Léa raconte sa descente aux enfers, mais les parents de Muriel lui tendent la main.
Le temps passe tranquillement. Je prépare doucement un nouveau projet professionnel, c’est encore trop confus, mais je vais y arriver. Cette fois, il s’agit d’immobilier, mon hésitation vient de ce que je ne suis pas seul dans cette histoire. J’ai du mal à m’engager avec d’autres personnes sur un projet qui va nous prendre beaucoup de temps et d’énergie, alors je cherche la petite bête, je doute. Il vaut mieux le faire avant qu’après.
Le printemps arrive, Léa semble bien dans sa tête, bien dans son corps et satisfaite de ses études. Pas de nouvelles de Muriel, si ce n’est un petit coup de téléphone rapide toutes les deux ou trois semaines. Sa présence nous manque, mais elle fait sa vie. Le projet immobilier prend corps. Roger, mon associé est un homme d’une quarantaine d’années, brun, grand et sportif. Il vit avec Fabienne, que je rencontre souvent, car elle va participer à notre montage. Nous envisageons un groupe d’agences immobilières en centre-ville, avec l’appui d’un spécialiste qui agit au niveau national. Lancer ce genre d’affaires est un travail de titan, mon investissement est important à la fois financièrement, mais aussi en temps, déplacements, repas, etc. Roger et Fabienne deviennent des habitués de notre maison où nous avons installé un bureau provisoire.
Ils vont et viennent comme bon leur semble, car la pièce où nous avons installé le bureau est indépendante et possède sa propre entrée. Tout se passe bien, sauf que je me rends compte que mon énergie est peut-être moins inépuisable que je ne le croyais. En bref, je suis fatigué et l’été ne sera pas spécialement reposant. On bloque huit jours quand même avec Jean-Claude et Katia, à la fin juillet. Sinon, j’aurai du travail pour tout l’été. Quand tout sera lancé, je pourrai me calmer un peu, mais là, il y a un gros coup de collier à fournir. Marie-Claude est consciente de l’enjeu et me soutient de toutes les manières possibles. Elle m’a quand même fait remarquer que la fréquence de nos jeux et câlins avait pas mal baissé, mais qu’elle ne m’en voulait pas.
Tout de même, si on pouvait organiser un petit week-end exceptionnel avec nos amis de Bègles, ça lui ferait plaisir. Aussitôt dit, aussitôt fait, j’ai contacté Katia, lui ai expliqué la situation, en lui précisant honnêtement que je ne pourrai pas être présent le samedi, mais que je lui réserverai le dimanche. Elle a compris, en a parlé à Jean-Claude et ils ont accepté de venir. Nous étions ravis, y compris Léa, très contente de revoir des gens qu’elle aime bien. Par contre, elle ne prévoit pas de participer à nos échanges, elle ne se sent pas prête pour ça, au contraire, j’ai le sentiment qu’elle a un flirt avec un jeune de la fac. Comme elle n’en parle pas, nous non plus, mais je l’ai vue en ville, près d’un garçon tout blond et la manière dont il posait son bras sur les épaules de Léa me semble bien possessive. C’est bien qu’elle vive sa vie de jeune fille.
Le samedi, je passe deux fois à la maison dans la journée pour être sûr que tout se passe bien. Léa tient compagnie à Katia pendant que Marie-Claude a entraîné Jean-Claude droit dans son lit. Ça promet ! Je conseille aux filles d’aller faire les boutiques en ville, vu que je n’aurai pas fini avant dix-huit heures. Je travaille au bureau avec Fabienne. Heureusement que nous sommes isolés de la maison, j’imagine la scène si elle entendait les cris de Marie-Claude dans les bras de son amant alors que je travaille avec elle ! Vers l’heure prévue, je propose à Fabienne d’en rester là, il faut savoir s’arrêter de travailler quand même. Je lui propose un apéro avec nous et nos amis avant de rentrer chez elle. Elle accepte l’apéro, mais veut finir absolument un compte prévisionnel un peu compliqué dont elle a peur de perdre le fil si elle ne va pas au bout.
« Je vous rejoins dans dix minutes un quart d’heure, le temps de finir et de prévenir Roger de mon retard. »
Je vais au salon et m’installe avec Katia et Léa qui semblent très proches, se parlant à voix basse, vraiment de manière amicale. Léa se lève bientôt pour nous quitter, elle retourne au centre-ville rejoindre ses amis pour la soirée. Je souris :
« Et la nuit ? »
« Ben je ne sais pas. Peut-être, ça dépendra. »
« D’un beau jeune homme blond ? »
« Tu es au courant ? Comment tu sais ça ? Je croyais que Katia était la seule à l’avoir vu, aujourd’hui même ! »
« Je passais en ville et je vous ai aperçus tendrement enlacés, il n’y avait guère de doute possible. Je suis très content pour toi, ma belle. Va vite et profite bien. »
« Bisous. »
Elle rejoint sa chambre en dansant, toute contente de rejoindre ses amis et son probable amoureux. Je reste en tête à tête avec Katia et nous échangeons des mots doux, il y a longtemps qu’on ne s’est pas vus et j’ai brutalement très envie d’elle. Elle le sent très bien, d’ailleurs, elle en joue, fait sa chatte, joue avec mon désir et finit dans mes bras. Nous nous embrassons longuement. Elle aurait pu être ma compagne si je n’avais pas rencontré Marie-Claude avant. Non que je regrette mon union avec ma moitié, mais j’aurais pu l’aimer autant. Ça aurait été une autre vie. J’entends la voix de Marie-Claude qui s’approche.
« Profitez bien. Cette nuit, on la passe tous les quatre ensemble. Ça va être grandiose ! »
Je la regarde. Je la trouve magnifique, presque nue, dans la maturité de ses quarante-cinq ans. Ses seins sont encore très beaux, elle a peu de ventre et le reste est toujours musclé par ses entraînements de karaté et ses joggings. Jean-Claude arrive derrière elle. Lui non plus ne s’est pas rhabillé et je ne sais pas comment il fait, mais il bande encore ! Quelle santé. Il vient poser un bisou sur la bouche de Katia et retourne s’intéresser au postérieur de Marie-Claude. Il passe rapidement sous son espèce de paréo et lui lutine les fesses avec application. Marie-Claude est ravie, elle n’apprécie pas la sodomie, mais elle adore se faire caresser les fesses et l’entrejambe. Je caresse doucement le visage et les cheveux de Katia pendant que Jean-Claude vient mettre son sucre d’orge devant la bouche de ma chérie qui n’y résiste pas.
Je vois ses lèvres s’entrouvrir, s’écarter et la bite de mon ami glisser dans la bouche de ma Marie-Claude. Elle démarre une sucette pleine de style, avec variation de rythme et léchages en tous sens. Le sexe de Jean-Claude retrouve toute sa splendeur. Katia commence à fouiller dans mon pantalon, mais je voudrais me doucher avant d’aller plus loin, je lui propose de venir avec moi. Tout à notre envie de revenir avec nos conjoints au plus vite, nous expédions la douche, sans oublier de bien nous savonner l’un l’autre et nous revenons au salon en tenue d’Adam et Ève. Je suis convaincu que je vais trouver Marie-Claude et Jean-Claude en pleine action, je fonce donc vers le séjour en tenant la main de Katia. En arrivant dans la salle, je bute presque sur Fabienne, tétanisée, en train de regarder Marie-Claude qui lui tourne le dos et qui va-et-vient sur le sexe de Jean-Claude sur lequel elle est venue s’asseoir. Fabienne se tourne vers moi et me voit nu, tenant la main de Katia, nue aussi et nous précipitant vers le couple adultère en pleine action. Fabienne ! Je l’avais oubliée. En fait, en la regardant bien, elle n’a pas l’air de paniquer, elle sourit et une certaine rougeur de son teint me fait penser que le spectacle ne la laisse pas de glace.
« Oh, Fabienne, je suis profondément désolé. Nous n’avions pas vu nos amis depuis longtemps et j’ai oublié que je t’avais proposé l’apéro. Tu m’en veux ? »
Marie-Claude vient de se retourner, a constaté la présence de Fabienne et se dégage du sexe de Jean-Claude pour se lever et, après avoir renfilé son vêtement à la diable, s’approcher de la jeune femme.
« Fabienne, je suis navrée de t’avoir infligé ce spectacle, veux-tu boire quelque chose ? Je croyais que tu étais partie quand Michel est revenu avec nous. On va tous se rhabiller et t’expliquer tout ça. Viens t’asseoir. Tu es con, Michel, tu aurais pu nous dire que tu l’avais invitée à venir prendre l’apéro quand même ! »
Elle referme son paréo. Katia et moi retournons à la salle de bains remettre nos vêtements et Jean-Claude file dans la chambre renfiler chemise et pantalon. En une minute, nous sommes tous présentables, autour de Fabienne qui n’a pas encore osé s’asseoir. Marie-Claude a la ferme volonté de la rassurer.
« D’abord, tu ne risques rien. Nous n’avons pas l’habitude de sauter sur tous les gens qui nous entourent, tu l’as bien vu puisqu’on se fréquente depuis un an et qu’on ne t’avait pas parlé de nos amis de Bordeaux. Même Roger, qu’on connaît par le karaté depuis des années n’est au courant de rien. En fait, nous avons des relations amoureuses avec deux couples de la région de Bordeaux, Katia et Jean-Claude ici présents, et Isabelle et Noël, qui n’ont pas pu venir ce week-end. Nous les avons rencontrés lors d’une croisière que nous avons faite il y a cinq ou six ans maintenant. Depuis, nous nous voyons régulièrement, mais nous n’avons pas eu d’autres amants. Enfin pas moi. Michel non plus, je ne crois pas. »
« Non, en effet. Sauf… »
« Ah oui, en effet. C’est un peu prématuré d’en parler. Et puis c’est une page tournée, n’est-ce pas ? »
« Oui. »
« La rencontre sur le paquebot de croisière a été toute une aventure, je te la raconterai un jour, si tu veux. Mais ne te fais pas d’idées fausses, nous ne sommes pas des échangistes libertins. Nous ne pratiquons l’amour libre qu’en circuit fermé, avec nos quatre amis. Et même parmi eux, une relation plus proche d’un vrai amour à quatre s’est fait jour entre nous et Katia et Jean-Claude. Je ne sais pas s’ils ressentent la même chose, mais l’amour avec eux a une saveur particulière et ils me manquent souvent alors que je ne ressens pas les mêmes choses avec Isabelle et Noël. J’imagine que tout ça te surprend ? »
Fabienne finit le verre d’eau qu’on lui a mis dans les mains dans un premier temps.
« Oui, quand même. Je n’avais jamais vu un couple faire l’amour en vrai, en direct. C’est fort, c’est vivant, pas du tout comme dans les films spécialisés. Je ne vous ai pas regardé longtemps, mais j’ai senti que vous vous aimez d’une certaine manière. C’était incroyablement sensuel plus que sexuel.
« Je suis très gênée que tu nous aies surpris dans cette situation, mais je suis contente que tu aies senti que ce n’est pas que du sexe brut. C’est la deuxième fois que je suis surprise en pleine action avec un amant, ça va devenir une habitude ! »
« Avec Jean-Claude, ou Noël ? »
« Même pas, c’était avec Yvan, le cinquième des Bordelais. Il est parti travailler à l’étranger, nous ne le voyons plus depuis plus d’un an. Nous nous retrouvions à sept, au début.
« Par qui avez-vous été surpris ? »
« Hum, tu veux raconter, Michel ? C’est peut-être indiscret pour elle ? »
« C’est indiscret, en effet. J’aimerais mieux lui demander son avis avant de te raconter tout, d’accord ? »
« Oui, je comprends bien, j’apprécie ta délicatesse envers la personne en question. Comment avez-vous commencé à coucher ensemble ? »
Jean-Claude prend la parole,
« En réalité, nous connaissions Isabelle et Yvan depuis nos études. Nous avions tous plus ou moins fait l’amour avec Katia et Isabelle. Nous avons décidé de nous retrouver régulièrement pour passer de bons moments tous les quatre jusqu’à ce qu’Isabelle tombe raide dingue de Noël. Nous, on trouvait très bien le partage entre deux couples, Katia et moi étions déjà très liés. Mais Isabelle aimait coucher avec Yvan tout en n’étant pas du tout amoureuse de lui. Elle a réussi à convaincre Noël de se joindre à nous. J’ai cru qu’il ne tiendrait pas la première fois qu’il a vu Isabelle se faire prendre par Yvan. Et puis Katia s’est avancée vers lui, lui a dit quelques mots et l’a attiré vers elle pour qu’il vienne en elle. Si Katia l’adoptait, il était dans le groupe. On a partagé trois ans de plaisirs et de bonheur, jusqu’à ce qu’on décide de faire le tour de la Méditerranée en croisière.
C’était un grand navire, on était quelque chose comme quatre mille passagers. Le deuxième jour, suite à une partie de rigolade dans une coursive où passait le capitaine, nous avons discuté avec lui et il nous a invités à sa table le soir même. On a bien apprécié, c’était un type vraiment sympa. L’autre invitée, c’était Marie-Claude. Nous avons lié connaissance et on est allés en discothèque, après avoir traîné sur le pont en parlant de plein de choses, entre autres, Marie-Claude nous a expliqué que son mari était bloqué dans sa cabine par un mal de mer carabiné. Le courant est si bien passé entre nous qu’elle a finies la nuit avec Yvan. Le lendemain, on a eu la stupéfaction de se rendre compte qu’elle avait sa propre cabine indépendante de celle de son mari. On l’a attirée au massage, sachant que le masseur du bord était un très chaud lapin et ça n’a pas raté, le massage s’est terminé en partie de jambes en l’air. On s’est tous approchés et quand elle a joui, on a tous applaudi. Elle ne savait plus où se mettre et c’est là qu’on l’a rassurée et qu’on lui a dit qu’on était tous les cinq échangistes entre nous. »
Marie-Claude est gênée, elle ajoute :
« À l’entendre, on croirait une salope prête à sauter sur tout ce qui bouge ! C’est drôle, j’étais en colère contre Michel parce qu’il était malade et surtout, la première nuit, il s’est réveillé en sursaut et m’a vomi dessus ! Une horreur, j’en avais partout. Le lendemain, le capitaine a mis la cabine de réserve à ma disposition et il a été le premier à en profiter. Le médecin m’avait indiqué que Michel souffrait de mal de mer sévère et qu’il serait out pendant six à huit jours. Je savais qu’il n’avait rien de très grave et qu’il n’y avait pas de risque pour lui. J’ai lâché prise, je suis devenue une salope qui couche avec tout le monde, je ne sais même pas pourquoi. Quand Michel a récupéré, bien plus vite que prévu par le médecin, il est tombé de haut. On a dépassé la crise, je lui ai présenté mes amis et, grâce encore une fois à Katia, on a fini par coucher tous ensemble.
J’interviens :
« Je ne l’ai jamais regretté. Pourtant, j’ai vécu “tempête sous un crâne”, je peux te l’assurer. Fabienne, pardonne ma négligence, je suis désolé de t’avoir plongée dans cette histoire et je te demande de ne pas en parler, Saint Dié n’est pas une si grande ville, tu comprends ?
Fabienne n’a pas le temps de répondre, on entend la porte du garage claquer violemment et Léa fait irruption, en larmes les cheveux décoiffés par son casque. Elle s’arrête brusquement en voyant les gens assemblés là, mais Marie-Claude se lève comme une fusée pour aller la prendre dans ses bras.
« Léa ? Qu’est-ce qu’il y a, ma chérie ? »
Léa s’accroche à elle en pleurant toutes les larmes de son corps. De violents sanglots la secouent de haut en bas. Marie-Claude l’attire vers le canapé, la couche doucement sans la lâcher en lui parlant avec douceur.
« Viens là, ma belle, voilà, assieds-toi. Pose ta tête sur l’accoudoir, calme-toi, tout le monde t’aime ici, détends-toi ma chérie. »
Léa reprend doucement le dessus. Katia lui tient la main, je suis près de sa tête et je la regarde dans les yeux avec toute la tendresse que je ressens pour elle. Marie-Claude lui fait boire un verre d’eau, puis lui demande :
« Qu’est-ce qui t’est arrivé ? Tu veux nous parler ou préfères-tu qu’on soit seules toutes les deux ? »
Léa hoquette un peu au début, mais sa voix s’affermit et elle se lance :
« Arnaud a rompu, il m’a balancé tout un tas de saloperies, je ne sais pas si je pourrai retourner en ville. »
Je m’étonne :
« Quoi ? Comment ça pas retourner en ville ? Et tes copines ? Qu’est-ce qu’il a dit, Arnaud ? »
« Un de ses potes m’a reconnue sur une jaquette de film porno. Un où je jouais l’un des premiers rôles. Il l’a montré à Arnaud, qui me l’a jeté à la tête. Mes copines ne savaient plus quoi dire. Lui, il m’a incendiée, traitée de pute, de traînée, je ne sais plus quoi d’autre. Personne ne m’a défendue. Je suis partie en courant et je suis rentrée ici. Qu’est-ce que je vais faire ? «
Marie-Claude pose une question dangereuse :
« Tu l’aimes ? »
« Je ne sais plus. J’ai cru que j’étais amoureuse, mais il est aussi con que mon père. Je suis tellement déçue, ça m’a lavé la tête. Non, je ne l’aime pas. »
Pendant ce temps-là, je vois Fabienne qui est restée là. Elle ne savait évidemment pas que Léa avait tourné dans des films pornos. Je vois sa mâchoire descendre de plusieurs étages ! On ne lui aura rien épargné, ce soir. Elle se tourne vers moi et me demande :
« Elle a fait du porno ? Mais elle a commencé à quel âge ? »
« Elle a vécu dans une communauté libertaire qui prostitue ses membres, hommes et femmes, en les faisant tourner dans des films pornos. Elle a réussi à en sortir, mais ça la poursuit. Ça n’a duré que quelques mois, heureusement. »
Je reviens à Léa qui parle à Marie-Claude et Katia.
« Comment je vais pouvoir vivre si les gens se détournent de moi quand ils apprennent ce que j’ai fait ? Qu’est-ce que j’ai été conne ! »
« Tes amis, puisqu’ils sont au courant, c’est maintenant que tu vas pouvoir les compter. Ça ne sera pas facile, tu vas sûrement en entendre parler, mais tu dois vivre pour toi et parler et argumenter avec ceux qui comptent pour toi. Je pense qu’ils ne te condamneront pas tous. Et puis on est là, Michel et moi. »
Katia reprend :
« Nous aussi, Léa. La vie nous réserve souvent des surprises, tu verras, elles ne sont pas toutes mauvaises. Si tu veux venir à Bordeaux, nous t’accueillerons avec plaisir. »
« Merci, Katia, c’est bien que tu sois là et j’apprécie ton offre. Je vais réfléchir à tout ça. Mais j’ai fait tellement d’efforts pour reprendre le niveau à la fac, il faut que j’y pense tranquillement. »
« Bonsoir. »
La porte d’entrée se ferme sur le nouvel arrivant. C’est Muriel. Elle est très pâle, l’air nerveux, ou anxieuse, elle n’a pas l’air bien du tout. Je la vois entrer et je vais l’enlacer pour l’accueillir. Elle m’embrasse et se dirige vers sa mère. C’est là qu’elle découvre Léa, encore allongée dans son canapé.
« Léa ? Salut. Qu’est-ce que tu fais là ? Ça va ? Tu as eu un malaise ? »
« Muriel ? Oh, mon Dieu, tu es là ! »
Léa se redresse rapidement.
« Non, non, ça va. Je ne savais pas que tu devais venir ce soir. Tu es là pour le week-end ? »
« Oui, enfin ce n’était pas prévu. Des problèmes dont je voulais parler aux parents. Je ne pensais pas te trouver là, qu’est-ce que tu deviens ? »
Je sens Fabienne qui bouge de son côté :
« Bon, je crois qu’il vaut mieux que je rentre chez moi, mon mari va s’inquiéter. Michel, on se voit lundi, je vous souhaite un bon week-end. Bonne fin de soirée. »
Et elle s’enfuit littéralement vers la porte d’entrée. Elle est partie avant que j’aie réagi. J’espère qu’elle va tenir sa langue, mais j’ai confiance en elle, c’est une amie. Léa ne s’était pas aperçue de sa présence et semble se demander ce qu’a pu entendre Fabienne de nos discussions. Il faudra qu’on mette ça au clair. Katia et Jean-Claude sont tellement des intimes de notre vie que nous n’avons rien à leur cacher. D’ailleurs, ils sont déjà au courant de tout ce qui concerne Léa, ils connaissent toute l’histoire. Muriel ne sait pas tout. Sa mère lui demande :
« Muriel, tu es seul, où est restée Jade ? »
Muriel s’assombrit.
« Jade ne viendra plus, nous avons rompu hier. C’est pour ça que je suis venu ce week-end, j’ai besoin de conseils. »
Marie-Claude insiste :
« Vous avez rompu ? Je croyais que tu l’aimais ? »
« Moi aussi, mais depuis Noël, elle m’a fait vivre un enfer. Sa jalousie s’est exacerbée, elle est devenue délirante. Au point de m’interdire d’aller aux entraînements de karaté, par exemple ! Je ne pouvais plus aller boire un pot avec des potes. Si dans un groupe de travail il y avait une fille, elle ne voulait pas que j’y participe. Ça n’en finissait pas. Lors du dernier week-end, on est allés chez ses parents, ils ont commencé à parler mariage, dot. Ils voulaient que je leur jure que je voulais m’engager avec Jade, comme s’ils sentaient que j’avais des doutes. J’ai mis ma liberté de vivre dans la balance, Jade m’a expliqué que ce n’était pas négociable, si je la prenais, c’était comme elle était. J’ai essayé de lui faire comprendre que je ne serai jamais son toutou, qu’elle devait compter avec ma vie professionnelle et mon mode de vie. Elle a littéralement explosé. Je n’ai rien entendu de pareil ! Je suis parti. Maman, est-ce que j’ai bien fait ? Est-ce que c’est normal, le cinéma qu’elle m’a fait ? J’ai honte de ne pas savoir. »
« Ma pauvre chérie, je crois qu’il va falloir qu’on dorme tous un peu, je vais y réfléchir et on en parlera demain. Léa vit ici, avec nous en ce moment. Tu peux dormir dans ta chambre, Léa dans le bureau et Michel, moi, Jean-Claude et Katia, nous allons partager notre chambre, d’accord ? »
Tout le monde étant d’accord, nous sommes allés nous coucher et la nuit avec nos amis a été particulièrement chaude. Au matin, je me suis levé le premier et suis allé faire du café après un regard émerveillé sur Marie-Claude endormie dans les bras de Jean-Claude. En arrivant dans la cuisine, j’ai dû faire un peu de bruit et j’ai la surprise de voir Muriel sortir de la chambre de Léa, nue comme un ver, et se glisser dans sa propre chambre. Elle en ressort habillé à la diable et me rejoint dans la cuisine.
« Bonjour ma fille. Comment as-tu dormi ? Si j’en crois l’endroit où tu as couché, ça n’a pas dû être de tout repos ? »
« Bonjour papa. Je pensais sortir discrètement avant que vous ne vous leviez, mais c’est raté. »
« Si, comme tu l’as dit hier soir, tu n’as pas d’autre attache, je ne vois pas ce que je pourrais vous reprocher de partager des moments câlins. C’était bien ? »
« Oh oui, je crois que les corps n’oublient pas. »
« Elle vit une période très difficile, tu sais ? »
« Nous nous sommes retrouvés par hasard dans la cuisine hier soir. On avait soif, vous étiez très bruyants, bref ni elle ni moi n’arrivions à dormir. En fait, on réfléchissait tous les deux aux mêmes choses, moi, à la fin de mon histoire avec Jade, elle, à sa situation par rapport à ses amis et co —étudiants de la fac et son début d’histoire avec l’autre gars qui a volé en éclat. Elle se demande s’il n’est pas fou de rage parce qu’elle n’avait encore jamais voulu coucher avec lui. Et il s’aperçoit qu’elle s’est pratiquement prostituée, puisqu’elle a baisé pour de l’argent. »
« Argent qui n’était même pas pour elle. »
« En plus ! Elle s’est vraiment laissé embringuer dans une histoire épouvantable. Au moins, elle m’a dit cette nuit qu’elle avait fait le tour des expériences qu’elle pouvait faire et que ça l’avait calmée sur le plan sexe. »
« Sauf avec toi ? »
« Oui, on s’est bien retrouvés, cette nuit. Je pense que je n’ai jamais cessé de l’aimer. Je ne lui ai pas dit, je ne sais pas comment elle va prendre cette nuit d’amour entre nous. Je voudrais tellement que ce soit une renaissance. Aujourd’hui, elle va reprendre contact avec ses copines, les réunir et leur raconter son histoire pour qu’elles puissent se faire une opinion sans avoir l’impression qu’on les baratine. Je vais l’accompagner, elle ne sera pas seule. »
« On aurait pu aller les chercher, les inviter chez nous et Marie-Claude et moi aurions été là pour la soutenir aussi, ça impressionnerait favorablement ses amies, non ? »
« Je ne sais pas, on lui en parlera quand elle se réveillera, c’est elle qui doit choisir. »
« Surtout, si tu l’aimes, dis-le-lui. Ne la laisse pas dans le doute. C’est une fille bien, elle ne mérite pas ce qui lui arrive. Il ne faut pas que son erreur la poursuive partout, elle doit savoir ta position et tes sentiments. »
« On vient de passer la nuit à faire l’amour ! »
« Tu sais Maman, je ne suis pas une vraie lesbienne, je ne suis qu’une bisexuelle, peux être qu’un jour j’épouserais un garçon, l’avenir le dira ! »
« Elle a payé pour savoir que le sexe n’est pas forcément l’amour. Il faut lui dire clairement tes sentiments et tes espoirs si tu veux te remettre avec elle. Trop de belles histoires périclitent à cause de non-dits. »
« Je comprends. Oui, je le veux. Je vais lui dire, tu as raison. »
Marie-Claude nous rejoint dans la cuisine.
« Bonjour mes amours. Y a-t-il du café pour moi ? »
« Oui ma belle, j’ai prévu, bien qu’avec la nuit qu’on a passée, je ne te voyais pas émerger tout de suite. »
« Je voulais parler à Muriel. J’ai bien réfléchi et je pense qu’elle a eu raison de rompre. Mais est-ce que ça te fait souffrir, cette séparation ? »
« Hier, je t’aurais dit oui, c’est dur, je croyais être amoureuse. Mais je me rends compte en réfléchissant qu’elle voulait m’isoler à la fois de mes amis et même de ma famille. C’est elle qui n’avait jamais envie qu’on vienne vous voir alors qu’on passait un week-end sur deux chez ses parents avec ses frères et sœurs. Non, c’est mieux. Et puis, j’ai retrouvé Léa. Je voudrais bien qu’elle prenne toute la place. »
« Léa ? Ce n’est pas le moment de lui mettre la pression, elle passe une mauvaise période. »
« Je sais, elle m’a tout raconté. »
« Quand en avez-vous parlé ? »
« Cette nuit, maman. Vous avez été passablement bruyants, et ni Léa ni moi n’arrivions à trouver le sommeil avec toutes les idées qui nous tournaient dans la tête. On s’est retrouvés dans la cuisine pour boire un verre d’eau, on s’est assis, on s’est tout dit. Enfin presque tout. Elle voudrait appeler ses copines pour les réunir en ville et leur expliquer son histoire, tu crois que c’est une bonne idée ? Je serai avec elle pour la soutenir. Papa parlait même de faire la réunion à la maison pour que vous soyez là aussi pour l’entourer, mais je ne sais pas ce qu’elle va en penser. »
« Oui, ce serait super. On pourrait faire ça en début de soirée, pour l’apéro. Katia et Jean-Claude nous quittent vers dix-huit heures, ça collerait bien. »
Marie-Claude se tourne vers moi.
« On ne va pas couper à une discussion avec Roger et Fabienne. Bon sang, j’ai la honte, quand je pense qu’elle m’a matée en pleine action ! »
Fabienne a eu droit à tout, te voir enfilée sur Jean-Claude, apprendre que Léa avait tourné dans des films pornos, l’arrivée imprévue de Muriel qui annonce sa rupture pour couronner le tout. Effectivement, il va falloir qu’on parle. J’espère que ça ne va rien changer pour notre affaire. »
Muriel réagit.
« Fabienne t’a regardé faire l’amour avec Jean-Claude ? Comment ça se fait ? Et de quelle affaire tu parles, papa ? »
Marie-Claude repose son café.
« C’est la faute de ton andouille de père ! Il l’invite pour l’apéro et il ne trouve rien de mieux que d’aller prendre une douche coquine avec Katia ! On sortait de la chambre, avec Jean-Claude, les voir s’embrasser comme ils le faisaient, ça nous a donné envie de remettre ça dans le salon, c’est normal, non ? »
« Vous veniez de passer l’après-midi au lit à baiser comme des lapins, je croyais que tu saurais te retenir un peu. Enfin, elle n’avait pas l’air épouvantée. Nous sommes en train de monter une grosse opération dans l’immobilier avec eux. On a déjà beaucoup travaillé et les financements sont actés, je ne voudrais pas que tout soit remis en cause.
Marie-Claude semble confiante.
« Je ne crois vraiment pas. Tu sais, je crois qu’elle était plus excitée qu’outrée. Je ne serais pas surprise que ça lui donne des idées. D’ici à ce qu’ils partent en croisière… »
Une porte s’ouvre et Léa apparaît. Elle nous rejoint pour déjeuner, embrasse Marie-Claude, moi et se pend au cou de Muriel pour se serrer contre elle et lui faire un baiser de cinéma grandeur nature. Marie-Claude est stupéfaite, c’est vrai qu’elle ne sait rien de leur fin de nuit.
« Tu es drôlement câline, Léa. Qu’est-ce que ce serait si vous étiez toujours ensemble ? »
« En fait, on a passé la nuit ensemble. Elle est merveilleuse. J’avais oublié. Tu m’en veux ? »
« Toi et ma fille faites ce qui vous plaît, vous êtes de jeunes adultes, non ? Écoute-moi bien, Léa. Si vous décidez de faire votre vie ensemble, je serais la plus heureuse des femmes. Tu as bien compris ? »
Muriel ajoute :
« Il faut quand même qu’elle en ait envie. Léa, tu sais que mes parents font partie de ma vie, je peux donc te le dire devant eux, je suis toujours folle de toi. Si tu me veux encore, vivre avec toi ferait mon bonheur.
Ça lui fait un choc, à la petite Léa. Elle est restée estomaquée, comme sonnée. Puis, les larmes se sont mises à couler et elle s’est mise à pleurer à gros sanglots ! Katia et Jean-Claude ont débarqué à ce moment-là, un peu surpris de son état et ne sachant pas trop bien comment l’interpréter.
« Une mauvaise nouvelle, encore ? Ma pauvre chérie, qu’est-ce qui se passe ? »
Je les ai rassurés :
« Un excès de bonheur, je crois. »
« Ah. J’aime mieux ça. C’est quoi, la bonne nouvelle ? »
Léa a hoqueté :
« Muriel m’aime… »
« Ce n’est pas très nouveau. Vous vous étiez un peu fourvoyés, mais vous êtes, faites, l’une pour l’autre. »
« Merci Katia. Maintenant, tout le reste a beaucoup moins d’importance. »
« Je ne suis pas d’accord. Maintenant, vous serez deux pour affronter les problèmes que vous rencontrerez. C’est plus facile, tu verras. »
« Quand je pense que je l’avais laissé partir ! J’étais aveugle ou quoi ? »
Muriel lui répond :
« C’est moi qui ai été aveugle, jamais je n’aurais dû te laisser partir de chez moi alors que tu n’avais pas de point de chute sûr. Je m’en veux. Tu sais, maintenant, tu feras ce que tu voudras, je n’empiéterai plus jamais sur ta liberté, juré. »
« Tu es folle, j’ai compris la leçon, je ne suis pas prête, de coucher à droite et à gauche ! C’est toi que je veux, maintenant. »
« Même si Jean-Claude ou papa te proposent un extra ? »
« Tu es conne. J’habite chez tes parents depuis plus de six mois et ton père a été totalement respectueux, il n’y a pas de raison que ça change… Pareil pour ta mère, d’ailleurs. »
« Tu n’en aurais pas envie ? »
« Ben non, tu vois. Pour l’instant, tu remplis tout l’espace. »
Elle se tourne vers nous.
« Ça n’a rien de personnel, je vous aime beaucoup. Toi aussi, Jean-Claude, j’ai toujours apprécié de faire l’amour avec toi, mais aujourd’hui, je ne suis pas disponible. Désolée. »
Elle fait le tour des présents en nous faisant à tous un gentil bisou sur la bouche. Quand mon tour vient, je sens ses lèvres contre les miennes, mais aussi sa langue qui tente un petit passage entre mes lèvres. Bon dieu, qu’elle est bandante ! Je l’avais complètement occulté. Marie-Claude se rend très bien compte de mon état d’esprit.
« Je crois qu’il est temps de laisser petit-déjeuner ceux qui ne l’ont pas pris, les autres, à la douche ! »
Tout le monde se dirige, qui vers la douche, qui vers la table du petit-déjeuner, qui vers sa chambre pour chercher des vêtements. Drôle de week-end, quand même. Que les deux jeunes se soient retrouvés me rend très heureux. Pour eux, bien sûr, mais aussi pour nous, nous les aimons tellement tous les deux. Nous n’avons pas le courage de faire à manger ce midi, on fait venir des pizzas et nous nous installons sur la terrasse. La température est très agréable, nous en profitons pour faire la sieste dehors, en se caressant les uns les autres.
Ça finit évidemment de manière très sexy, on mélange les partenaires, les femmes sont ravies d’être prises avec autant d’enthousiasme. Je remarque que Léa et Muriel se sont discrètement retirées, ils ne sont pas prêts à se mélanger à d’autres, c’est trop tôt. Je percute aussi que Marie-Claude est là, en train de faire l’amour avec moi et Jean-Claude. Elle présente, jamais Muriel ne serait restée, de toute façon. Katia et Jean-Claude nous quittent en fin d’après-midi. Muriel prend la voiture pour aller chercher les amies de Léa qui n’ont pas de moyen de transport. Bientôt, c’est un joyeux brouhaha dans le salon où nous avons installé tout le nécessaire pour un apéritif dînatoire. En fait, Léa a partie gagnée avant même d’avoir commencé son histoire. Les filles sont adorables et comprennent que le cheminement de Léa n’a pas été entièrement de sa faute, même si elle n’a pas su dire non. Nous entourons Léa pendant qu’elle retrace son parcours et qu’elle affirme qu’à quelque chose malheur est bon puisqu’elle a retrouvé Muriel. Celui-ci fait forte impression sur les jeunes filles, j’en vois une ou deux qui minaudent carrément. Je me demande qui aurait le plus besoin de liberté, Léa ou Muriel ? C’est vrai qu’au moment où elle va avoir vingt ans, c’est une fille superbe.
Le final demain soir !
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