La fin des vacances nous a ramenés à notre train-train habituel. Nous sommes peut-être plus proches et plus amoureux que jamais et notre vie n’a pas été bouleversée par ce que nous avons vécu pendant cette croisière. Par contre, quand Katia et Jean-Claude nous ont invités à un week-end dans leur maison de Bègles, nous avons été ravis d’y retrouver nos amis amants et amantes.
Depuis, on se voit à peu près tous les trimestres et même parfois tous les deux mois. Nous projetons aussi de passer quelques vacances ensemble, notre entente est formidable. Ce sont de vrais amis. Notre difficulté est de tenir notre fille Muriel en dehors de toute cette affaire et de nous occuper de lui, de passer du temps ensemble aussi. Je l’ai entraîné à la salle de musculation, mais compte tenu de son âge, il ne faut pas qu’elle force trop pour ne pas compromettre son développement, d’autant plus qu’elle fait déjà du karaté depuis trois ans. Là, elle a bien accroché, elle progresse magnifiquement. Il faut dire qu’à quinze ans, c’est une adolescente superbe. Tout ça ne l’empêche pas de bien travailler en classe et de passer du temps avec ses copines. Elle a un groupe d’amies fidèles de quatre ou cinq filles avec lesquelles elle a les activités des jeunes de son âge, dont des échanges pendant les vacances, pour notre plus grand plaisir.
Deux ans, puis trois ans passent jusqu’au clash qui est venu briser notre bel équilibre. Nous passons le week-end à Bègles, encore chez Katia et Jean-Claude. Les autres sont là aussi et nous profitons de nos retrouvailles pour quelques moments d’intimité mélangée. En fait, si nous venons si souvent chez Katia et Jean-Claude, c’est qu’ils ont une superbe piscine et que dans et autour de cette piscine, nous passons notre temps nus avec tous les débordements imaginables, pas forcément liés à l’eau.
Nous parlons aussi, en prenant l’apéro, par exemple. Je leur parle de ma nouvelle activité, démarrée depuis un an et demi et qui peine à décoller. Je prévois d’ailleurs de me rendre à un salon d’activité à Stuttgart le mois suivant, pour trouver des idées neuves et Marie-Claude refuse absolument de venir avec moi. Je propose en riant à Isabelle de m’accompagner, mais elle refuse en arguant que son homme lui manquerait trop pendant trois jours. Le mois suivant, je pars comme prévu, seul, pour le week-end. Tout se passe normalement, j’apprends des choses intéressantes, mais je ne trouve pas ce que je suis venu y chercher. Un peu dépité, je rentre à la maison, curieux quand même, car dimanche, Marie-Claude m’a dit qu’Yvan a débarqué samedi après-midi et qu’il est resté jusqu’à dimanche en fin de matinée. Je me doute qu’ils en ont bien profité. Elle ajoute qu’elle m’en parlera lundi soir, puisqu’elle embauche à six heures du matin, mais qu’elle aimerait que moi, j’en parle avec Muriel pendant le petit-déjeuner. Elle trouve bizarre qu’elle ait passé la nuit à la maison alors qu’elle devait dormir chez son copain, mais elle a senti un malaise vis-à-vis de Yvan et elle pense qu’il se doute de quelque chose. En gros, elle voudrait bien que je lui tire les vers du nez.
Je rentre donc dans la nuit de dimanche à lundi, et le matin, je retrouve ma fille au petit-déjeuner. C’est vrai que son attitude n’est pas habituelle, je tente de la provoquer un peu.
« Ça n’a pas l’air d’aller, ta mère m’a dit par téléphone que tu devais dormir chez Gilles samedi soir, mais que tu t’es réveillé à la maison dimanche matin. Elle n’a pas pu t’en parler parce que tu t’es pratiquement enfuie de la maison pour ne rentrer que le soir. Qu’est-ce qui s’est passé ? Il y a de l’eau dans le gaz avec ton chéri ? »
« Non, non. D’ailleurs il a dormi avec moi à la maison, samedi soir. Il n’a pas voulu déjeuner à cause de Yvan, et c’est pour le raccompagner que je suis parti un peu vite dimanche matin. »
« Pourtant tu as l’air de quelqu’un qui a quelque chose sur la conscience. Il y a eu un problème ?
« Non, enfin si, peut-être. Oh, et puis autant t’en parler, je ne peux pas ne pas te le dire. »
« Tu m’inquiètes ! C’est grave ? »
« Je m’étais mis d’accord avec maman pour passer la nuit chez Gilles. Je suis allé chez lui, et là, il y avait un de ses oncles qui nous a proposé de passer huit jours, pendant les vacances d’été qui viennent, avec eux dans leur maison de vacances. C’est au bord de la mer, vers Quiberon. On en a parlé pendant un moment et ça nous plaisait vraiment, en plus, il a des cousins super sympas là-bas. On s’est un peu excités là-dessus et on est sortis boire un pot avec des potes au centre-ville. Il n’y avait pas grand monde, on a encore parlé des vacances et on a décidé d’aller dormir à la maison pour pouvoir en parler à maman avant d’aller se coucher.
« Vous n’avez pas téléphoné pour prévenir Marie-Claude de votre arrivée ? »
»Ben non, on savait qu’elle était là, ils ne voulaient pas sortir, avec Yvan. Donc on prend nos scoots et on rentre. On est entrés dans la maison en rigolant, Gilles me disait qu’il était sûr que ses parents seraient d’accord, mais qu’avec vous, ça dépendait du programme que vous aviez prévu, lui ai-je répondu. »
« Non, si on présente ça bien, elle va nous aider à planifier tout ça. Ce sera bien mieux quand j’aurai le permis, là faudra prendre le train. »
« Super, elle est vachement cool, ta maman. Je ne la vois pas souvent, en fait. »
« Oui, elle est vraiment cool. »
« On a entendu du bruit dans le salon, j’ai cru qu’ils étaient devant la télé. Des sortes de claquements, on est arrivés à la porte du salon. Yvan était assis dans le canapé, maman était contre lui, en train de s’enfiler sur son sexe. Ils étaient nus tous les deux. On entendait maman gémir. Ils ne nous ont pas vus. Gilles était fasciné, il me poussait pour mieux voir. Il m’a chuchoté : »
« Ah oui, elle est vraiment cool, ta mère ! Remarque, ton père n’est pas mal non plus. »
« Ce n’est pas mon père. Il est en Allemagne. »
« La vache ! Elle est franchement coolissime ! »
Maman s’est relevée et s’est mise à quatre pattes sur le divan. Yvan est venu derrière elle et l’a prise d’un seul coup jusqu’au fond. Maman a presque crié de plaisir. J’ai pris la main de Gilles et je l’ai entraînée dans ma chambre. Quand je suis descendu le lendemain matin, maman et Yvan étaient déjà dans la cuisine et je les ai entendus parler. Comme j’avais perdu un chausson en bas de l’escalier, je me suis assis sur la dernière Michelhe pour le remettre. Yvan disait :
« Mais si, je suis sûr que tu en as envie. Je gagne bien ma vie, tu sais et tu trouveras facilement de travail sur Bordeaux. Viens vivre avec moi, tu seras une princesse, je ne te laisserais pas toute seule pour courir des salons en Allemagne ! »
« Non, je te le répète, il n’en est pas question. J’aime trop Michel pour le quitter, j’ai fait ma vie, ici, et elle me plaît. J’ai une fille formidable, non, je ne veux pas partir. Et puis, j’aime beaucoup faire l’amour avec toi, Yvan, tu es tendre, amoureux, enthousiaste, mais tu n’es pas l’homme que j’aime. »
« Quand j’ai entendu ça, je suis remonté devant ma chambre, Gilles était sous la douche. J’ai fait semblant de sortir et je suis descendu en faisant du bruit. Dans la cuisine, maman était comme d’habitude, Yvan avait le visage fermé. J’ai pris un café et je suis reparti raccompagner Gilles. Je n’ai pas osé rentrer dans la journée, je n’avais pas envie de parler avec Yvan. Voilà. Tu m’en veux de t’avoir dit tout ça ?
« Je vois. Je crois que je te dois quelques explications. Quel âge as-tu, déjà ? Dix-sept ans ? Depuis combien de temps tu couches avec ton copain ? Six mois à peu près ? Je vais essayer de faire simple. Lors de la croisière que nous avons faite il y a trois ans, nous avons rencontré à bord un groupe d’amis formidables qui nous ont convertis à l’échangisme. Tu connais ? »
« Oui, quand même, je ne suis pas ignare »
« OK. Donc, depuis trois ans, tu sais que nous allons régulièrement du côté de Bordeaux, où nous les recevons ici quand tu n’es pas là, bien sûr. En fait, ça n’a presque rien changé dans notre vie en général ni dans notre vie intime. Sauf quand on se retrouve tous en week-end, là, on s’éclate ensemble sans jalousie parasite. Tu l’as sûrement deviné, Yvan fait partie de ce groupe d’amis. Ta mère a l’habitude de s’envoyer en l’air avec lui et je n’en suis pas jaloux. »
« Combien sont-ils ? »
« Cinq. Deux couples et un homme seul, Yvan. Le fait qu’il ait essayé de convaincre ta mère de me quitter pour aller vivre avec lui va changer la donne. Je ne vais plus pouvoir lui faire confiance. En général, nos retrouvailles sont préparées très à l’avance. Le fait qu’il soit arrivé sans prévenir personne alors qu’il savait que je serais absent est un signe évident, il voulait parler seul à seul à Marie-Claude. Elle, quand elle l’a vu, n’a dû penser qu’à le mettre dans son lit au plus vite. Elle a dû kiffer grave que tu dormes chez ton copain, non ? »
« C’est vrai que pour une première nuit entière ensemble, j’ai eu la permission vite fait. »
« Elle nous aime, tu sais. Yvan est un type adorable, drôle, cultivé et bon amant. En plus, il est manifestement fou d’amour pour elle. Qu’elle accepte ou pas, il savait bien que ça bouleverserait nos accords. C’est triste, je l’aime bien, mais je ne veux plus le revoir. J’espère que Marie-Claude ne m’en voudra pas. Finalement, comment il a pris tout ça, ton copain ?
« Gilles ? Il a une admiration sans bornes pour maman. Elle la trouve courageuse, engagée. Très belle, aussi. Si je ne l’avais pas entraîné dans la chambre, je crois qu’il serait encore en train de mater ! »
« Donc, maman a, ou avait, un mari et trois amants, et toi, une épouse et deux amantes. C’est ça ? »
« Oui, et ça a duré un peu plus de trois ans, mais nous n’avons jamais eu d’autres aventures. C’est paradoxal, mais nous sommes très fidèles l’un à l’autre. Bien, on en reparlera. Sois discret, quand même, y compris avec Gilles. D’accord ? Allez, il faut aller bosser. Ça va, toi, ton bac ? »
« Je suis raisonnablement sûr de moi. J’espère que j’aurais une place en droit. »
« J’ai confiance en toi. À ce soir, ma fille. »
Le soir, Marie-Claude me fait un compte rendu similaire, quoique plus complet. Elle a avoué avoir pleuré avant de s’endormir dimanche soir, car elle se rend parfaitement compte que la situation nous échappe. Yvan lui plaisait beaucoup, elle aimait faire l’amour avec lui, mais elle se rend compte qu’il ne faut plus le revoir. Entre le sexe et l’amour, la limite est quelquefois très petite, surtout entre partenaires qui se retrouvent régulièrement.
« C’est après qu’on a bien fait l’amour, tard samedi soir, qu’il m’a annoncé qu’il voulait que je vienne vivre avec lui. Il sentait bien mon inclination pour lui, le plaisir que j’avais dans ses bras, il a pris ça pour un amour total. Il a cru que je l’aimais comme lui est amoureux de moi. Quelle connerie, quand même ! On était si bien tous les sept. Il va falloir en parler aux autres. Au fait, tu as parlé avec Muriel ? »
« Oh oui, et ça risque de ne pas te plaire. Muriel et Gilles sont invités cet été chez un oncle de Gilles, à Quiberon. Les enfants de l’oncle en question seront là et Gilles s’entend très bien avec eux, elle a hâte de les présenter à Muriel. Cette histoire les a tout excités, ils ont décidé de rentrer dès samedi soir t’en parler et dormir chez nous. »
« Quoi ? »
Marie-Claude a presque crié.
« Ben oui, ils sont entrés dans le couloir, vous ne les avez pas entendus. Eux, par contre, vous ont, très bien, entendus, et regardés aussi. Gilles te trouve particulièrement belle quand tu fais l’amour. Il te voue une admiration sans bornes d’avoir le courage de faire venir un amant quand je ne suis pas là. Il pense que c’est un acte féministe, de décider de la disposition de son corps. »
« Bordel de merde ! »
« Je ne dirais pas ça comme ça, mais j’ai tout expliqué ce matin à Muriel, y compris Bordeaux, les circonstances de notre rencontre, elle sait tout. Je lui ai demandé d’être discrète, même avec Gilles.
Marie-Claude a pris un méchant coup sur la tête. Que sa fille l’ait regardé faire l’amour, en pensant en plus qu’elle trompait son père ! Quelle situation ubuesque. Et son copain qui était là aussi et qui s’est mis plein d’idées en tête.
« Il va falloir parler avec Gilles, tous les deux. Lui dire que je ne te trompe pas, que… »
Elle s’arrête. Elle est vraiment secouée.
« Ne t’inquiète pas inutilement, Muriel me semble avoir bien pris tout ce que je lui ai expliqué, il ne devrait pas y avoir de soucis avec elle. Par contre, une mise au point va être nécessaire avec Gilles, c’est vrai. »
« Quand même, savoir que Muriel m’a regardée en pleine action avec ce qu’il devait considérer comme un étranger… Ça met très mal à l’aise. Je comprends mieux pourquoi elle m’a soigneusement évitée dimanche. C’est quand même une belle période qui se termine. Tu te rends compte que j’ai onze ans de plus que lui ? Il est quand même vachement amoureux, le pauvre Yvan. Je le lui ai rappelé, ça ne semblait pas entrer en compte. Il est gentil, il m’a dit que je faisais facilement onze ans de moins que mon âge et que ça rétablissait l’équilibre. Il est chou, quand même. »
« Tu regrettes ? »
« Non. En essayant de briser notre couple, il nous a tous trahis. Je ne fais que regretter notre insouciance. »
À Suivre !
Ajouter un commentaire