Langage alternatif, les bruits et les cris servent à communiquer autrement qu’en paroles. Cette tendance chez les humains à exprimer vocalement leur excitation sexuelle, a un petit nom : on appelle ça la vocalisation copulatoire. Enquête sur ce drôle de phénomène.
On manifeste ainsi son plaisir pour des raisons à la fois psychologiques et physiques.
Pour communiquer sans mots : c’est une façon plus subtile que le langage d’échanger avec l’autre. On évitera ainsi les mots qui peuvent être perçus comme trop ou pas assez crus.
Pour encourager/stimuler : c’est une façon de communiquer son plaisir et donc d’encourager son.sa partenaire et/ou soi-même. Une étude publiée dans la revue Current Biology (source 1), démontre que les cris humains occupent une place privilégiée dans le paysage sonore de la communication. C’est-à-dire qu’ils provoquent des émotions chez l’auditeur et le force à réagir : « les cris ne sont pas seulement considérés comme des sons mais aussi comme des déclencheurs d’une sensibilisation accrue », explique David Poeppel, l’un des principaux auteurs de cette étude. Selon lui, crier sert aussi à provoquer l’autre et à le sensibiliser pour qu’il réponde à ce signal.
Pour rassurer : en 2011, des chercheurs britanniques ont interrogé 71 femmes sur la question et 87 % d’entre elles ont affirmé faire ces bruits dans le but de rassurer leur partenaire.
Pour amplifier/intensifier la jouissance : 66 % ont indiqué que leurs vocalisations avaient également pour objectif de faire monter l’excitation de leur partenaire.
Par réaction : si l’autre fait du bruit, on aura tendance à en faire aussi et on s’entrainera donc mutuellement à la vocalise copulatoire.
Pour respirer : parfois, on ne fait pas vraiment de bruits mais on ouvre naturellement la bouche. Selon la gynécologue Céline Plard Dugas, cela peut être lié à l’accélération du rythme cardiaque qui va affecter l’hyperoxygénation. On aura alors tendance à ouvrir la bouche pour mieux respirer. C’est un phénomène réactionnel.
Est-ce que ça plait de faire du bruit au lit ? Faut-il donner de la voix pour plaire ?
Oui, faire des bruits quand on fait l’amour peut plaire parce que, comme nous l’avons vu, ces bruits sont des sources d’excitation. Sans bruit, on s’ennuie ! Mais attention, ils peuvent aussi déconcentrer ou déplaire, tout est question de mesure.
« Tu n’as pas envie d’être face à une fille muette, mais tu n’as pas envie non plus envie qu’elle réveille tout le quartier. Si elle n’a aucune réaction, ça veut dire que tu fais mal les choses. Si elle en fait trop, tu te dis qu’elle fait semblant. Je pense aussi que certaines prennent bel et bien du plaisir mais en font des tonnes pour montrer que c’est bon. J’imagine que cela les empêche un peu de se concentrer », résume Fabien, interviewé par RTL sur le sujet.
Par ailleurs, le succès de l’ASMR, notamment d’un point de vue érotique, laisse à penser que nous raffolons des petits bruits.
Cris pendant le sexe : quel est le volume sonore idéal ? quand est-ce trop bruyant ?
Le niveau sonore idéal : on considère qu’en deçà de 40 décibels on ne perçoit pas le bruit comme dérangeant. Et comme dans l’intimité, on est souvent très proche et dans un environnement calme, le son sera mieux perçu. Donc on peut aller du chuchotement au petit cri, en passant par le râle rauque sans problème, mais il est inutile de trop hausser le ton et de réveiller tout le quartier.
Trop fort : si l’on en croit le cas d’un couple d’Anglais, à 47 décibels, on peut déjà recevoir une ordonnance pour trouble à l’ordre public (source 2). Suite aux plaintes des voisins, un appareil de mesure a été installé par la municipalité de Sunderland dans l’appartement de l’un d’entre eux qui a enregistré des pointes à 47 décibels. La femme s’est vue condamner. Et en effet, pour des niveaux d’exposition à des niveaux supérieurs à 40 dB(A) la nuit et à 50-55 dB(A) en journée, l’OMS (Organisation mondiale de la santé) considère que des effets extra-auditifs du bruit peuvent se manifester : troubles du sommeil, gêne, risques cardiovasculaires accrus, difficultés de concentration et retards dans les apprentissages. Pourtant, une conversation normale atteint les 60 décibels (souche 3).
Bref, la supportabilité du bruit dépend de plusieurs facteurs tels que le niveau ou la fréquence du son, mais également sa connotation, la sensibilité individuelle, etc. Ce qu’il faut retenir c’est que : “Le son devient du bruit lorsqu’il est désagréable ou toxique pour les oreilles”.
Peut-on avoir un orgasme en silence ?
Absolument ! On a dit que les cris et les bruits aidaient à communiquer, encourager, stimuler, etc., pas qu’ils attestent de l’orgasme. On peut très bien jouir sans faire aucun bruitou crier sans avoir d’orgasme. Ce n’est pas lié. En revanche, comme évoqué plus haut, on aura tout de même tendance à ouvrir la bouche et à avoir une respiration plus forte (à moins que, vraiment, on soit en cuillère et à deux à l’heure, en mode Roi du Silence).
Vocalisation copulatoire : quelles différences entre les hommes et les femmes ?
Étonnement : on parle beaucoup plus des bruits des femmes que des hommes. Certaines enquêtes n’interrogent même pas ces derniers. Est-ce à dire que le cri au lit est le lieu privilégié des femmes ? Que les hommes n’ont pas besoin d’encourager ou de stimuler leurs partenaires ? Non. Deux raisons peuvent toutefois expliquer que les hommes font moins de bruit que leurs partenaires féminines pendant l’amour.
La première : la sensation et la volonté de mieux garder le contrôle chez les hommes : « Je pense aussi être plus silencieux par souci de garder le contrôle. Si tu te lâches trop… bah justement, tu te lâches », poursuit Fabien.
La seconde : les diktats des mœurs : « Moi, je fais peu de bruit. Je pense que c’est parce que j’ai peur de perdre en crédibilité. J’imagine qu’il y a aussi une idée un peu macho derrière ça, celle que le mâle ne doit pas trop faire de bruit et garder le contrôle sur le rapport. Et même dans les films, c’est toujours la femme qu’on entend. Forcément, ça rentre dans les mœurs », analyse quant à lui Théo. Notons que pour ces mêmes raisons, les femmes auront tendance à simuler.
Dans les faits, on rencontre des hommes qui font du bruit et d’autres pas. Parfois exprès et parfois pas. Comme les femmes. Et on apprécie ou pas. Cela dépend de multiples critères tels que l’éducation, les histoires de chacun.e, le ressenti au moment T… Et encore d’autres milliers de trucs. Parce que le plaisir, la jouissance et l’orgasme restent plein de mystères et que chaque relation sexuelle est une invitation à les percer.
Respirer fort, gémir, crier, etc., sont autant de façons de communiquer avec l’autre, mais aussi avec soi-même. Ce sont notamment des moyens de stimulation et d’augmentation du plaisir, de libération des tensions, etc. Ainsi, sexuellement, les vocalises sont répandues et souvent très bienvenues ! Pour autant, elles n’ont pas besoin d’être très fortes et elles n’attestent aucunement de l’orgasme. Alors libre à vous de donner de la voix, ou pas.
Bien à vous et à vos bruits sexuels.
Source : santemagazine.fr
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