Tu vas te venger ?
- Oui, je sais qui c’est et elle est déjà en train de déguster.
- Et pour moi ? Tu vas faire quelque chose ?
- Comme pour Amandine.
- … Tu vas me péter le nez ?
- Faire comme si tu n’as jamais existé.
- Ok… Merci… A plus.
J’avais besoin de déstresser, et le plus rapidement possible. J’avais déjà un rendez-vous planifié pour le midi, je suis allée le voir
- T’as intérêt à assurer tout à l’heure.
- … Tu me fous la pression là. T’es si chaude que ça ?
- Bien plus encore.
- Je peux demander à un pote si ça l’intéresse de m’accompagner, mais il n’est peut-être pas sur ta liste blanche.
- Je m’en fous, amène-le.
Je ne sais pas ce qu’il s’est passé, mais ils étaient cinq chez moi, cinq pour moi. Et ce n’était pas de trop. Ils m’ont partouzée toute l’après-midi. Tant pis pour les cours, je les rattraperai plus tard.
J’avais contacté le support du site internet pour faire retirer les vidéos. Ils mirent plusieurs jours pour répondre, et des jours supplémentaires pour les enlever. Je vérifiais toutes les heures, le nombre de vues ne cessait d’augmenter. Et enfin, elles n’existaient plus sur le site. La vieille, plusieurs dizaines de milliers de personnes dans le monde les avaient regardées depuis que je les avais mises.
Elles ont été supprimées du site, mais pas d’internet. Des copies étaient trouvables sur un site, et sur un autre aussi. Les moteurs de recherche aidaient à tomber dessus, toujours taggées par “Deep Blue”. J’ai contacté un moment ces sites, certains n’ont jamais répondu, et dès que ça disparaissait d’un, ça réapparaissait sur trois autres. C’était un combat perdu d’avance. J’ai laissé tomber en espérant qu’il n’y ait jamais de conséquences.
Chapitre 22
- Ton voyage s’est bien passé ma puce ?
- Ca va. J’ai dormi tout le trajet, je me suis réveillée à peine lorsque le train est arrivé en gare. Charline est à la maison ?
- Heu… Non… On n’est plus ensemble, depuis deux jours.
- C’est elle ou c’est toi ?
- Elle… Je ne sais pas trop pourquoi en fait.
- Mais, ça va ? Pas trop triste ?
- Non, ne t’inquiète pas. On était trop différent de toute façon. Mais, ses énormes seins me manquent un peu tout de même. C’était confortable pour y mettre la tête.
- Cochon.
Il posa sa main sur ma cuisse, la caressa un peu, remonta, commençait à glisser à l’intérieur. Je l’ai repoussé gentiment
- Non papa, je n’ai pas envie.
- Je comprends. Tu es fatiguée. Ce n’est pas grave.
- … Je n’ai plus envie qu’on le fasse.
- Vraiment ? Pourtant, c’était agréable tous les deux. Et c’est toi qui avait commencé.
- Et c’est moi qui finis.
- Ok… Je n’insiste pas. T’as prévu des trucs pendant tes vacances ?
- Non, rien de spécial. Me reposer, réviser, faire du sport… Voilà.
Nous avons passé une première soirée calme et agréable à manger une pizza devant la télé. Le lendemain matin, il me réveilla doucement, m’ayant amené mon petit-déjeuner sur un plateau. Je l’ai mangé sur ma petite-terrasse privée, il faisait bon, il y avait du soleil, c’était le paradis.
En plus de la table et des deux chaises, il m’avait même installé un transat, sur lequel j’ai passé ma matinée à ne rien faire d’autre que me dorer le corps nu, avec un tout petit vent bien agréable qui me caressait la peau.
Je suis descendue en fin de matinée pour l’aider à préparer le repas. J’ai juste enfilé une petite robe d’été. Il rit un peu en me disant
- Je crois que tu as attrapé un petit coup de soleil.
- Ha bon ? Où ça ?
- Sur le nez, et t’as le décolleté tout rouge.
J’ai penché la tête, j’ai tiré sur ma robe pour jeter un œil, il n’avait pas tort. Mais lui aussi en profita pour regarder ma poitrine.
- Papa, ne matte pas.
- Je n’ai même pas le droit à ça ?
- Non. Ca pourrait te donner des envies.
Le repas est passé, je ne me suis pas attardée et suis vite remontée dans mon antre. Plusieurs fois, mon père eut des regards très insistants qui me rendaient mal à l’aise. J’avais bien compris qu’il avait envie de moi, mais là… Il n’y avait aucune tendresse, pas d’amour… Il me fit un peu peur sur le coup. Mais tout ça a vite été oublié, installée sur mon lit à lire un livre.
Quelques minutes plus tard, je l’entendais parler. Pourtant, personne n’avait sonné à la porte. Il devait être au téléphone, il n’y avait que sa voix. La discussion semblait violente en tout cas. Je suis allée voir. Ca venait du bureau dont la porte était entre ouverte. Et j’entendais mon père, avec une voix déformée répéter en boucle “Sale pute, grosse salope, je vais te baiser, je vais te l’enfiler bien profond et tu vas voir ce qui t’attend !”.
J’ai passé la tête, il était en train de se branler devant son ordinateur à regarder les photos de moi que nous avions faites durant les vacances de Noël… Je ne comprenais pas… C’était choquant… Et j’ai fait d’une petite “Papa ? Tu fais quoi ?”. Il s’est tourné d’un coup, il avait un regard de fou qui me tétanisa. Une seconde après, il était sur moi, déchira ma robe, agrippa un de mes seins en me faisait mal, tout en continuant à se branler. J’ai crié, j’ai pleuré, je n’avais plus aucune force dans les jambes. Les muscles de mon corps lâchèrent et je me suis urinée dessus. Et il continuait à dire “Je vais te baiser sale pute”.
J’ai senti son sperme sur mon ventre. Il était en train d’éjaculer. Il me lâcha, je suis tombée sur le sol, en pleurs, les jambes coupées, n’ayant même pas la force de fuir. Il lançait des râles de bête sauvage, continuant à se vider les couilles sur moi. Et la seconde d’après
“Pauline ? Qu’est-ce qui se passe ?… Qu’est-ce que j’ai fait ?”.
Mon père ne m’avait pas violée, mais je n’avais aucune envie de savoir s’il en était capable. Mais, j’ai eu la peur de ma vie. Et que ça vienne de lui, c’était pire… L’homme que j’aimais le plus au monde, l’homme en qui j’avais toute confiance, l’homme que je croyais si bien connaitre, mon père… Ca cassa quelque chose entre nous.
Il s’en voulait, et heureusement encore, mais minimisait à mon sens cet incident. Je l’ai tout de même forcé à aller voir un docteur, et je l’ai accompagnée pour être certaine qu’il consulte réellement. Après l’examen médical où j’ai été invitée à attendre dehors, le médecin me fit entrer pour discuter
- J’ai cru comprendre que c’est vous qui avez forcé votre père à venir. Je n’ai rien détecté d’anormal pour un homme de cet âge. Il a quelques carences en vitamines qui peuvent vite être réglées, et visiblement beaucoup de fatigue, à ce qu’il m’a expliqué, lié à son travail.
- Pourtant, hier, il a eu une sorte d’absence.
- Comment ça ? Il s’est évanoui ?
- Non, pas du tout. Il faisait des choses et disait des choses, mais c’était pas lui… Il avait un regard totalement vide et après il ne se souvenait plus de ce qu’il avait fait.
- Et bien, ça peut être lié à son surmenage actuel. Un moment, le corps ne sait plus répondre correctement. Y a-t-il eu un évènement particulier dernièrement ?
- Il a rompu avec sa copine.
Et voyant qu’il ne me prenait pas vraiment au sérieux, j’ai ajouté “il s’est masturbé en me regardant”. Ce n’était pas tout à fait vrai, mais je n’avais pas envie de raconter la réalité. Le docteur a raclé plusieurs fois sa gorge, puis s’est adressé à mon père qui n’en menait pas très large après ma révélation
- Puis-je savoir si vous aviez une relation sexuellement active avec votre ancienne amie ?
- Euh… Oui, assez.
- C’est-à-dire ? Combien de fois par semaine par exemple ?
- Ca a varié avec le temps.
- Comme souvent. Mais sur la fin de votre relation.
- Deux à trois fois par jour.
- … C’est beaucoup pour quelqu’un de votre âge. Avez-vous toujours eu une vie sexuelle aussi active ?
- Non, pas du tout. J’ai commencé à avoir plus d’envies à la fin de l’été et depuis ça augmente. J’ai été célibataire depuis mon divorce jusqu’à ce que je rencontre mon amie en Janvier.
- Et lorsque vous étiez avec votre femme ?
- Ben… Une à deux fois par semaine avant la venue au monde de Pauline, et ça a diminué au fur et à mesure jusqu’à plus rien plusieurs mois avant notre séparation.
- Aviez-vous des impressions de manque depuis votre séparation ?
- Non.
- Et là ?
- Oui… Presque tout le temps. Et j’ai souvent de migraines aussi.
Ils ont continué à parler un peu, à raconter les grandes étapes, les grands changements. Le docteur rédigea une ordonnance : “bon, je vous ai prescrit des vitamines qui ne sont pas remboursées, également de quoi vous permettre de relâcher un peu la pression. En plus, j’ai mis des pilules qui devraient permettre de faire diminuer votre libido. En ce qui concerne vos migraines, je préfère vous faire une ordonnance pour un scanner. Ce n’est peut-être rien, je vous rassure. Mais nous serons ainsi fixés”.
Mon père prit rendez-vous à l’hôpital. Il fallait attendre la semaine suivante. Les médicaments qu’il prenait semblaient être efficaces. Mais la prescription n’était que pour une semaine. Et j’avais peur qu’il ait une nouvelle crise, et qu’il s’en prenne à moi. Mon père comprit que je parte plus tôt, même s’il était triste. J’ai repris le train sans qu’on se prenne dans les bras avant, sans qu’on s’embrasse. Et s’il devait ravoir une crise, ça ne serait pas en se branlant sur mes photos, je les ai supprimées de son ordinateur.
Durant le trajet, j’ai repensé à la veille, lorsque je suis allée voir Charline à son travail. Mon père ne l’a jamais su. J’étais arrivée au restaurant, un homme au bar me dit “désolée mademoiselle, nous venons de finir le service du midi”. Charline était en train de nettoyer une table, elle me reconnut et fit : “elle ne vient pas pour manger… Je peux finir après ?” et elle me rejoignit, m’emmena derrière le restaurant, s’alluma une cigarette, et comme si elle savait déjà, elle me demanda
- C’est arrivé quand ?
- … Dimanche.
- J’aime beaucoup ton père, mais je ne supporte plus ses crises. Un coup il n’est pas là, un autre coup il m’attrapait comme si je n’étais qu’une putain sans intérêt. Et l’instant d’après, il était tout à fait normal. Il t’a fait du mal ?
- Non… Rien de grave, je t’assure. Ça lui arrive souvent ?
- Ben, de plus en plus en fait. La première fois, un peu avant que nous nous rencontrions. Et plus rien pendant trois semaines. Et après, presque toutes les deux semaines, puis, une fois par semaine… Toujours les week-ends, le soir.
- Tu l’as quitté pour ça ?
Elle écrasa sa cigarette et en reprit une autre. Elle finit par répondre
- Entre autres. J’ai jamais su choisir mes mecs de toute façon.
- Si ça me concerne, je veux savoir.
- … J’ai surpris ton père en train de se branler devant son ordinateur en disant des mots… Putain, il avait fait un montage de photos avec des trucs pornos et mettant ta tête dessus… C’était taré… A la limite, si ça avait été moi… Mais, toi… Sa propre fille…
Si elle savait qu’il ne s’agissait pas d’un montage photo… Au moins, c’était déjà ça qu’elle le crût.
- Je suis partie sans qu’il me voie, j’ai plié bagage et voilà. Désolée de te dire ça. Je ne sais pas si tu me crois, mais c’est ce que j’ai vu.
- … J’ai forcé mon père à aller voir un docteur. Il pense que c’est du surmenage. Il est sous traitement. Il va tout de même à l’hôpital mardi prochain pour faire un scanner… Il n’a certainement rien, mais on ne sait jamais. Est-ce que ça te dérange de vérifier qu’il se rend bien au rendez-vous ?
- Tu m’en demandes beaucoup là… Pourquoi tu le fais pas ?
- Je repars demain.
- Tu ne devais pas rester les deux semaines ?
Je sentais les larmes me monter aux yeux. Elle écrasa sa seconde cigarette et en reprit encore une autre, et elle me prit dans ses bras avant de l’allumer et me dit “ma pauvre, ça doit être encore plus dur pour toi que pour moi. Ok, je l’accompagnerai”. Je ne sais pas ce qu’elle a compris ou imaginé. Mais, elle savait que je lui avais menti en disant que mon père ne m’avait rien fait de grave.
Chapitre 23
Le train était maintenant arrivé. Je ne suis pas rentrée directement chez moi. J’avais envie de voir JC. J’ai sonné à la porte, pas de réponse. Il était peut-être sorti, mais je savais qu’il ne bougeait pas de là durant les vacances. J’ai utilisé le double des clés. Il y avait de la musique qui provenait de la chambre dont la porte était entre ouverte. J’ai jeté un œil, il n’était pas seul. Zoé était sur lui, s’agitant, la tête en arrière.
Je n’avais pas envie de jouer les voyeuses, je suis allée dans le salon attendre qu’ils finissent. Qu’elle soit là n’avait rien d’illogique, il a toujours dit qu’il aimait se taper les filles qui venaient de quitter leur mec, même si pour Zoé ça commençait à faire quelques semaines. Mais, ça m’a fait quelque chose tout de même… Je me fichais que ce soit elle ou une autre, mais j’étais déçue qu’il ne soit pas disponible pour moi.
Quelques minutes après, il sortit de la chambre, il ne m’avait pas encore vue. Il s’adressa à Zoé
- Tu veux boire quoi ?
- Salut JC.
- … Pauline ? Qu’est-ce que tu fais là ?
- Pardon de te déranger, j’ai vu que tu étais occupé.
Et je me suis avancée vers lui, je l’ai enlacé au cou et j’ai pleuré. Je ne le lâchais plus, il me serait dans ses bras sans rien dire. J’entendis Zoé dire discrètement “Bon, j’y vais…”, puis me dire “Pardon Pauline, je ne savais pas que vous étiez ensemble”, et JC lui répondit “Laisse tomber, ça n’a rien à voir”.
Plusieurs minutes après, l’un contre l’autre sur le canapé, il me demanda
- Tu veux me raconter ?
- Non. Je veux juste être avec toi là.
- … Je peux tout de même me rhabiller ? Je me sens con avec mon truc qui pendouille comme ça entre les jambes.
- Non, ne me lâche pas tout de suite… Je laisse tout tomber.
- Tu parles de quoi ?
- Des listes… Ca nous fait perdre du temps à tous les deux.
- Je croyais que tu n’étais pas amoureuse ?
- Ben… C’est vrai… Mais je pense que ça pourrait venir un jour.
- Il t’en restait beaucoup à te taper ?
- Une vingtaine, je crois. C’est fou… J’ai couché en quelques semaines avec quasiment la moitié des mecs de l’école et toutes les filles qui en avaient envies.
- Pour tes coucheries lesbiennes, je ne sais pas, mais en ce qui concerne les mecs, tu n’as pas dépassé le record.
- J’ai tout de même le record de la fille qui a le plus souvent couché avec toi…
- Non, même pas, t’es deuxième.
Je fus surprise, je me suis redressée pour le regarder dans les yeux, et lui ai demandé
- C’est qui ? Je la connais ?
- Non… Ma première lorsque j’étais au lycée… Une fille géniale. On est resté ensemble un an, c’était le top.
- T’étais amoureux d’elle ?
- Follement.
- Tu penses encore à elle ?
- Ca arrive.
- Tu as déjà pensé à elle lorsqu’on couchait ensemble ?
- … Rarement.
Il répondit de façon hésitante, certainement de peur que je sois vexée. Je me suis couchée sur le canapé et j’ai posé ma tête sur ses cuisses. J’étais rassurée, il n’était finalement pas si amoureux de moi que ça, et avait encore des sentiments pour son ex.
Il posa sa main sur mon épaule, je l’ai récupérée et j’ai commencé à jouer avec ses doigts.
- JC, je préfère te prévenir maintenant, mais je pense que je n’aurai pas souvent d’envies sexuelles. Mais, lorsque tu voudras, je serai d’accord pour le faire… Enfin, peut-être pas à chaque fois.
- Pas de souci pour moi. De toute façon, je sais comment t’exciter maintenant. Et j’avoue que j’ai bien envie de montrer la vraie Deep Blue à la prochaine soirée.
- Je ne suis pas certaine que ce soit une bonne idée. C’est quand ?
- Samedi prochain, ici même.
L’idée me faisait un peu peur. Et si je pétais un plomb comme mon père ? Et s’il avait un problème génétique et que je l’avais hérité ?… Mais JC arrivera à me contrôler, c’était une évidence.
Je passais cette semaine de vacances entièrement avec lui, on ne se quittait pas, comme un vrai petit couple amoureux. On a révisé ensemble pour préparer le premier examen de fin d’année qui avait lieu le lundi de la rentrée.
Entre temps, mon père me donna de ses nouvelles après les résultats du scanner qu’il eut le jour même. Il n’avait rien, j’étais soulagée. Il me dit qu’il a repris un traitement, sentant que ça allait bien mieux pour lui grâce à ça. Et, cerise sur le gâteau, Charline et lui s’étaient remis ensemble.
J’étais soulagée par ces bonnes nouvelles, mais d’autres ont commencé à me stresser sérieusement. JC regardait le vendredi soir les infos, il y avait une interview devant un lieu que je ne connaissais que trop bien :
“Oui, ainsi une dizaine de professeurs de ce petit lycée de campagne ont été mis en garde à vue. Ils ont été interpellés chez eux tôt dans la matinée. La police se refuse à tout commentaire, mais des rumeurs circulent déjà sur une histoire de trafic de drogue. Quoi qu’il en soit, c’est un coup dur pour les lycéens qui vont passer leur bac d’ici quelques semaines se trouvant ainsi privés de professeurs. Nous vous tiendrons au courant dès que nous en sauront plus.”
JC me dit alors
- Ha ben, si les profs se mettent refourguer de la drogue, où va-t-on…
- Ce n’est qu’une rumeur
“Je reprends l’antenne car un informateur vient de me signaler qu’une autre personne du lycée a déjà été arrêtée il y a quelques mois. D’après ce que nous savons, il s’agirait d’un surveillant qui est accusé de voie de fait sur mineur. Nous essayons de savoir si les deux affaires sont liées…”
- Ben… Pauline, pourquoi tu éteins la télé ?
- J’en ai marre d’écouter ces conneries. Et si tu t’occupais plutôt de moi…
Je me suis mise sur lui, à l’embrasser, à le caresser.
- Qu’est-ce qui te prend tout d’un coup ?
- J’ai juste envie.
- Je vois ça… T’as les tétons qui pointent. Je te ferais bien mariner jusqu’à demain soir, mais j’ai finalement envie d’en profiter.
Ca m’a fait du bien, mais j’avais toujours peur que mon téléphone sonne et que ce soit la police qui me relance.
Le lendemain en fin de matinée, après m’être refait ma couleur, avoir pris une bonne douche, JC me regarda, et avec un air un peu vicieux me dit
- Bon, ben, je vais commencer à te préparer pour ce soir.
- … Je ne sais pas si tu y arriveras.
- On verra bien.
- Et si je me mets à baiser avec tout le monde ?
- Ben, on ne s’est pas juré fidélité non plus, et je ne suis pas du genre jaloux. Je t’ai préparé ta tenue du jour. Je te réserve une surprise pour ce soir en plus.
J’ai regardé sur le lit : robe d’été légère avec de fines bretelles, décolleté profond, ceinturée à la taille, descendant jusqu’à mi-cuisses, et il n’y avait pas de sous-vêtements
- Elle est un peu transparente et a tendance à se soulever avec le vent.
- Je compte bien voir ça.
- C’est quoi le truc rose à côté en forme du U ?
Il alla le cherche et me l’approcha pour que je l’examine mieux, et il m’expliqua
- Cette partie-là, tu l’enfonces dans le vagin, et celle-là se plaque sur le clito.
- C’est un sextoy ? La partie vagin est toute fine, ça ne doit pas faire grand-chose…
- C’est pour laisser la place au cas où on te pénètre. Mais, j’ai lu de bonnes critiques sur l’engin. Vas-y, essaye-le…
- … Ok, ça à l’air de bien tenir. J’appuie sur ce bouton pour l’allumer ?… Ben, je ne sens rien.
- Attends. Maintenant, c’est à moi de jouer.
Il prit son téléphone, le manipula un peu
- Ha… Ca y est je sens… C’est amusant ça.
- Je peux mettre plus fort…
- Ha… Oui… C’est plus fort là. C’est le max ?
- Second niveau sur cinq. Je peux mettre d’autres programmes aussi comme vibration aléatoire ou en fonction des sons… Bon, j’arrête, je ne sais pas combien de temps dure la batterie. Enfile ta robe, on mange au restau ce midi.
Avant même de sortir de l’immeuble, je sentais la tension monter en moi. La tenue était plutôt trop légère pour ne pas mettre de sous-vêtements, il y avait un peu de vent dehors, et surtout, JC pouvait agir sur le truc à n’importe quel moment sans prévenir. Il voulut qu’on y aille à pied, une quinzaine de minutes à marcher pour atteindre le centre-ville… Je lui ai dit “fais pas trop le con tout de même… Ca serait dommage de retomber sur les flics et finir la soirée au poste de police”. Il me répondit qu’il fera très attention.
Le vent n’était pas trop fort, le bas de ma robe se collait à mes jambes. Mais, dès que nous croisions quelqu’un, il lançait les vibrations. Ce n’était pas puissant, mais suffisamment pour que je pousse un petit cri de surprise et me faire avoir un déhanché étrange. Ca attirait encore plus les regards sur moi. Quoi qu’il en soit, il était bien parti pour avoir Deep Blue avec le lui le soir.
Au restaurant, une crêperie, il remit sa machine en route lorsque le serveur nous apporta les cartes. Je ne sais pas à quel niveau il était, mais j’étais en train de gesticuler sur ma chaise. L’homme, avec un regard de travers, et une grosse voix grave, pointa avec son crayon une porte en me disant “les toilettes sont là”, imaginant certainement que j’avais une envie pressante.
Avant que le serveur ne revienne, JC m’avait prévenu qu’il avait changé de mode et qu’il avait réglé sur son d’ambiance. Ca se sentait dès que je parlais, petites vibrations douces, et lorsqu’il parlait, vibrations un peu plus puissantes.
Mais lorsque le serveur revint pour prendre la commande, sa voix faisait agir l’appareil très puissamment. J’étais obligée de me mordre la paume de la main pour ne pas gémir devant tout le monde. Lorsqu’il partit, j’ai demandé “JC, as-tu un mouchoir en papier ? Je suis en train de tremper la chaise”.
A la fin du repas, l’appareil ne marchait plus, certainement plus de batterie. Ce n’était vraiment pas un mal. Nous sommes sortis du restaurant, j’ai attrapé JC pour l’embrasser goulument. J’étais à fond. Nous sommes repartis, le vent a commencé à souffler de plus en plus fort, ma robe se levait, je n’ai même pas essayé de la bloquer. Et pendant plusieurs mètres, j’ai marché les fesses à l’air, jusqu’à ce que je JC la remette en place à cause de personnes qui arrivaient en face.
Le ciel s’est couvert d’un coup, avec des rafales de vent violentes, et il s’est mis à tomber des cordes. Nous avons couru jusqu’à l’immeuble. Nous étions trempés. A cause de la pluie, ma robe était devenue entièrement transparente, mais je m’en fichais totalement.
Nous avons appelé l’ascenseur. Lorsque les portes se sont ouvertes pour monter dedans, il y avait une femme avec son fils d’à peine 10 ans qui revenaient du garage. Elle mit tout de suite les mains devant ses yeux, et JC lui dit “On s’est fait avoir par la pluie”, et il se plaça entre eux et moi pour me cacher un peu, avec le gamin qui disait “mais, je veux voir la madame toute nue”.
Une bonne douche à deux plus tard, une préparation des boissons et de la bouffe suivante, toujours très follement excitée, je lui ai dit
- J’ai pas envie d’attendre ce soir… Baise-moi maintenant, s’il te plait.
- T’inquiètes pas, ça commence à 17h00. Tout le monde veut rentrer tôt ce soir pour pouvoir réviser demain. D’ailleurs, faut se dépêcher, c’est dans moins de trente minutes. Il est temps que je te montre ce que tu vas porter.
Les yeux étonnés de ceux qui sont venus en me voyant… Heureux que la fête commençait chaudement… J’avais un plug anal sur lequel était accroché une chaine en métal, me passant entre les jambes pour remonter jusqu’à ma poitrine et finissant par des pinces à téton. J’étais dans une bulle, on pouvait faire toute ce qu’on voulait de moi, ils découvraient qui était Deep Blue.
Je me suis souvenue avoir voulu aller chercher quelque chose chez moi… Je ne sais plus ce qu’il s’est passé… Une voix de femme… Elle me parlait encore… Des lumières partout… Je retrouvais peu à peu mes esprits… J’étais dehors, nue, toujours les pinces emprisonnant mes tétons, la chaîne, le plug anal… “madame, je le répète une dernière fois, retirez ce que vous avez dans votre orifice et posez ça au sol !”. J’ai obéis sans comprendre ce qui était en train de se passer. Je sortais doucement de cette bulle, je me rendais alors compte que les lumières provenaient de gyrophares sur des voitures de police.
Je sors alors totalement du brouillard, les sons reviennent, je comprends la situation, j’entends la voix de JC derrière demandant à un policier de ne pas faire ça. On me met les mains dans le dos, on me menotte, et je crie à JC “Appelle mon père. Prends mon téléphone et appelle-le. Mon code est celui de ta carte bleue”, et on me fait monter dans une voiture. Et je me suis mise à pleurer de honte et de peur… de déception aussi : JC n’a pas su veiller sur moi.
Chapitre 24
Premier rendez-vous
- Bonjour Pauline. Je peux vous appeler ainsi ?
- Heu… Oui… C’est comme ça que je m’appelle.
- Je vous en prie, asseyez-vous… Comment vous sentez-vous ?
- Ben, bien.
- Pourquoi êtes-vous ici ?
- Ben, vous savez bien.
- J’aimerai l’entendre de votre bouche.
- … Le juge m’a obligée à suivre une thérapie.
- Il vous a obligée ? Vraiment ? Pourtant, il a mis sans suite votre dossier. Vous auriez pu ne pas venir, non ?
- … Peut-être.
- Alors, pourquoi êtes-vous là ?
- … Je ne sais pas.
- Je vais vous reposer une question : comment vous sentez-vous ?
- … Pas terrible. J’ai l’impression de ne pas être à ma place.
- De façon générale ou juste ici ?
- Au moins ici. Je suis fatiguée.
- Si vous voulez vous reposer un peu, vous pouvez. Le sommeil est le meilleur des médicaments.
- … Il va y avoir combien de séances ?
- Rien n’est défini à l’avance. Ca dépend des gens et de leurs besoins. Il y a un travail préliminaire qui peut durer dans le temps, parfois plusieurs mois, et seulement après nous pourrons avancer ensemble.
- C’est quoi ce travail préliminaire ?
- Que vous réussissiez à vous ouvrir à moi et que nous puissions avoir confiance l’une envers l’autres. Voulez-vous parler de quelque chose en particulier ?
- Non.
J’ai arrêté de parler, elle ne dit pas un mot non plus. Il y avait un silence mortel. Elle observait chacun de mes gestes. Je me sentais mal à l’aise. J’espérais que cette heure passe rapidement.
Troisième rendez-vous
- Racontez-moi votre arrestation.
- Ben, j’étais menottée dans la voiture, pas attachée, assise sur une sorte de banquette en plastique froid, et la voiture allait super vite.
- Aviez-vous peur ?
- Oui.
- Aviez-vous honte d’être là ?
- … Oui.
- Continuez.
- On est arrivé au commissariat. On m’a fait attendre dans la voiture un moment avant qu’on m’en fasse sortir et qu’on me mette une couverture qui puait pour plus que je sois toute nue. On m’a fait descendre des marches froides et sales. Je suis passée devant des cellules, je baissais la tête, je ne voulais pas regarder et on m’a fait entrer dans une salle. On m’a posée des questions, fait souffler dans un truc pour voir si j’avais bu.
- Aviez-vous bu ?
- Non, pas une goutte d’alcool de toute la soirée de ce que je me souviens et de toute façon, la machine a confirmé. On m’a demandée si je me droguais… Je n’y ai jamais touché de ma vie et on m’a enfermée juste après m’avoir retirée les menottes dans une cellule minuscule avec un porte transparente et un banc en béton, mais il était tellement petit que je ne pouvais pas m’allonger… Et il y avait plein de bruits tout le temps, tous les sons raisonnaient… Parfois un policier venait regarder, parfois d’autres passaient avec une autre personne menottée.
- Combien de temps y êtes-vous restée ?
- Toute la nuit… Je ne sais pas…
J’ai tenté de rassembler mes souvenirs…
- Il y avait une horloge lorsqu’on m’a interrogée avant qu’on m’enferme, il n’était pas encore dix heures du soir… Lorsque je suis sortie pour un autre interrogatoire c’était après le repas du midi… il était dégoûtant, je n’y ai pas touché.
- Qu’avez-vous fait tout ce temps ?
- Rien… Je n’ai pas réussi à dormir… Je me suis masturbée un moment cachée dans la couverture.
- La situation vous excitait ?
- Non, pas du tout… J’étais tellement stressée… J’espérai que ça me détende, mais je n’ai pas réussi à aller jusqu’au bout, et j’ai pleuré.
- Pleurer permet aussi de faire évacuer le stress. Quand avez-vous récupéré vos habits ?
- Dans la matinée. Un policier me les a données. Je crois que c’est JC qui les a apportés. Mais, il n’y avait pas ma ceinture pour tenir mon pantalon, ni de lacets pour mes tennis.
- C’est par mesure de sécurité.
- Oui, c’est ce qu’on m’a dit. Et lorsqu’on m’a emmenée à l’interrogatoire, mon père était là. Je ne l’ai jamais vu aussi fâché de ma vie. Je voulais lui dire pardon, mais je n’ai pas eu le temps, il m’a donnée une gifle magistrale.
- Vous lui en avez voulu ?
- Je le méritais… Il aurait pu le faire lorsque nous étions seuls… Et après, on m’a expliquée que je risquais de devoir payer une très grosse amende et de faire de la prison et que je verrai le juge le lendemain et qu’en attendant, je devais rester en cellule. On m’a ensuite emmenée dans une pièce pour prendre des photos, prendre mes empreintes, prendre de la salive, et on m’a ré-enfermée.
Je ne savais pas quoi ajouter, mes larmes coulaient… Il y eu un silence, elle m’observait… Je me suis sentie obligée de parler
- Et le lendemain, on m’a emmenée chez le juge. Ils m’ont encore menottée comme si j’étais une criminelle.
- Mais, l’exhibition publique est interdite, c’est un crime, non ?
- … Il y a des choses pires.
- Et d’autres moins graves, non ?… Ne me regardez pas comme si j’étais votre ennemie, Pauline. Je suis là pour vous aider.
- Et comment pouvez-vous m’aider ? Vous avez la capacité de remonter le temps ? J’ai eu zéro à mon examen parce que j’étais devant un connard de juge à la place de travailler sur l’énoncé !
- J’ai l’impression que votre colère est ailleurs, est-ce que je me trompe ?
- … Mon père ne m’a même pas souhaitée mon anniversaire… En seul cadeau, j’ai eu une gifle de sa part… J’ai eu 21 ans dans une putain de cellule de merde ! Vous ne croyez pas que j’ai des raisons d’être en colère ?
Septième rendez-vous
- Vous m’avez dit que le juge avait fermé votre dossier à cause d’une autre affaire dans laquelle on pourrait avoir besoin de vous. Voulez-vous m’en dire plus ?
- Vous m’avez posée la même question la semaine dernière. Et je vais vous faire la même réponse : il s’est passé un truc il y a longtemps, je ne me sens plus concernée par ça, d’autres pensent que si, fin de l’histoire.
- Et si ce « truc » ne s’était pas produit, serions-nous aujourd’hui l’une en face de l’autre ?
- … J’ai eu les résultats finaux de mon année.
- Alors ?
- J’ai fini septième de promotion.
- C’est un bon résultat.
- J’étais première avant d’avoir ce zéro.
- Et avoir perdu des places vous dérange ?
- Je m’en fiche. Ce qui me dérange c’est de ne pas avoir pu montrer ce que je savais faire.
- Et comment ça se passe avec votre ami ?
- JC ? On ne se parle plus.
- Pourquoi ?
- Il se sent coupable de ce qu’il m’est arrivé.
- Et vous ?
- C’est lui qui m’avait mise dans cet état, c’était à lui de mon contrôler.
Je déteste lorsqu’elle fait ça, se remettre en arrière, réajuster ses lunettes. Je sais que c’est à ces moments-là qu’elle tente le plus de rentrer dans ma tête. J’ai préféré reprendre la conversation avant qu’elle ne me pose une nouvelle question
- De toute façon, ça n’a pas d’importance, on ne va pas se voir pendant trois mois.
- Votre stage commence quand ?
- Dans deux semaines. Et j’ai réussi à le faire rallonger d’un mois.
- Vous deviez pourtant aller chez votre père en Août. Il n’est pas déçu ?
- Il m’a toujours dit que c’était le travail avant tout.
Douzième rendez-vous
- Je vois que vous avez encore changé de couleur de cheveux. Celle-là vous plait-elle plus que les autres ?
- Bof…Mais, ça va. C’est moins pire que le blond que j’avais mis il y a quinze jours.
- Est-ce à cause de votre stage que vous ne vous remettez pas en bleu.
- Oui… Mais aussi parce qu’il n’y a plus de Deep Blue.
- Vous manque-t-elle ?
- Non… Elle était trop incontrôlable et cinglée.
- Ca fait du bien un peu de folie de temps en temps. Mais, vous n’avez pas de dédoublement de personnalité, je l’aurai déjà détecté sinon. Avez-vous peur de la prochaine rentrée et de retrouver tous vos camarades ?
- Evidemment.
Quatorzième rendez-vous
- Après ce mois passé sans se voir, comment allez-vous ?
- Bien. Les gens avec qui je travaille sont sympas. On s’entend bien.
- Combien de temps de stage vous reste-t-il déjà ?
- Un peu moins de deux semaines.
- Et ça se passe toujours aussi bien avec votre maitre de stage ?
- … Oui.
- Vous avez hésité.
- Il s’est passé un truc. Il y a eu une soirée et il m’a proposée de me raccompagner chez moi après. Et, en arrivant à mon immeuble, il m’a embrassée et je l’ai invité à monter. Il est reparti une heure plus tard.
- Vous avez eu un rapport sexuel avec lui ?
- Oui. Mais sans lendemain, il est marié, a deux enfants. Rien d’important.
- En aviez-vous envie ?
- … Non.
- Lui avez-vous dit ?
- Je lui ai fait croire que je voulais aussi.
- Pourquoi ?
- Parce que lui avait envie de moi.
- Et vous pensez que c’est une raison suffisante pour accepter ?
- Oui, pour moi oui.
- Depuis combien de temps n’aviez-vous pas eu de rapport sexuel ?
- … Le dernier c’était avec JC la veille de mon arrestation.
- Et pourquoi cet homme là en particulier ? Il vous plait ?
- Oui… Plus ou moins. J’étais stressée et j’avais besoin de me détendre.
- Pourquoi étiez-vous stressée ?
- En toute franchise, je n’ai pas envie de vous répondre.
Je pensais qu’elle allait me regarder de travers, insister… Elle me sourit et me dit
- Je préfère votre franchise qu’une histoire inventée. Avez-vous souvent eu des rapports sans en éprouver l’envie ?
- Depuis le début de l’année ? Quasiment tous… Il n’y en a que deux ou trois pour lesquels j’en avais envie, c’était avec JC parce qu’il avait su bien m’exciter.
- Et avant ce début d’année ?
- Rarement. J’avais même très souvent envie au point où je me masturbais deux ou trois fois par jours.
- Et maintenant ?
- Je ne me touche quasiment plus… Seulement lorsque je suis stressée.
- Qu’est-ce qui a provoqué ce changement ?
- … Je me le demande aussi… J’ai une sorte de grand vide en moi que je n’arrive pas à combler.
- Pauline, nous allons travailler dessus. Je crois que nous avons enfin trouvé notre point de départ.
Chapitre 25
Je pensais ne plus jamais avoir besoin de me retrouver devant cette porte. J’ai tout de même sonné, je n’avais personne d’autre à qui parler… Et parler de quoi en fait ? Tout me semblait tellement compliqué. Je ne savais pas si elle pouvait m’aider, mais au moins, elle ne me jugerait pas et m’écouterait. C’est tout ce dont j’avais besoin. La porte s’ouvrit
- Bonjour Pauline, entrez, je vous en prie. Venez-vous installer.
- Merci de me recevoir.
- Merci à vous d’avoir pensé à moi. Vous avez changé depuis la dernière fois. Votre nouvelle coiffure vous va très bien, si je peux me permettre. J’ai failli ne pas vous reconnaitre.
- … C’est peut-être volontaire… Vous savez, avec ce qui traine sur moi sur internet et ma nouvelle vie.
- Votre nouvelle vie ? Je suis curieuse d’en savoir plus.
- Je ne sais pas par où commencer.
- Et bien, débutons par là où nous nous sommes arrêtées, si vous voulez bien.
- … D’accord, mais je ne me souviens plus très bien…
- Laissez-moi reprendre mes notes… Voilà… Ca date d’il y a un peu plus d’un an. Donc, vous rentriez alors en cinquième année, vous vous êtes réconciliée avec votre ami Jean-Christophe, vous vouliez tenter de repasser votre permis de conduire pour la quatrième fois…
- Je l’ai eu, au bout de six fois tout de même, mais je l’ai enfin eu. Je pense que l’examinateur a eu pitié de moi.
- Félicitations, c’est une étape importante dans une vie. Bien, je reprends… Vous aviez l’impression que votre père s’éloignait de plus en plus de vous…
Je me suis raidie, geste qui ne lui ai pas passé inaperçu. Elle s’est installée au fond de son fauteuil, a remis en place ses lunettes. Ca n’avait pas changé, les mêmes mimiques qu’à chaque fois qu’un sujet semblait l’intéresser particulièrement. C’était quelque part rassurant. Elle attendait que je prenne la parole
- Je n’ai revu mon père qu’une fois depuis. On se parle souvent au téléphone, ou même avec Charline, mais je crois qu’il ne veut plus me voir.
- Savez-vous pourquoi ?
- Non… Peut-être… Je lui ai dit que je pensais peut-être témoigner lorsque le procès de mes profs de lycée débuterait. Il ne veut pas y participer. Il m’a dit que pour lui c’était de l’histoire ancienne et qu’il a maintenant sa vie… Enfin… Il a peut-être peur que je le convainque de venir témoigner aussi.
- Et quel effet ça vous fait ?
- Ca me rend triste parce qu’il a toujours été là pour moi avant et j’ai l’impression qu’il me laisse tomber à son tour.
- Et vous allez faire quoi ?
- Ne pas témoigner. Je n’y arriverai pas toute seule.
- Vous n’avez personne qui peut vous aider à surmonter tout ça ?
- Non… JC n’est au courant de rien.
- Vous vous entendez toujours bien ?
- On s’est mis officiellement ensemble. Enfin, on ne se voit que le week-end car on est à plus de deux cents kilomètres l’un de l’autre à cause du travail de chacun.
- C’est très intéressant ce que vous me dites : un petit copain, un travail. J’imagine que vous avez eu votre diplôme alors…
- Et oui, première de promo.
Elle se remit à nouveau au fond de son fauteuil. Cette fois, elle retira ses lunettes qu’elle posa sur la table basse qui nous séparait. Elle prit un air interrogateur avant de me dire
- Ca n’a pas l’air de vous faire plaisir.
- Ca n’a surtout aucune importance… Première… Dixième… L’important est d’arriver jusqu’au bout.
- … Bien… Et vous aimez votre travail ?
- L’ambiance est plutôt agréable, je travaille sur des dossiers intéressants. Je ne me plains pas.
- Depuis combien de temps avez-vous commencé ?
- Un peu plus de deux mois.
- L’éloignement avec votre ami est-il un frein à vos ambitions ?
- Non… On est en train d’arriver à la raison de ma présence ici…
- Je vous sens effectivement plus nerveuse. Quelle est votre relation avec votre ami ?
- Je crains qu’il soit amoureux de moi.
- Mais pas vous, n’est-ce pas ?
- Non, toujours pas.
- Alors, pourquoi avoir décidé de vous mettre avec lui ?
- C’était la solution de facilité… Le vide en moi est parti et mes envies sexuelles sont revenues.
Elle reprit alors ses lunettes. Je commençais à avoir chaud. Je ne savais pas vraiment comment tourner les choses. J’espérais qu’elle me pose des questions faciles
- Rappelez-moi depuis quand vous n’aviez plus ses envies ? Je veux dire, de façon naturelle.
- Depuis ma troisième année, au moment de Noël, lorsque le vide s’était installé en moi.
- Et vous n’avez jamais voulu me dire ce qui l’avait provoqué.
- L’important était que moi je le sache, non ?
- Alors, dites-moi comment il est parti.
- … Il y a un homme à mon travail. Je l’ai rencontré lors de mon deuxième jour. Il dégage quelque chose de tellement puissant… Je pense à lui tout le temps, je fantasme rien que sur le fait qu’il m’embrasse un jour.
- Mais ?… Il est avec quelqu’un ?
- Il est divorcé et couche avec la DRH régulièrement, mais je m’en fiche. Ce qui est dur c’est qu’il ne m’aime pas.
- Qu’est-ce qui vous fait dire ça ?
- J’ai surpris une conversation entre lui et son chef.
Je lui ai alors raconté ce que j’avais entendu
>>>o Non, je n’en veux pas.
>>>o Tu rigoles ? T’as besoin d’une ressource que tu réclames depuis des mois.
>>>o Oui, mais pas elle. Elle n’a pas assez d’expérience.
>>>o J’ai lu le dossier qu’elle t’a rendu. Les seules erreurs qu’il y a sont liées à sa méconnaissance de l’entreprise.
>>>o C’est ce que je te dis, elle n’a pas assez d’expérience.
>>>o Elle est douée et peut-être plus que toi encore. Vu ce qui va tomber prochainement, je te l’impose. Dans un mois, elle est dans ton équipe.
Et en partant, il passa à côté de moi. J’ai tenté de lui dire quelque chose, mais il ne s’arrêta même pas et me regarda d’un air si froid.
Elle me regarda fixement avant d’ajouter
- Je vois que la situation n’est pas facile. Et vous avez surpris cette conversation quand ?
- Il y a quinze jours lorsque j’ai pris notre rendez-vous.
- Donc, dans les quinze prochains jours prochains il deviendra votre supérieur, si je comprends bien.
- J’ai demandé s’il n’y avait pas une autre possibilité, mais… Je suis en période d’essai, on ne me laisse pas vraiment le choix. Mes collègues croient que je n’ai pas envie d’y aller parce qu’il est plutôt autoritaire et très pointilleux… En tout cas, ils ne voudraient pas être à ma place.
- J’aimerais que vous me racontiez franchement pourquoi vous ne voulez pas être dans son équipe.
- Parce que dès que je le vois, j’ai des pulsions insensées. Dès que je pense à lui, j’ai des envies très fortes… Plusieurs fois par jours je me précipite aux toilettes pour me calmer. J’utilise même mon string comme bâillon pour ne pas qu’on m’entende. Et le fait qu’il n’ait pas envie de moi me frustre d’une façon terrible.
- En avez-vous parlé à votre ami ?
- JC ? Bien sûr que non. Il profite de mes envies, ça lui plait, et ça me fait du bien aussi… Je sais que vous vous dites que ce n’est pas une situation saine.
- Je ne suis pas là pour apporter un jugement. Mais peut-être pouvons-nous travailler pour identifier ce qui vous plait tant chez cet homme, et voir s’il y a moyen de calmer vos envies. Comment est-il ?
- Plus âgé que moi, autoritaire mais honnête, fin, des yeux bleus magnifiques qui s’éclaircissent ou s’assombrissent suivant son humeur. Il n’est pas l’homme le plus beau du monde, mais, ce qui m’attire est ce qu’il dégage, son odeur… Elle m’enveloppe et m’emmène dans un autre monde. Il n’y a aucun moyen de calmer ça, je le sais.
Je me suis levée. Ca m’avait fait du bien de parler. Je voyais les choses de façon plus claires maintenant, même si je n’avais aucune solution pour résoudre cette situation. J’ai demandé
- Pouvez-vous m’indiquer les toilettes ?
- Heu… Oui, au bout du couloir, la dernière porte sur votre droite.
J’ai glissé mes mains sous ma jupe, et j’ai retiré mon string devant elle. Elle ne sut quoi dire tellement elle était surprise. Je lui ai expliqué « je vous l’avez dit, dès que je pense à lui j’ai des envies très fortes. Je vais aller aux toilettes pour ne pas vous choquer, mais si vous préférez, je me masturberai devant vous sans éprouver la moindre gêne. A moins que vous ne préfériez me brouter la chatte ».
Ce fut notre dernier rendez-vous.
Fin
Stanriff
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