Quand j’étais petite je vivais dans un village proche de Mons en Belgique,
pour ceux et celles qui ne connaissent pas la région, les maisons sont alignées à perte de vue et
les jardins se côtoient souvent sans barrière physique.
En gros tout le monde se connait et les enfants jouent ensemble dans la rue et les jardins…
Il y a aussi un terrain vague qui nous sert de continent inexploré où entre jeunes on
s’imagine un monde à découvrir comme une nouvelle terre inconnue.
Je me suis toujours sentie attirée par les filles, lesbienne avant l’heure, et j’avais du mal
à masquer cette préférence, mes yeux n’étaient pas indifférents à la beauté féminine sans
exception ni catégorisation d’âges, je pouvais aussi bien admirer une superbe femme ayant l’âge de ma mère
qu’une petite fille dont j’aurais pu être la grande sœur.
Cela dit j’avais quand-même des copains mais généralement plus jeunes que moi ou de mon âge.
Aujourd’hui j’ai 32 ans et je regrette cette douce époque insouciante où les esprits n’étaient
pas encore pollués par de sombres pensées et on ne voyait pas le mal partout a fortiori où il
n’y en a pas…
Un jour je jouais dans ce terrain vague avec mon voisin de deux ans plus jeune que moi, j’avais dix ans,
et je fus prise soudainement par une immense envie de faire pipi, sans réfléchir ni hésiter je me suis soudainement
déculottée et accroupie devant lui qui ne s’attendait pas à ça.
Certes je craignais des moqueries ou des rires mais l’urgence fut prioritaire.
Pendant que mon jet s’écoulait entre mes jambes en une rivière sinueuse, il est resté un peu pétrifié
mais arborait un sourire visiblement très ému, j’ai du mal encore aujourd’hui à décrire mon ressenti,
on va dire un sourire fraternel et bienveillant, je pourrais écrire « maternel » pour être plus juste.
Et là je crois que c’est son cœur qui a parlé, il m’a fait des compliments et je les ai perçus avec un mélange de joie
intense et d’étonnement face à cet imprévu.
J’ai été vraiment très touchée par cette marque d’attention improvisée, je me suis sentie très apaisée et du coup
mon jet que je continuais à faire a augmenté de débit, c’est déjà agréable de faire pipi mais là j’ai
senti une grande joie en plus, en surimpression en quelque sorte.
J’ai ressenti un plaisir supplémentaire à être admirée si sincèrement, et ce plaisir est venu entre mes jambes,
comme s’il caressait délicatement mon anatomie la plus secrète !
Cette douceur suave dans mon ventre se propageait dans ma poitrine, c’est très difficile à décrire, vraiment dans mon cœur,
aujourd’hui encore je suis nostalgique de cette impression perdue, tout est histoire de mental comme disent
les psychologues, je suis encore nostalgique de ces sensations libérées par la parole aimable, par les sourires.
Alors suite à cette aventure imprévue j’ai voulu ressentir en nouveau cette joie dans mon ventre, mes premiers papillons, et
souvent nous nous retrouvions dans ce terrain vague pour nous regarder mutuellement faire pipi, parfois je lui tenais le zizi, parfois il
me maintenait par les épaules pour me stabiliser.
Un jour il m’a entrainé vers un endroit où il avait déposé par terre un tapis de fleurs afin qu’elles servent
de réceptacle à mon pipi et il a chatouillé mon sexe avec une fleur afin qu’il vienne plus vite !
Même à dix ans j’ai compris sa poésie sensuelle, il ne m’a jamais touchée avec les mains, seules des fleurs lui servaient
d’intermédiaires tactiles, il s’était inventé un rituel visant à me caresser uniquement avec des fleurs, j’étais trop jeune pour
en intégrer totalement la symbolique mais à y repenser aujourd’hui j’ai parfois des larmes de bonheur qui viennent mouiller mes joues.
Mes dessins encore actuellement ont des scènes influencées par cette époque, c’est la raison pour laquelle je suis restée une grande
rêveuse érotique incomprise perdue et désolée de voir la sexualité d’aujourd’hui qui devrait se montrer brutale, dédaigneuse ou pire
imposée par d’autres pratiques où le raffinement serait finalement tabou lui aussi !
Marie Cristine
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