Lettre d’une femme mariée 7
Rappel du thème général : Une femme s’engage auprès de son nouveau patron dans une relation torride avec “l’obligation” de relater à son mari les circonstances de sa mise en abyme par lettres différées.
——————–
Mercredi 27 mai
Quand j’ai entrouvert les yeux, étendue sur le canapé, la pièce était entièrement dans l’obscurité. Je distinguais à peine les formes qui se dessinaient autour de moi et je n’avais aucune idée de l’heure qu’il pouvait bien être. Dans mon demi-sommeil de maîtresse licencieuse et comblée, j’avais l’impression de revivre cette soirée improbable.
Tout ce que j’avais craint et souhaité s’était finalement déroulé sans que j’en éprouve la moindre blessure, et sans avoir moi-même eu le sentiment de faire souffrir un instant l’un de mes partenaires. Le plaisir et l’inconscience, peut-être, avaient joué leur fonction. Je me trouvais confortée dans l’idée qu’aller vers la réalisation des désirs enfouis de mon amant, que concrétiser ses fantasmes n’était pas nécessairement quelque chose de douloureux et de destructeur. J’y trouvais même un apaisement et une sérénité rare. J’en étais redevable à la fois à Michel qui, décidément, avait ce talent de me permettre de me découvrir en m’aidant à développer cette capacité à lire en moi-même, mais aussi à Muriel qui m’avait fait connaître sans honte le plaisir partagé par le corps d’une femme.
J’avais l’impression de planer comme si j’avais absorbé quelque drogue… Cet univers intime et restreint semblait entrer en communion, en fusion avec un autre plus vaste et plus essentiel. Mon désir féminin s’épanouissait, comme s’il se situait à la rencontre, au carrefour de tous les désirs possibles, et cela sans aucune honte, sans avoir à me sentir coupable.
Tout à l’heure, j’ai pu en toute innocence aimer un homme, aimer une femme qui s’aimaient l’un l’autre et me sentir aimée d’eux… En m’interdisant jusqu’ici de vivre cette expérience, j’avais l’impression que la société – et que moi-même par l’éducation que j’en avais reçue – m’avaient interdit de réellement vivre…
Mais en même temps j’avais l’intuition en partie de la fragilité d’une telle situation. Nos rapports amoureux n’avaient pu atteindre pour moi leur plénitude dans l’accomplissement de nos désirs que parce que le respect mutuel y était toujours présent, avec ce souci de n’exclure personne, de ne blesser ou de ne trahir aucun d’entre nous. Mais, en même temps, il y avait dans notre relation à trois, toujours à un instant donné, la prééminence d’un couple possible sur l’autre. Au moment même où Muriel était entre nous, elle était soit davantage avec moi, soit davantage avec Michel…
Ce qui avait finalement rendu cette instant magique, c’est que cet équilibre précaire avait basculé dans nos étreintes de l’un à l’autre, avec cette même volonté qu’aucun d’entre nous ne soit exclu et ne puisse se sentir trahi par le désir des autres. Je ressentais la plénitude d’un amour franc et sincère qui n’avait plus à se cacher.
C’est perdue dans ces pensées que je me suis finalement assise, ravie de pouvoir enfin réaliser cette communion entre deux parts essentielles de ma volonté et à l’égard de deux êtres en qui j’avais pleinement confiance désormais.
Quand mes yeux ont commencé à s’habituer à l’obscurité, j’ai réalisé vraiment que j’étais seule dans la pièce ! J’ai été prise en un instant d’une peur panique, car je n’entendais plus rien et j’ai vécu soudainement un sentiment d’abandon… Ils m’avaient laissée seule dans cet appartement immense que je ne connaissais pas. Je me retrouvais à vivre ce que je craignais le plus au monde ce soir-là et que j’avais cru pouvoir éloigner l’instant d’avant : la peur de me retrouver seule, sans personne auprès de moi !
J’ai pensé à toi violemment ; je m’en suis voulu d’avoir accepté ce rendez-vous ! J’ai réalisé que toi aussi tu te trouvais seul après dîner, pour la première fois depuis longtemps…
L’heure avait filé. Je ne savais pas même s’il était 22 heures ou 3 heures du matin, et je me trouvais à devoir me justifier pitoyablement devant toi, ayant évidemment éteint mon portable… pour un retard que je n’avais pas pris la peine de t’annoncer.
Quand je me suis aperçue qu’il n’était pas encore minuit, je me suis au moins trouvée rassurée sur ce point. J’ai vite enfilé mes sandales, déterminée à revenir d’un pas ferme et sans trébucher vers la bouche de métro la plus proche. Je me suis avancée vers le balcon pour me repérer, car c’est un quartier que je connais plutôt mal ; et c’est alors seulement, que j’ai entendu ce bruit un peu particulier.
C’était comme un léger froissement de tissu… et puis ce souffle déjà si familier.
En me tournant de côté, c’est d’abord elle qui a capté mon regard. Elle était debout, les jambes tendues, légèrement écartées, sur la pointe de ses pieds nus. Il y avait ses chaussures soigneusement rangées à côté d’elle, qui me rappelaient cette autre vision volée… En vérité c’est son corps entier qui semblait tendu comme un arc. Cambrée, la tête relevée et les yeux mi-clos, elle gardait, malgré son abandon, la dignité fière et superbe de la proue d’un navire déterminée à aller toujours plus loin. Elle s’agrippait ardemment au rebord du balcon comme si elle avait peur d’être projetée en avant.
Derrière elle, son partenaire rendu fou de désir, heurtait sa croupe avec toute l’énergie possible, de telle sorte que le claquement régulier de son bassin sur ses fesses provoquait désormais un claquement sourd.
La robe de Muriel était à nouveau entièrement relevée au-dessus de ses hanches, et c’était un spectacle superbe que de voir cette ravissante jeune femme, qui se laissait tripoter énergiquement les mamelons, se faire mettre par son patron comme s’ils avaient été seuls au monde. J’imaginais le petit abricot délicat et soyeux de ma collègue qui m’avait troublé tout à l’heure par son simple contact se faire pénétrer par la grosse queue de mon infidèle amant… J’entendis bientôt leurs voix d’une façon distincte, mais comme un chuchotement, affaiblies par l’emportement du plaisir mais aussi par la volonté évidente de se faire discrets :
- — S’il te plaît, ne t’arrête pas… C’est tellement bon quand tu es dans mon cul !
- — Tu sais que tu as le cul le plus exquis que j’ai jamais baisé ?
Ce que j’ai ressenti alors était si violent, sans que je m’y attende, que j’eus la sensation d’une flèche me transperçant de part en part. J’avais l’impression que ma tête allait éclater sous la pression des pensées brutales qui m’envahissaient. Si la vision de Muriel se faisant baiser ne m’avait pas fait réagir, j’étais soudainement submergée par quelque chose de plus fort que moi. La perception, la sensation, l’assurance finalement d’avoir été trahie ! Je ne savais la raison essentielle de cette douleur… Ce tutoiement qui me revenait en pleine face et me renvoyait à une intimité interdite avec Michel ? Cette complaisance visiblement gourmande de Muriel à lui offrir son cul, alors qu’elle prétendait ne pas prendre véritablement de plaisir avec lui, ou ces chuchotements honteux qui témoignaient de leur désir de me tromper lâchement alors que j’étais abandonnée à mon sommeil ? Et puis, il y avait cette petite phrase qui à elle seule rompait l’harmonie que j’avais vécue quelques heures auparavant et qui résonnait dans ma tête de façon obsédante : « Tu sais que tu as le cul le plus exquis que j’ai jamais baisé ? »
D’un seul coup j’ai pensé à Andrew que je savais un peu prude. S’il avait été témoin de cette scène…
Je m’en voulais d’être là, et me disais que cette douloureuse trahison que je devais affronter n’était finalement que la juste punition de ma participation à cette soirée qui n’était, de son point de vue à lui, que trahison.
J’ai pensé à toi, mais différemment de ces derniers jours… J’ai pensé à tout ce que je te faisais subir finalement, sans que tu en aies conscience. Et par mon absence ce soir, je savais que je venais de franchir un pas supplémentaire, moi aussi, dans la trahison !
Je me suis dit qu’il fallait que je parte au plus vite pour te rejoindre, qu’il me fallait rompre avec cette double vie qui me conduisait, je n’en doutais plus, à la destruction et à l’abîme. J’ai eu envie pour la première fois de détruire toutes mes lettres.
J’ai jeté un dernier regard vers mes amants qui paraissaient si heureux… sans moi, et qui ne savaient plus même que j’existais.
Et puis, comme anesthésiée par trop d’émotions douloureuses, je suis finalement restée là, et j’ai participé à ce jeu de dupes en allant discrètement me blottir à nouveau sur le canapé, recroquevillée comme une enfant qui cherche le réconfort.
En fermant les yeux sur cette pièce pour feindre le sommeil, j’avais conscience de fermer en quelque sorte les yeux sur moi-même. Je savais désormais que l’harmonie insouciante d’une relation partagée n’avait aucun sens, que je ne pourrais pas échapper à la souffrance, que peut-être même je ne pourrais pas échapper à la destruction. Peut-être avais-je basculé dans la folie… mais j’étais consentante !
Jeudi 28 mai
Mon tendre amour,
La longue description de notre soirée à trois ne m’a pas laissé le temps de te parler de ce qui s’est passé depuis lundi.
J’ai vécu entre-temps, un calvaire.
J’avais pourtant l’intuition qu’il me suffisait de tendre la main vers toi pour rompre cet enfer vers lequel j’étais en train de me précipiter. En abandonnant ce bonheur paisible que tu m’avais offert, je m’étais finalement coupée aussi d’une partie de moi-même ; à l’instant où j’étais la plus certaine de m’être « retrouvée » grâce à Michel, dans la communion de mes désirs contraires, je me retrouvais soudainement comme déchirée en deux !
J’étais là, finalement pitoyable, à pleurer mon passé avec toi, mais je n’avais toujours qu’un désir absurde : être avec lui, essentiellement avec lui…
Alors que tu m’avais permis durant de longues années de me réconcilier avec un destin de femme et de mère qui m’avait paru longtemps improbable, voilà que je n’avais finalement plus qu’un désir, détruire cette « belle image » !
Je me disais qu’au fond je ne te méritais pas, que je méritais seulement cette douleur qui me rongeait le ventre, cette douleur d’avoir cru un instant que je pouvais être « quelqu’un » !
Après tout, je n’étais finalement qu’une femme parmi d’autres femmes. Désespérément, je n’étais pas plus forte qu’aucune d’entre elles, puisque j’avais la faiblesse même de céder à la jalousie, à ce désir de possession jusqu’à m’avilir, moi la femme mariée qui te trompais depuis plus d’un mois de façon éhontée et qui prétendait jouer et « jouir » sur tous les tableaux…
Définitivement je ne pouvais plus, après ce qui s’était passé, porter le même regard sur ma relation avec lui. Je me rendais compte à quel point j’avais été jusqu’ici aveuglée, en ne m’apercevant même pas qu’il recevait beaucoup plus de femmes que d’hommes dans son bureau pour de prétendus dossiers de voyages plus complexes. Je ne pouvais évidemment pas me dire que chaque femme qui franchissait sa porte « passait à la casserole », mais j’avais désormais la certitude que beaucoup d’entre elles cédaient à sa convoitise.
Et pour achever le tableau qui aurait dû suffire à me faire détester mon « cher patron », je me suis rendu compte que devant une résistance un peu trop prononcée de la part de ses clientes, il allait parfois jusqu’à proposer des prix très avantageux.
Il ne me cachait finalement rien de ses procédés, et j’avais même la possibilité de vérifier par moi-même la réalité de ses performances puisqu’il savait, ayant mon bureau à côté du sien, qu’il me suffisait de coller mon oreille à notre porte commune et même, lorsque la situation le permettait, de regarder par le trou de la serrure pour avoir une vue très personnelle sur ses pratiques perverses.
Il m’aurait suffit, en même temps, de ne pas me prêter à ce jeu de voyeurisme dégradant pour moi, pour me détacher en partie de cette réalité… Les murs étaient suffisamment insonorisés, lorsque j’étais assise à mon bureau, et il n’y avait chez mon patron aucune ostentation dans la succession de ses multiples conquêtes.
Finalement, il ne m’imposait rien… qu’une certaine vérité qu’il se refusait désormais à me dissimuler.
Le problème, c’est que je ne voulais pas, ou que je ne pouvais pas me détacher de cette réalité ! Je repensais à son évocation des images volées de l’intimité de sa tendre cousine comme une initiation à des pratiques amoureuses jusqu’ici interdites… Finalement, j’étais dans la même situation. J’étais une femme novice à l’égard de pratiques que Michel s’était dit prêt à me faire partager. Aussi, s’il y avait toujours une part de souffrance à l’entendre ou à le voir jouir du corps d’une autre femme, j’y percevais aussi un plaisir indicible qui n’était pas que du masochisme.
Depuis lundi, j’ai appris grâce à lui à confronter mon désir de plus en plus incontrôlé à des perversions dont je n’avais pas jusqu’ici imaginé l’existence… Mais, même lorsqu’il forniquait de la façon la plus prévisible qui soit, j’éprouvais souvent une jouissance érotique mêlée de plaisir dans le seul fait de l’espionner dans des pratiques qui demeuraient en partie à mes yeux condamnables.
J’ai découvert également en moi une satisfaction, que je croyais jusqu’ici essentiellement masculine, à voir l’être que j’aime le plus au monde faire l’amour avec quelqu’un d’autre. À cela s’est ajouté le plaisir tout aussi inavouable chez moi, il y a quelques jours encore, d’éprouver du plaisir à découvrir clandestinement le corps d’une jolie femme s’abandonnant pleinement à la jouissance d’un acte sexuel.
Aussi, ces deux derniers jours, et bien que j’en aie souvent conscience, je me suis souvent placée près de cette porte à genoux, dans une position plutôt inconfortable et humiliante. Et plusieurs fois j’y ai plaqué mon oreille ou j’y ai jeté un regard plein de fascination et d’émotion.
La première fois, il devait être dix heures environ. Comme je l’ai dit, lorsque je suis calée dans mon fauteuil, j’entends à peine les bruits qui proviennent de son bureau. Mais mon avidité malsaine à en savoir plus, à connaître davantage ses pratiques régulières dans ce cadre que j’avais cru tout d’abord exclusivement nôtre, m’avait poussée à me positionner déjà pour guetter le moindre bruit.
Quand je l’ai entendu pénétrer dans la pièce, il était précédé de bruits de pas féminins. L’écoute pour la première fois de sa conversation avec l’une de ses proies possibles me parvenait alors avec une étonnante clarté.
- — Je vous ai fait venir car je peux vous proposer des formules personnalisées qui satisferont votre mari comme vous-même.
Cette femme paraissait très jeune, et j’étais frappée par la beauté de son visage maquillé d’une façon un peu trop appuyée à mon goût – mais qui laissait deviner une origine sociale aisée – pour une personne visiblement très soucieuse de son apparence. Les bijoux qu’elle portait ne faisaient que confirmer cette impression, ainsi que le port d’une petite robe qui descendait au-dessus du genou, parée d’un ravissant décolleté tout à fait printanier.
Elle voulait faire une surprise à l’homme qui partageait sa vie depuis seulement un an et cherchait pour cela une destination et une prestation qui réponde pleinement à cette attente.
Très vite, Michel l’a complimentée sur son choix, et plus encore sur la chance de son mari d’avoir une femme aussi ravissante et aussi inventive. Je perçus très vite une certaine nervosité chez elle, qui paraissait l’instant d’avant aussi digne et impassible qu’une statue antique. Son air un peu figé s’est vite transformé lui aussi sous l’effet d’un sourire candide et radieux qui illumina soudainement son visage.
- — Vous le pensez vraiment ?
Elle répondait avec ce désir évident d’être rassurée. Il semblait soudain que, derrière cette apparence de jolie poupée parfaite, il y avait comme une faille, une confondante absence de confiance en soi…
- — Vous êtes vraiment ravissante, et je pense que votre mari est le plus comblé des hommes de vivre aux côtés d’un être tel que vous, d’aussi agréable compagnie, et tellement attentionné.
- — Vous dites cela… mais vous ne me connaissez pas !
C’est curieux, car soudainement elle donnait l’impression de vouloir se défendre, comme si elle avait également quelque chose à prouver. Mais Michel a poursuivi ses compliments :
- — Ce que je connais de vous, c’est ce que je ressens… et ce que vous venez de me dire. Vous savez, il est plutôt rare qu’une jeune femme mariée fasse ce type de démarche. Le plus souvent, ce sont les maris eux-mêmes qui, conscients du privilège de vivre auprès d’une si jolie femme, multiplient les témoignages d’affection en venant me voir pour offrir la surprise d’un voyage en amoureux. J’imagine que votre mari vous offre bien d’autres témoignages d’attention…
Elle baissa soudainement les yeux, semblant ne pas avoir de réponse, laissant désormais entrevoir de la tristesse. Il ne lui a pas laissé vraiment le temps de se ressaisir.
- — Excusez-moi d’être aussi direct. Je vous disais juste cela… Je ne voulais pas vous attrister. C’est curieux, parce que dès que je vous ai vue, je me suis dit que c’était de mon devoir d’apporter un peu de bonheur à une femme aussi exceptionnellement belle et précieuse que vous ; et c’est une démarche que je ne ressens pas que de façon professionnelle car, après tout, c’est mon métier que d’apporter à ma façon du bonheur aux gens qui viennent nous voir. Dès que je vous ai aperçue, j’ai cru lire en vous comme un désir, un désir absolu de plaire… qui n’était pas absolument comblé. C’est étonnant comment chez une femme aussi radieuse que vous, qui doit concentrer tous les regards, il y a ce fond d’incertitude et de tristesse, comme si vous doutiez constamment de vous-même !
Je ne savais pas s’il avait visé juste en lui parlant ainsi d’elle, mais c’est vrai que j’avais vécu à mon niveau la même impression… la proximité physique en moins !
D’autant plus qu’il s’était levé et s’était discrètement approché d’elle…
- — Je ne devrais peut-être pas vous dire cela, mais je suis tellement heureux d’être auprès de vous maintenant… N’hésitez pas à vous confier ; il me sera plus facile de savoir ce qui vous convient vraiment.
J’étais sans doute la seule à ce moment à percevoir la duplicité de son discours. La jeune femme, elle, semblait seulement et tout simplement bouleversée.
- — J’ai peur qu’il ne m’aime déjà plus ! Il est de moins en moins présent à la maison, et je le soupçonne déjà d’avoir des maîtresses…
Je la devinai fragile, mais je ne devinai pas qu’aussi rapidement une femme puisse se livrer ainsi à un inconnu et éclater en larmes.
Michel avait déjà extrait un mouchoir du boîtier de son bureau comme s’il avait anticipé sa réaction, et il le lui tendait, alors qu’elle ne semblait pas le voir, ni même distinguer s’il se trouvait près ou loin d’elle. Il a doucement approché ses doigts des siens pour lui présenter l’objet qui lui permettrait au moins d’épancher un instant sa tristesse et de retrouver un peu de dignité. Au lieu de prendre simplement le mouchoir, elle s’est agrippée à sa main comme à une bouée de sauvetage. Il y avait pour moi quelque chose de pathétique et d’un peu ridicule dans cette attitude, quand elle a approché son visage comme si elle voulait se moucher dans ses doigts. En vérité, elle semblait vouloir se cacher entre ses mains à lui, honteuse d’avoir été si faible. Son beau maquillage devait, il est vrai, être dans un triste état ! Au bout d’un certain temps elle s’est redressée, presque dignement, et s’est essuyé la figure afin d’en effacer toute trace disgracieuse.
Lorsque Michel s’est placé derrière elle pour lui masser les épaules, elle s’est simplement laissé faire. Je savais qu’elle était désormais littéralement « entre ses mains » et qu’elle ne pourrait sans doute longtemps lui résister ; mais en avait-elle seulement l’envie ? Pour l’instant, elle voulait probablement encore qu’on la rassure, qu’on la réconforte… ce que mon séducteur avait très bien compris !
- — N’ayez pas peur… ne craignez rien. Détendez-vous seulement… Personne ne peut venir vous déranger, personne n’entre jamais dans ce bureau sans que j’en aie donné l’ordre.
Il lui a proposé à boire et elle s’est rabattue sur un whisky, ce qui m’a laissé penser que l’alcool devait lui apparaître aussi comme un refuge possible, et peut-être habituel…
Il lui avait posé le verre sur le rebord du bureau. Déjà, elle avait absorbé une longue gorgée et restait là, le regard perdu, flottant sur le dessus du meuble, dont je me demandais si elle avait perçu la collection d’objets érotiques. Elle continuait à offrir ses épaules désormais nues, car il avait fait glisser chacune de ses bretelles, aux tendres flatteries de son hôte. Elle était comme une chatte qui s’abandonnait aux caresses de ses mains, mais aussi de ses mots :
- — Votre nuque est ravissante, et quand je vous regarde dans la position où je suis, j’ai une vue remarquable que vous ne pouvez, vous, que deviner.
Il parvint ainsi une nouvelle fois à lui arracher un sourire, mais elle semblait toujours au bord des larmes, prête à libérer un chagrin trop longtemps contenu.
Les mains de Michel avaient glissé maintenant sur sa nuque, et elle se laissait faire. C’est le silence qui régnait dans la pièce qui parlait maintenant à leur place. Il lui avait dit qu’il était bien auprès d’elle. Elle, elle n’avait pas besoin même de le dire…
Lorsqu’elle a enfin esquissé un geste, ce fut pour placer ses mains contre ses joues, pour l’attirer lentement vers elle afin que leurs lèvres se rencontrent. C’était le moyen qui devait lui paraître le plus naturel pour le remercier de tant d’attentions. En se penchant vers elle, il lui a semblé à lui aussi tout naturel de faire glisser ses doigts de son cou à la naissance de ses seins, dont le décolleté, agrandi par ses soins, lui offrait un spectacle déjà bien séduisant.
Lorsqu’elle s’est subitement retrouvée torse nu, l’étoffe légère ayant glissé sans effort, ce fut pour offrir le spectacle d’une ravissante poitrine d’une dimension comparable à la mienne. Mais ses formes ne devaient sans doute pas lui procurer les mêmes sensations que celles qu’il avait eues en me pelotant, quand il se mit à les caresser et à les pétrir, assuré qu’il était de sa bienveillante permission. Ses seins, charmants je dois l’avouer, par leur carnation et leur fermeté, avaient un peu la forme de jolies poires tout à fait appétissantes.
Après les avoir malaxés passionnément, il n’a pas mis longtemps à vouloir les goûter, comme des fruits succulents. Il était maintenant à genoux, comme moi-même… mais je n’avais sous la main que mes propres chairs émoustillées par un tel spectacle, que je me surprenais à flatter, tellement j’étais excitée par ce tableau insolite, douloureux et agréable à la fois.
Quand j’ai commencé à me toucher, je me suis rendu compte que c’était la première fois en regardant un couple… Cette vision m’avait finalement plongée dans un état tel qu’il me fallait accompagner mon désir d’une quelconque jouissance physique. Le contact de mes mains sur ma poitrine et mon sexe m’apportait au moins un instant de réconfort dans la solitude de mon bureau…
Je ne sais pas si cette charmante femme pensait à son mari quand elle a commencé à pousser de petits soupirs sous l’effet des baisers appuyés qu’elle accueillait complaisamment sur la pointe gonflée de ses jolis seins… Si elle a pensé à lui aussi lorsque d’elle-même elle a aidé mon chéri à se relever, puis a écarté les jambes pour qu’il frotte son membre contre sa chatte sans prendre la peine de se dévêtir… Si c’est à lui qu’elle pensait, ayant toujours les yeux fermés, quand elle a repoussé son partenaire pour qu’il s’assoie à ses pieds, et qu’après avoir tiré sur son pantalon, elle est venue s’accroupir sur lui, ayant tirée sa culotte, pour enfiler sa verge dans son sexe…
Je savais qu’il était impossible de les entendre du côté de l’accueil, mais en avait-elle seulement conscience ? Avait-elle seulement la possibilité de réfréner ses soupirs de plus en plus sonores qui, de façon troublante, évoquaient les sanglots autant que la jouissance ?
En tout cas je la trouvais si belle, avec ses somptueux nichons qui oscillaient au-dessus de sa jolie taille étreinte avec vigueur par les puissantes mains de Michel !
Elle gardait toujours ses adorables paupières closes, désormais nues de tout maquillage, mais sa bouche si sensuelle paraissait avide de tous les breuvages qui pourraient enfin combler ses sens… Pendant ce temps, elle glissait ses doigts graciles entre les poils épais du torse de mon amant.
Cette vision obscène et magnifique d’une cavalcade à la sensualité incontrôlée ne s’acheva que, lorsqu’au bout de plusieurs minutes, alors qu’elle était désormais en sueur, elle poussa un cri plus puissant, prolongé et aigu que les autres. Elle s’effondra finalement en larmes sur le buste en sueur de son partenaire.
Je voyais très bien d’où j’étais, grâce à la lumière d’une petite lampe qui se trouvait près d’eux, le reflet de la sueur des deux amants qui caressait leur peau, mais aussi les larmes qui perlaient sur la poitrine de Michel alors que la complice de son forfait s’abandonnait éperdument en sanglots…
Je n’ai rien voulu savoir de la suite de leur « entretien », et j’ignore quel choix de destination elle aura finalement décidé. Je ne peux qu’imaginer que dans les bras de son « cher mari », elle repensera sans doute souvent à ce moment particulier où elle aura pris sa décision, avec l’aide si attentive et chaleureuse « du patron de l’agence de voyages », en se souvenant du témoignage ému qu’elle lui aura laissé : sa petite culotte.
Une fois encore, je m’aperçois que je me laisse emporter par le fil de mon récit. Je n’ai eu le temps que de te raconter une histoire parmi celles que j’ai pu observer ce jour-là, et il faudra que je remette à demain la suite de ma chronique… sans compter qu’après m’être gavée de visions érotiques, j’ai retrouvé Michel comme si de rien n’était pour lui lire une de mes lettres et le solliciter à me faire l’amour… Ce qu’il a fabuleusement accompli avec cette vigueur infatigable dont je mesure davantage l’étendue aujourd’hui !
Loin de me rassasier, je me rends compte que je n’ai qu’une envie ce soir : c’est de te couvrir de baisers entièrement, de la pulpe de tes lèvres jusqu’au bout de ton sexe qui sera finalement mon ultime et douce friandise. J’ai ensuite envie de te boire jusqu’à la dernière goutte…
Ta petite femme chérie toute excitée au moment de te retrouver.
A suivre
Brigitte
Ajouter un commentaire