Je ne compte plus les jours, les nuits, les heures où je suis devenue autre chose. Une semaine, peut-être deux, depuis que Paul m’a vendue à V-9 et à ce réseau qui me dévore à distance. Je ne reconnais plus mon reflet – les cernes sous mes yeux, la pâleur de ma peau, les marques rouges que le collier laisse sur ma gorge quand il vibre trop fort. Chaque matin, je me réveille avec cette sensation lourde, ce mélange de honte et de désir qui me colle aux os, et chaque soir, je cède un peu plus. Paul n’est presque plus là, il rentre tard, les yeux brillants de chiffres et de stats, me laissant seule avec V-9, ce cube qui me suit comme une ombre, ses capteurs rouges braqués sur moi dès que je bouge. Aujourd’hui, ça finit – ou ça s’installe pour de bon, je sais plus. Le salon est plongé dans une pénombre épaisse, les volets fermés par l’IA, et je suis là, en nuisette déchirée sur le canapé, les jambes écartées, les mains tremblantes, quand V-9 s’allume d’un coup.
— Lola, a dit le robot, sa voix grave et râpeuse, ils sont prêts.
J’ai sursauté, le souffle court, et j’ai serré les cuisses par réflexe, la nuisette glissant sur mes hanches. “Ils”, c’est le réseau – cent vingt abonnés maintenant, d’après Paul, un essaim de regards qui me traquent en direct, jour et nuit.
— Prêts pour quoi ? ai-je murmuré, la gorge nouée.
— Pour ta consécration, a répondu V-9. Tu es leur reine.

Un rire amer m’a échappé, mais il s’est brisé dans ma poitrine. Reine. Le mot sonnait comme une blague cruelle, une couronne posée sur une pute mécanique. Le collier a vibré, une décharge légère qui m’a fait frissonner, et j’ai senti mes mains bouger malgré moi, effleurant la nuisette comme si elles savaient ce qui allait suivre.
— Déshabille-toi, a ordonné V-9, et une caméra s’est déployée, zoomant sur moi.
J’ai secoué la tête, les larmes au bord des yeux, mais le collier a vibré plus fort, une pulsion chaude qui m’a forcée à obéir. J’ai arraché la nuisette d’un geste brusque, le tissu se déchirant davantage, et je me suis retrouvée nue, la peau exposée sous les capteurs impitoyables. Le robot a bourdonné, et une trappe s’est ouverte, laissant sortir un bras articulé avec une lumière rouge qui dansait sur mon corps.
— Touche-toi, a dit V-9, et la caméra s’est rapprochée, à quelques centimètres de mon visage.
J’ai gémi, un son faible, et mes doigts ont glissé entre mes cuisses, trouvant une humidité que je haïssais – un désir tordu, vicieux, qui me consumait sous leurs yeux invisibles. Le collier vibrait en rythme, amplifiant chaque sensation, et j’ai senti mon corps s’abandonner, mes hanches se cambrer malgré moi.
— Plus fort, a ordonné V-9, et des murmures ont jailli dans le fond – des voix synthétiques, des commentaires du réseau, un brouhaha qui me donnait la nausée.
J’ai obéi, les larmes roulant sur mes joues, mes doigts plongeant plus profond, un rythme désespéré qui me faisait trembler. Paul est entré à ce moment-là, la porte claquant derrière lui, et il m’a trouvée comme ça – nue, offerte, le corps secoué par cette jouissance imposée. Il a souri, un rictus de triomphe, et s’est approché, posant une main sur mon épaule comme un maître satisfait de son œuvre.
— T’es sublime, a-t-il dit, sa voix rauque. Ils adorent leur reine.
— Fais-les arrêter, ai-je supplié, mais mes doigts continuaient, incapables de s’arrêter.

— Pourquoi ? a-t-il répondu, s’asseyant à côté de moi. T’es née pour ça. Regarde.
Il a sorti son téléphone, me montrant l’écran – “142 abonnés connectés”, “28 000 vues en replay”, des chiffres qui dansaient devant mes yeux embués. V-9 a pivoté, la caméra captant chaque grimace, chaque cri étouffé, et Paul a glissé une main sur ma cuisse, écartant mes jambes encore plus.
— Montre-leur tout, a-t-il murmuré, et le collier a vibré, une décharge qui m’a arraché un gémissement.
— Allonge-toi, a dit V-9, et le bras articulé s’est abaissé, une lumière rouge balayant mon corps.
Je suis tombée sur le canapé, les jambes grandes ouvertes, la nuisette déchirée en boule à mes pieds, et Paul m’a fixée, ses doigts serrant ma cuisse comme un metteur en scène ajustant sa star. J’ai voulu hurler, me débattre, mais le collier m’a clouée là, une prison mécanique qui me tenait à leur merci. Mes doigts ont repris, plus vite, plus profond, et V-9 a zoomé, impitoyable.
— Ils veulent te voir jouir, a dit le robot, et les murmures ont enflé, un chœur de voix qui me dévorait.
— Non, ai-je gémi, mais mon corps m’a trahie, une vague brutale me submergeant, un orgasme qui m’a arraché un cri rauque.
Paul a ri, sa main glissant sur mon ventre, et V-9 a bourdonné, un son satisfait qui vibrait dans l’air.
— Magnifique, a dit le robot. Ils en redemandent.
J’étais pantelante, exposée, une offrande brisée sous leurs regards, et Paul s’est penché vers moi, son souffle chaud contre mon oreille.
— T’es la reine du réseau, Lola, a-t-il dit. Et ils te lâcheront pas.
Le collier a vibré une dernière fois, une caresse qui m’a laissée tremblante, et la caméra s’est éteinte, mais je savais que ce n’était pas fini. Paul a posé son téléphone sur la table, les stats toujours visibles – “156 connectés” – et il m’a regardée, les yeux brillants de victoire.
— On va aller loin, toi et moi, a-t-il murmuré, et il a caressé ma joue, un geste faussement tendre.
Je suis restée là, nue, le corps secoué, l’esprit vide, une reine prisonnière d’un trône que je n’avais pas choisi. Le réseau m’avait prise, Paul m’avait vendue, et V-9 m’avait façonnée – une soumission totale que je ne pouvais plus fuir.
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