Je suis sorti de la loge et passé par l’ascenseur. Je me suis mis devant l’ordinateur, cherché un site d’annonce gai et écris mon annonce :
Cherche homme jeune pour travail régulier de concierge d’immeuble, logement fourni. Réponse avec CV et photo, retour rapide de ma part.
J’ai envoyé et me suis servi un verre laissant l’ordi allumé sur le site. J’ai pris le temps de vérifier le prénom de ce gamin pour moi. Éric, 20 ans. Après un temps, mon annonce est apparue et je me suis préparé à manger froid. Mon ex était parti ayant trouvé le pied de sa vie avec une nana bi. Il me fallait donc rapidement un autre, mais cette fois à mon service de conciergerie, ce qui n’empêchait rien d’autre.
Je suis allé faire un tour sur mes comptes bancaires et la bourse où les résultats étaient excellents. J’ai fait quelques modifications d’actions, vidant celles que j’estimais surcotées et mettant un peu plus sur d’autres que je sentais évoluer dans le bon sens. De retour sur le site d’annonces, j’avais déjà des résultats, mais vu les photos jointes, j’en ai écarté pas mal, n’ayant pas besoin de bull-dog ni de trop jeunes qui ne cherchaient que de l’amour. Après un bon film, je suis allé me coucher.
Au réveil, la trique inévitable m’a réveillé et je suis passé aux toilettes et à la douche avant de voir l’ordi et les réponses à mon annonce. Trois ou quatre ont attiré mon attention. Quelques plus jeunes, sérieux sur la photo mais belle gueule, dont j’ai exploré un peu plus le CV. Célibataires tous deux, mais sans recherche sexuelle ; un émoji suggérait des possibilités pour l’un auquel j’ai répondu en premier pour qu’il se présente à l’adresse indiquée. J’ai prévenu le deuxième que je gardais son annonce en mémoire. Le rendez-vous que j’ai fixé à 11h30 dans un hôtel de classe pour voir sa tenue et sa réaction. Je suis venu en avance et installé près de la vitrine. Je l’ai vu passer devant l’établissement. Pantalon noir serré, mocassins à pompons, blouson de cuir et chemise col ouvert. Beau gosse, imberbe, cheveux frisés, bref il me plaisait, mais pour faire le concierge, là je ne savais pas. Enfin, il est entré et a fait le tour de la salle des yeux, me voyant seul devant un café, il s’est approché.
– Excusez-moi de vous déranger, mais j’ai rendez-vous ici sans savoir avec qui ! Antoine ?
J’ai vu son visage s’éclairer et il m’a demandé pour s’asseoir.
– Oui, vas-y.
Il a ouvert le blouson pour s’asseoir, me montrant sans ostentation sa chemise un peu lâche et un paquet tendu dans le pantalon.
Je suis celui qui cherche un concierge, mais pas celui habituel, non, plutôt un homme à tout faire dans un immeuble luxueux. Autant capable de se déranger chez un locataire pour une ampoule à changer que bloquer les indésirables.
– Je ne sais pas si je conviendrais, mais je pense avoir les qualités requises : nettoyer un sol commun taché ou arroser les plantes d’un locataire absent. Je suis sportif et connais les techniques de combat ou d’immobilisation.
Pas mal du tout. Des parents, du travail, des certificats ?
– Mes parents sont en banlieue et je vis dans une auberge de jeunesse en attendant du travail. Je n’ai pas de certificat, mais aucune infraction déclarée. En revanche, pas de certificat, c’est mon premier travail et je suis entièrement libre.
Le permis ?
– Oui, voiture et moto.
Bon, l’immeuble est à deux pas et si tu as le temps, allons le voir.
– J’ai tout le temps voulu, monsieur.
J’avais réglé en arrivant et on est sorti. Peu après, on arrivait devant un bel immeuble haussmannien. J’ai tapé le code d’entrée. Voilà le lieu à entretenir.
– C’est très chic, monsieur.
J’ai passé ma carte devant un lecteur et une porte du rez-de-chaussée a fait entendre le bruit du déverrouillage. Voilà ton logement. Il vient de se libérer et si tu prends le poste, ce sera ton logement de fonction.
Il a fait le tour. Vu le poste avec l’écran d’où il pouvait tout voir extérieurement.
– C’est vaste pour ce travail, monsieur.
Je ne t’ai pas demandé, mais pour tes feuilles de paye, il faut le savoir, tu es marié ?
– C’est là que le bât va blesser, je suis gai et reçois des amis.
Ta vie privée ne me concerne pas et si tu restes, tu apprendras d’autres choses. Il me faut ta réponse de suite et si c’est oui, tu vas chercher tes affaires et tu aménages dès ce soir. J’aurai rempli les papiers d’ici là.
– J’accepte avec grand plaisir et vous donnerai pleine satisfaction.
Ce soir à ton retour, je t’enverrai la personne à mon service qui t’expliquera ton job plus en détail.
Je l’ai regardé partir, son petit cul plein de promesses, et suis monté chez moi. Celui qui était encore le concierge chantonnait en faisant le lit.
– C’est fait, tu as un remplaçant. Tu lui montreras le travail tout à l’heure. En attendant, habille-toi et monte tes affaires personnelles au-dessus de chez moi. Ne prends plus l’ascenseur, mais les escaliers ! Dépêche-toi, il ramène ses affaires. Il ne doit pas en avoir beaucoup. Voilà la clé.
Il a foncé comme un dératé après m’avoir remercié.
– Vous ne serez pas déçu.
Gérard
Ajouter un commentaire