Je respire profondément avant que mes doigts ne composent ton numéro. Parler avec toi est toujours spécial. Nous nous écrivons presque tous les jours, mais entendre ta voix, c’est autre chose.
Pas parce que je suis nerveux, mais parce que je sais l’excitation qui nous enveloppera bientôt tous les deux. Nous avons une règle tacite : dès que tu entends ma voix, tu glisses ta main sous ta jupe et commences à te caresser pour moi. Et tu continues tant que nous parlons. Cela donne une saveur particulière à nos conversations, quand je te pose des questions banales sur la météo ou ta journée, et que tu ne peux répondre que par des gémissements, au bord de l’orgasme.
Comme toujours, tu ne te présentes pas au téléphone. C’est une autre de nos règles implicites. Moi non plus, je ne me présente pas. À quoi bon ? On vient de s’écrire, et maintenant, nous poursuivons au téléphone.
« Sais-tu dans quoi tu t’engages ? »
« Oui, Monsieur », réponds-tu avec un soupir de plaisir. Tu étais déjà excitée quand je t’ai proposé ce rendez-vous.
« Bien, alors retrouvons-nous demain à 16 h à la gare centrale de Nice. »
« Voulez-vous que je porte… une tenue particulière, Monsieur ? » Entre tes mots, un gémissement profond. Un ou deux doigts doivent s’être frayé un chemin en toi.
Tu dis souvent que tu es étroite, et je compte bien vérifier si c’est vrai.
« Non, ma chère. Une blouse et une jupe suffiront. Pour la lingerie, je te laisse choisir. De toute façon, tu ne la porteras pas longtemps ! »
Mon rire narquois résonne dans le combiné.
Cette dernière phrase fait son effet. Notre première rencontre, et je t’impose ÇA. En seras-tu capable ? Ma proposition t’a à la fois choquée et excitée. Excitée, car être livrée à moi est l’un de tes fantasmes préférés. Choquée, car tu aurais peut-être préféré commencer par un café. Tu ne me connais pas vraiment, mais dans moins de 24 heures, je te posséderai d’une manière qui exigera une immense confiance. Tu sais que je ne suis pas un psychopathe recherché ni un tueur de femmes.
Je te « rassure » toujours ainsi quand tu es nerveuse, et ça te fait rire. Sauf quand tu gémis !
« Et souhaitez-vous que je sois… spécialement préparée, Monsieur ? »
Un autre gémissement révélateur. Tu prolonges la conversation, espérant jouir. Mais malgré ton excitation, ça ne vient pas si vite, et tu sais que notre échange touche à sa fin.
« Eh bien, ma douce », dis-je avec un rire narquois, « quand tu seras à ma merci, je devrai vérifier la… disponibilité de tous tes… orifices. » Je rends ce mot aussi cru que possible. « Celui de ta bouche gourmande… » Une idée me fait hésiter. « Ma douce, ta bouche est bien profonde, n’est-ce pas ? Fais-moi l’entendre, mets deux doigts au fond de ta gorge, comme tu sentiras mon sexe demain. »
Tu déglutis audiblement.
Tes gémissements s’étaient intensifiés, tu étais proche de l’orgasme. Mais maintenant, tu dois retirer ta main de ton sexe, ce qui te ramène en arrière.
J’entends un gargouillement et un bruit de déglutition. J’ai envie de me caresser rien qu’à ce son, mais je me retiens, car tu n’as pas encore mérité mes gémissements.
« Maintenant, ma douce, prends ces deux doigts et pénètre ton intimité pour moi. Fort et vite, comme je le ferai demain ! »
Tu tousses brièvement en retirant tes doigts de ta bouche, puis un halètement profond s’accélère. J’entends, au loin, un bruit humide.
« Oh, mon Dieu, c’est si mouillé, Monsieur ! S’il vous plaît, puis-je… continuer à me caresser… jusqu’à jouir, Monsieur ? »
Tu espères un « oui », mais tu sais que je ne te l’accorderai pas.
« Chut, ma douce ! » dis-je calmement, malgré mon excitation. « Tu ne veux pas tout gâcher maintenant ? Combien d’orifices ma petite soumise offre-t-elle à son maître ? »
« Trois… », réponds-tu, la voix torturée.
« Et quel orifice n’as-tu pas encore offert à ton maître ? »
« Mon… cul… » Tu adores quand je te tourmente ainsi.
Mais tu sais que tu ne peux jouir sans ma permission, et ce n’est pas le moment de la demander.
« Et dans quel orifice ma petite soumise va-t-elle mettre ses deux doigts mouillés ? »
« Oh, Monsieur… s’il vous plaît… pourquoi deux ? » D’habitude, je te demande un seul, mais aujourd’hui, je suis d’humeur généreuse. Et pour toi, ce n’est jamais bon signe !
« Deux te gênent, ma petite soumise ? » dis-je avec une fausse compassion. « Trois seraient mieux ? Ou plus encore ? » Mes derniers mots sont tranchants comme une lame, et ils font effet.
« Non, Monsieur, non ! Pardon ! Deux… deux… puis-je me pénétrer le cul avec deux doigts, s’il vous plaît ? »
« Qui pourrait refuser une telle requête ? Tu peux te pénétrer le cul avec deux doigts, pendant soixante secondes. Ensuite, tu les retireras, compris ? »
Tu es au bord des larmes. Tes doigts sont mouillés, mais deux sans préparation, c’est difficile. Et pour jouir, tu devras te dépêcher.
« Plus que 45 secondes ! »
Un gémissement douloureux. Tes doigts sont en toi, mais tu dois reconstruire ton excitation, et le temps file.
« 30 secondes ! »
Tes doigts accélèrent, je l’entends. Ton excitation monte, mais ça ne suffira pas.
« Plus que 15 secondes ! »
Tu détestes la pression du temps. Tu ne peux pas jouir ainsi, mais c’est le but : te garder excitée jusqu’à demain.
« 10, 9… » Je compte lentement. À zéro, tu gémis de frustration. Il ne manquait pas grand-chose.
« Tu m’as demandé si tu devais te préparer ? Je te prendrai comme bon me semble, dans tous tes orifices, quand et comme je veux. »
Tu comprends l’allusion. Une fois, je t’ai fait te pénétrer le cul au téléphone, et tu as dû garder cette odeur sur tes doigts toute la journée. Tu sais ce que tu dois faire, pour toi, pas pour moi.
« Pas de plug ! J’apporterai tout ce dont tu auras besoin. Ce que je n’ai pas, tu n’en auras pas besoin. »
« Oui, Monsieur ! Monsieur, dois-je continuer à me caresser pour vous ? » J’aime quand, dans l’excitation, tu passes du « vous » formel au « tu » familier.
« Non, ma chère ! Tes orgasmes, je m’en occupe demain. Dors bien ! »
« Merci, Monsieur. Toi aussi… »
Le lendemain, mon train arrive à l’heure à la gare centrale de Nice. Tu n’es pas sur le quai, comme je te l’avais interdit. Je trouve ces accueils exagérés ridicules, avec les couples qui s’enlacent sur des quais étroits. Non, tu m’attends dans le hall spacieux de la gare, plus discret malgré la foule.
Les voyageurs pressés, les automates à billets, les cafés bondés : personne ne remarque la femme élégante en jupe sombre, blouse claire et blazer chic. Tu as du goût, c’est certain.
Quand nous nous voyons, un instant d’hésitation. Comment me saluer ? Tu voudrais peut-être m’enlacer, moi qui t’ai guidée dans un monde de plaisirs et de tourments. Mais je suis aussi ton maître, à qui tu dois du respect. Tu restes immobile, incertaine.
Je ne t’avais pas préparée à cela. Avant que tu ne parles ou agisses, je passe mon bras autour de tes épaules, comme une vieille amie, et te guide vers la sortie. En marchant, je dis nonchalamment combien c’est agréable que tu sois là et qu’on devrait y aller. Pour un observateur, nous sommes deux connaissances allant prendre un café. Loin de là !
En quittant la gare et en tournant dans une rue adjacente, nous devons former un drôle de tableau. Toi en tailleur sombre et blouse blanche, moi en costume noir, chemise blanche et cravate fine, nous ressemblons à des gens d’affaires. Mais les lunettes noires que nous portons crient : « Ne m’adressez pas la parole ! » Et puis, il y a cette grande sacoche de sport noire que je porte, qui cliquette métalliquement à chaque pas. Les gens d’affaires ont des valises à roulettes, pas des sacs de sport comme les agents ou les tueurs à gages des films hollywoodiens. J’aime ce cliché.
Nous traversons un quartier respectable, avec des boutiques aux vitrines attrayantes. Je te tiens fermement par le bras, te faisant avancer rapidement, bousculant parfois un passant qui se retourne, intrigué. C’est une discrétion ostentatoire, et j’en savoure chaque instant.
Nous arrivons à l’hôtel que j’ai choisi, une chaîne connue, mais pas trop grand. Parfait pour nos besoins. Situé à un coin de rue, il a de grandes fenêtres vitrées. Le soir, si les rideaux ne sont pas tirés, les passants peuvent voir à l’intérieur. Et l’après-midi, avec le soleil bas, l’effet est similaire. Tu l’as peut-être remarqué en voyant le bâtiment moderne, mais je te le ferai remarquer le moment venu.
À la réception, l’employé, plongé dans son ordinateur, ne nous voit pas tout de suite. Ce n’est que lorsque je laisse tomber la sacoche avec un bruit métallique qu’il sursaute. Il remarque ma main fermement posée sur ton coude et me fixe pendant les formalités, semblant évaluer si nous sommes dangereux ou juste excentriques. S’il savait !
« Votre chambre est au deuxième étage, vue sur la rue, numéro 232. L’ascenseur est juste… »
« Merci, je connais le chemin », dis-je, lui coupant la parole. Tu restes à côté, et je sens que tu te demandes si ce rendez-vous était une bonne idée.
« Chérie, peux-tu appeler l’ascenseur ? » dis-je avec une politesse exagérée, lâchant ton coude.
Tu acquiesces docilement, comme il se doit face à un ordre. « Oui, Monsieur », murmures-tu, mais l’employé t’entend, ce qui ne dissipe pas sa confusion.
Je ramasse la sacoche, provoquant un nouveau bruit métallique qui le fait tressaillir. S’il appelle la police, pensant à une prise d’otage, ils découvriraient une scène… intéressante.
Dans l’ascenseur, nous sommes face à face. Ce n’est pas ce que tu imaginais.
« Peur ? » dis-je sèchement.
« Non, Monsieur, mais… puis-je parler ? »
« Chut ! » dis-je doucement, m’approchant jusqu’à ce que mes lèvres frôlent ton oreille. « Il ne t’arrivera rien que tu n’aimeras pas. Tu peux me faire confiance. Tu sais, je ne suis pas un psychopathe recherché ni un tueur de femmes… »
Puis je t’embrasse. Notre premier vrai baiser, pas juste des mots. Mes lèvres effleurent les tiennes, doucement, puis ma langue s’immisce, jouant avec la tienne. Tes lèvres sont douces, chaudes, pleines, et je m’imagine les écarter brutalement avec mon sexe. Mes mains caressent tes cheveux, mais je me vois les saisir pour te positionner à ma guise. Tu enlaces mes mains, et nous nous embrassons comme des amoureux. C’est beau, même si ça contraste avec l’attitude distante que j’ai adoptée depuis la gare. Mais c’est ce dont tu as besoin pour la suite.
Quand l’ascenseur annonce le deuxième étage, tu es presque malléable entre mes mains. Un simple baiser au bon moment peut tant faire. Tu me regardes, heureuse, prends timidement ma main, et je te laisse faire. Main dans la main, nous allons jusqu’à la chambre. J’insère la carte magnétique, un bip, le voyant passe au vert.
J’ouvre la porte et te laisse entrer.
La chambre n’est pas spacieuse, comme souvent dans les hôtels. Propre, elle représente bien la réputation de la chaîne. Assez grande pour être anonyme, assez petite pour qu’on s’occupe des clients. Demain, au petit-déjeuner, on t’appellera probablement par le nom que j’ai inscrit à la réception. Tu restes hésitante dans le petit couloir reliant la chambre à la salle de bain, regardant le grand lit.
L’aménagement est soigné, évitant l’aspect typique d’un hôtel. Le lit a quatre montants en fer surmontés de boules. Le bureau fixé au mur et le fauteuil près de la fenêtre reprennent ce design, tout comme la tringle à rideaux. Trouver une chambre adaptée à mon projet n’a pas été facile, mais après des heures de recherche, j’ai choisi celle-ci, avec ce lit où je pose la sacoche mystérieuse. J’y jette la carte magnétique négligemment.
« Dois-je me déshabiller, Monsieur ? »
Tu fais un pas, tes mains s’approchant du premier bouton de ta blouse. Je secoue la tête.
« Tout ce que tu dois faire, tu l’apprendras ici. »
Sur ces mots, je te tends un petit lecteur MP3 avec des écouteurs, sorti de ma poche. Tu me regardes, incrédule. Je place les écouteurs dans tes oreilles, t’embrasse une dernière fois, active le lecteur, et te laisse, perplexe, en quittant la chambre…
Camille
























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